Alors que la Banque d’Algérie dit émettre 150 millions de petites pièces: La «petite monnaie» se fait désirer

Alors que la Banque d’Algérie dit émettre 150 millions de petites pièces: La «petite monnaie» se fait désirer

La petite monnaie se raréfie ! Les commerçants sont catégoriques sur cette question. Pourtant du côté de la Banque d’Algérie, on rejette le mot «pénurie», dès lors qu’on parle de l’émission de pas moins de 150 millions de petites pièces, rien qu’en 2015.

Plus de 200 000 commerçants détaillants activant au niveau des 48 wilayas du pays souffrent du problème de la petite monnaie «qui se raréfie de plus en plus». «Les commerçants subissent une perte quotidienne de 10 millions de dinars, ce qui représente une perte de 5% de la valeur de leurs ventes globales», a affirmé hier Hadj Tahar Boulanouar, le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).

Intervenant lors d’un point de presse au siège de son organisation, Boulanouar précise que cette situation concerne «une dizaine d’activités commerciales, tels les fruits et légumes, l’alimentation générale, les taxiphones, les transports en commun, les cafétérias, les boulangeries et les pharmacies». «Les pièces concernées par cette pénurie sont, en l’occurrence celles de 0,5 dinar, 1 dinar, 5 dinars, 10 dinars, 20 dinars et 50 dinars», ajoute-t-il.

Face à cette situation, le porte-parole de l’UGCAA demande à la Banque d’Algérie «d’émettre plus de 50 millions de petites pièces à partir de l’année prochaine pour éviter le risque de pénurie et de doter toutes les agences bancaires d’un guichet dédié spécialement à fournir de la petite monnaie».

Contacté par téléphone, un responsable de la Banque d’Algérie, qui a requis l’anonymat, estime «un peu fort» l’usage du mot «pénurie», affirmant que la Banque centrale ne cesse d’augmenter annuellement sa capacité d’émission de petite monnaie.

Emission record de petite monnaie

«Cette année a été une année record depuis la création de la monnaie algérienne, et pour cause : la production de la Banque d’Algérie en matière de petite monnaie a atteint un record qui n’a jamais été égalé par le passé. On a pu atteindre les 150 millions d’unités, toutes pièces confondues», affirme-t-il.

Notre interlocuteur souligne que la Banque centrale produit la monnaie selon les besoins du marché. A la demande de l’UGCAA concernant l’ouverture de guichets dédiés spécialement aux commerçants, le même responsable répond que «ce n’est pas possible». «Ceci va créer une anarchie, vu le nombre de commerçants qui pourraient se présenter aux guichets», a-t-il expliqué. Pour une bonne gestion, le plus simple est, selon lui, que les commerçants émettent une demande aux banques domiciliataires et récupèrent leurs monnaies une fois disponibles.

Par ailleurs, et pour revenir à la sortie de l’UGCAA, Boulanouar a évoqué également le manque de marchés de proximité des fruits et légumes, avant d’appeler le ministère du Commerce à associer l’UGCAA dans la prise des décisions qui concernent le secteur. «Le ministère ne pourra pas combler les lacunes du secteur sans l’aide des commerçants», a-t-il martelé. Il plaide à ce propos pour l’ouverture du champ au secteur privé. «Nous demandons aux autorités publiques d’accorder des facilités pour permettre aux commerçant du secteur privé d’ouvrir des marché de proximité», a-t-il appelé.

L’allocation touristique à 500 euros

Hadj Tahar Boulanouar estime, d’autre part, que l’éradication du vieux marché de Boumati (El Harrach) ne va en aucun cas régler le problème du commerce informel. «Cette initiative ne sert à rien si aucune alternative n’est présentée», a-t-il souligné, ajoutant que «les commerçants de ce marché peuvent très bien vendre leur marchandise ailleurs».

Sur un autre plan, l’intervenant a salué la décision du ministère des Finances d’augmenter l’allocation touristique à 500 euros, soulignant toutefois que celle-ci «demeure insuffisante». «Il faut au minimum 1000 euros pour un touriste», a-t-il dit. Réagissant au dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les dangers de la consommation de la viande rouge transformée, notamment les saucisses, le corned-beef, les viandes en conserve, Boulanouar demande aux services du ministère de la santé d’intervenir et d’exprimer leur position par rapport a cette étude «qui a plongé la population dans l’inquiétude». «La majorité des citoyens consomment de la viande rouge transformée. Nous devons prendre nos précautions», a-t-il indiqué.

F. A.