Les travailleurs de la laiterie Tassili de Draâ Ben Khedda (DBK), à l’ouest de Tizi Ouzou, ne décolèrent pas. Malgré l’appel lancé par la direction de l’usine en fin de semaine dernière pour la reprise du travail, faute de quoi des sanctions pourraient être prises à l’encontre des grévistes à partir d’hier, l’ensemble des employés ont campé sur leur position.
«La mobilisation est générale et tous les travailleurs sont solidaires, déterminés à aller jusqu’au bout du débrayage pour faire valoir leurs revendications légitimes», nous a déclaré, hier, un représentant des travailleurs.
À l’intérieur de l’usine, aucun des quelques 380 employés n’a repris son poste. «La direction générale appelle l’ensemble des travailleurs à faire preuve de sagesse (…) et reprendre leurs postes de travail le dimanche 5 août à 9h, faute de quoi la direction de la laiterie se réserve le droit de préserver ses intérêts conformément à la réglementation», avait écrit la direction de la laiterie dans son appel.
Hélas, les travailleurs ne semblent pas l’entendre de cette oreille. Ils défient le repreneur de sanctionner tout l’effectif de la laiterie, puisque disent-ils, «la preuve est là que tout le monde est solidaire et aucun ne veut plus travailler dans de telles conditions». Selon notre source, des policiers (une dizaine environ), ont été dépêchés hier aux alentours de l’usine sans pour autant savoir les motifs de leur présence. Les travailleurs pointent du doigt les pouvoirs publics pour leur démission dans ce conflit.
«C’est à l’Etat seul qu’incombe la responsabilité de tout ce qui se passe au niveau de la laiterie de DBK. Car on aurait pu mettre fin à toute l’histoire en rendant les résultats de la commission d’enquête», dénonce notre interlocuteur, qui doute bien qu’il y a complicité entre les pouvoirs publics et le repreneur de la laiterie.
«Sinon, comment comprendre ce silence inexplicable après cinq mois si ce n’est de la complicité ?», se demande-t-il. Pour les travailleurs, les pouvoirs publics veulent pousser les choses au pourrissement en gagnant plus de temps histoire de casser le mouvement de grève.
Ce n’est pas tout. Ils dénoncent que les informations faisant état d’employés voulant reprendre le chemin du travail ne sont que de pures manipulations du repreneur pour casser la grève et pousser les travailleurs à la confrontation.
Concernant la prime de bénéfice (72 000 DA, ndlr) dont le repreneur de la laiterie ne cesse de vanter comme un effort de la direction, les travailleurs tiennent à apporter la précision qu’«il s’agit d’une prime octroyée avec du retard puisqu’elle date de 2010, et ce n’est qu’un droit garanti dans les statuts de l’entreprise». Il faut savoir que celle de 2011 n’est pas encore octroyée.
Pour répondre aux «efforts consentis» par la direction en vue d’améliorer les conditions de travail, les employés parlent plutôt de «pressions quotidiennes» exercés sur l’ensemble des travailleurs avec «des heures supplémentaires imposées obligatoirement», et un recrutement en deçà des attentes et des clauses mentionnées dans le cahier des charges.
«Il n’a recruté qu’un dizaine de jeunes dans des postes de gardiennage et d’agents de sécurité, alors que le manque est flagrant à l’intérieur des ateliers», explique un employé, qui demande : «Comment peut-il parler d’efforts et avancer un bénéfice annuel de 27 milliards de centimes, alors que bien avant, la laiterie réalisait plus de 40 milliards ?» S’agissant d’une matière qui risque la péremption à cause de la grève, notre source indique que seule une quantité d’environ 65 000 litres de lait pasteurisé était stockée, et qui a été vendue.
A. M.