Depuis quelques jours, une certaine panique est perçue chez la population de la région de Sour-El-Ghozlane après le signalement de plusieurs cas de brucellose humaine.
En effet, et selon les dernières statistiques, il y avait six cas de brucellose humaine détectés dans cette région et admis à l’hôpital de Sour-El-Ghozlane. Des cas qui, faut-il le souligner, ont créé une certaine panique chez la population surtout que la brucellose humaine due essentiellement à la consommation du lait cru ou de l’un de ses dérivés est perçue par la population comme une maladie pouvant aller jusqu’à la stérilité chez l’homme. Un cas extrême mais qui focalise l’attention et crée justement une panique indescriptible, cela même si les responsables de la santé au niveau local, intervenant au tout début de ces cas, sur les ondes de la radio locale de Bouira, rassuraient les citoyens que la brucellose humaine n’est pas très dangereuse et que son traitement est largement disponible.
Cependant, cette assurance est vite contredite par les vétérinaires, ainsi que par les responsables de la Direction des services agricoles qui voient, au contraire, en cette maladie des conséquences graves pour l’homme.
Aussi, et pour éviter ces conséquences dramatiques pouvant aller jusqu’à la stérilité chez l’individu surtout si le malade est très jeune et mal soigné, les responsables de la DSA de Bouira et les services vétérinaires, à travers ses 14 subdivisions, n’ont jamais cessé d’alerter les citoyens sur les dangers de ces zoonoses en insistant auprès des éleveurs sur le nécessaire dépistage qui doit se faire régulièrement et surtout les vaccins et la surveillance du cheptel bovin, ovin et caprin.
Ainsi, d’après les responsables de la DSA, depuis le début de l’année en cours, lors des différents dépistages menés sur le cheptel bovin, ovin et caprin, il a été enregistré pas moins de 64 cas de bovins et 6 cas de caprins positifs, c’est-à-dire des bêtes atteintes de brucellose, et pour lesquelles les services vétérinaires ont pris immédiatement des mesures, à savoir leur mise en quarantaine avant de procéder à leur abattage en présence des vétérinaires.
Une fois abattue, la bête pour laquelle l’Etat débourse 50% de la valeur bouchère en termes de compensation pour l’éleveur, c’est-à-dire la valeur du poids de la bête une fois abattue et délestée de la peau et des pattes et de la tête. En outre, cette partie bouchère qui est largement consommable est cédée à l’éleveur pour la vendre aux bouchers à un prix négocié.
Cela étant, et justement, c’est cette perte d’argent quand la vache est diagnostiquée brucellique et qu’il faille l’abattre que la majorité des éleveurs appréhendent, en préférant taire la maladie et vendre la bête au marché des bestiaux.
En d’autres termes, et selon les responsables de la DSA, malgré les campagnes de sensibilisation menées à longueur d’année auprès des éleveurs pour qu’ils acceptent les dépistages, beaucoup d’entre eux refusent de se soumettre, par crainte de détecter chez leur cheptel cette maladie et de voir les services vétérinaires décider l’abatage de tout le cheptel.
Pour le cas présent, et bien que la majorité des cas détectés chez l’homme soient de la région de Sour-El-Ghozlane, d’après les informations que nous avons obtenues auprès de la DSA, l’origine du lait et de son dérivé consommé cru et qui aurait causé la brucellose chez ces personnes n’est pas nécessairement de la région de Sour-El-Ghozlane, puisque la durée d’incubation du virus peut aller jusqu’à 6 mois. D’ailleurs, le cas de cette femme qui a été contaminée par le lait cru consommé à Adrar mais dont la maladie ne s’est manifestée que plusieurs mois plus tard, ici à Bouira, est édifiant.
Cela étant, pour les cas de la femme de Dirah qui a été admise à l’hôpital de Sour-El-Ghozlane, les services vétérinaires se sont déplacés chez elle et ont pris des échantillons de lait de la vache que la famille possède et les résultats ne sont pas encore rendus depuis le laboratoire de Draâ-Ben-Khedda. La même opération a été faite pour les deux frères de Bordj-Okhris, avec prise des échantillons du lait des vaches et des chèvres et brebis de la famille.
Aussi, les services de la DSA lancent un appel aux citoyens pour éviter toute consommation de lait cru ou de ses dérivés, petit-lait, lait caillé ou beurre, surtout dans les fêtes ou en campagne. Dans tous les cas de figure, le lait doit être bu après ébullition et même à l’ébullition, le lait doit être maintenu dans cet état pendant au moins cinq minutes.
Quant aux éleveurs, les services vétérinaires leur rappellent que le dépistage et les analyses au niveau du laboratoire de Draâ-Ben-Khedda se font gratuitement et que ceux-ci n’ont qu’à signaler tout comportement anormal chez leurs bêtes, tant chez les vaches que les brebis et les chèvres, dont tout porteur du virus pourra le transmettre directement à l’homme à travers le lait.
Yazid Yahiaoui