Le siège du ministère de l’Education
Le bras de fer entre les grévistes et la tutelle se poursuit. Malgré les menaces de licenciement, la partie adverse ne décolère pas.
La tutelle menace et les grévistes s’entêtent. Face à l’impasse où est arrivé le secteur de l’éducation, la tutelle a décidé de se réunir avec les syndicats du secteur en grève depuis plus de deux semaines. Le ministre de l’Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, qui a été l’hôte hier de la Chaîne III de la Radio nationale a annoncé que le ministère a décidé de reprendre le dialogue avec les grévistes pour «dégeler» la situation.
«Suite au problème que connaît le secteur depuis deux semaines et en concertation avec le Premier ministre, nous avons décidé de relancer le dialogue aujourd’hui (Ndlr)», a indiqué M. Baba Ahmed. «On a appelé les syndicats à venir aujourd’hui lire et signer avec nous le procès verbal concernant les différents points relatifs à la Fonction publique», a-t-il précisé, tout en espérant que cette journée sera concluante pour régler la situation du secteur. L’invité de la Radio nationale ne s’est pas empêché une fois de plus de mettre en garde les enseignants. Ces derniers s’ils maintiennent la grève risquent d’être carrément licenciés.
«Au cas où les enseignants persistent à maintenir la grève, le ministère leur envoie des mises en demeure pour les obliger à reprendre le travail. Dans le cas où ils persévèrent, cela entraîne le passage en conseil de discipline et éventuellement le licenciement», a-t-il déclaré. Toutefois, le ministre a souligné que ces mêmes mesures disciplinaires peuvent être revues s’il y a reprise du travail.
Pour rattraper les retards dans les cours accusés par la grève, M. Baba Ahmed a estimé qu’ils «seront rattrapés avec un effort de la part des enseignants». Une sorte de récompense a été engagée par le ministre en faveur des enseignants qui réussiront à rattraper les retards. «Pour chaque enseignant gréviste qui rattrapera les cours, son salaire sera restitué», a-t-il affirmé. Il a également précisé que ces rattrapages seront programmés samedi, mardi après-midi et pendant les vacances scolaires du printemps. Interrogé sur la possibilité qu’il y ait des parties qui alimentent ce mouvement, le ministre a déclaré que la grève est «un mouvement politisé à cause de la conjoncture actuelle».
«Les analyses me démontrent qu’il y a de très fortes chances pour que cela soit un mouvement qui a été politisé à cause de la présidentielle du 7 avril 2014», a-t-il soutenu. Concernant les difficultés auxquelles est confronté le secteur, l’hôte de la Chaîne III a cité le nombre important des syndicats qui activent dans l’Education nationale et qui sont au total de 10 d’après le ministre. «Nous avons dix syndicats, dont les avis sont difficiles à concilier. Ce qui fait que le dialogue prend énormément de temps» a-t-il déploré.
Le ministre a profité de son passage à la Radio nationale pour remettre les pendules à l’heure. Il a relevé, à cet effet, l’existence de «11 points qui ont été soumis à la Fonction publique et aujourd’hui, nous avons le feu vert pour entériner le procès verbal». Concernant la revendication des syndicats liée au passage d’un grade à un autre sans formation préliminaire, le ministre a été catégorique.
«On ne peut pas changer de grade sans l’amélioration du niveau de formation», a-t-il noté. «Les syndicats veulent des dérogations dans ce sens. La Fonction publique considère cette revendication comme non recevable», a-t-il insisté.
Pour ce qui est de la prime de rendement de performance pédagogique (40% du salaire de base), celle-ci «est presque acquise, puisque tous les travailleurs sont notés à 40%», a-t-il relevé. Même chose pour les revendications relatives aux primes du Sud, aux logements du Sud, à la médecine du travail qui sont «définitivement réglées» selon les propos de Baba Ahmed. Contacté par nos soins, le coordinateur national du Cnapest, Nouar Larbi, ne semble pas satisfait de cette rencontre. Il a défié même la tutelle en déclarant que la grève sera maintenue. Il a exprimé son regret sur le fait que la tutelle avait invité tous les syndicats, y compris ceux qui ne sont pas concernés par la grève. «Ils veulent nous faire signer un PV pour lequel on n’ a pas été consultés», a-t-il justifié. Il est allé même à décrédibiliser cette réunion. «Elle n’est qu’une mise en scène, un festival pour montrer à l’opinion publique que leurs portes du dialogue sont ouvertes», a-t-il regretté. Pour sa part, le coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane, a jugé que l’invitation au dialogue est «précipitée». «La méthode utilisée pour nous inviter à dialoguer n’est guère professionnelle», a-t-il ajouté.
Concernant le maintien de la grève, il a indiqué que «c’est à la base de décider pour la poursuite ou non de la grève». Pour tenter de savoir si un accord a été dégagé entre les deux parties en conflit, toutes nos tentatives de joindre les syndicats ont été vouées à l’échec.