Alors que Kadhafi poursuit le massacre,Libye : le monde indigné mais tétanisé

Alors que Kadhafi poursuit le massacre,Libye : le monde indigné mais tétanisé
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Jusqu’à hier, la communauté internationale s’est limitée à condamner verbalement le colonel Kadhafi pour avoir déclaré la guerre à son peuple dans un discours qui a fait peur aux capitales occidentales. Le laissera-t-on agir impunément au nom des intérêts de l’Occident ?

Les réactions se multipliaient, hier après-midi, suite aux développements dramatiques de la situation en Libye, mais point d’actes concrets pour secourir le peuple libyen menacé de génocide par son “guide” dans un discours d’une rare violence. Plusieurs pays s’attellent à rapatrier leurs ressortissants, laissant les Libyens livrés à leur triste sort. En effet, l’évacuation des dizaines de milliers d’étrangers travaillant en Libye, pris au piège des violences, se faisait hier par air et par mer, dans des conditions difficiles. En Asie, les autorités mettaient en place de gigantesques opérations d’évacuation pour rapatrier 100 000 travailleurs. De son côté, l’Union européenne a annoncé qu’il restait 10 000 de ses ressortissants en Libye et qu’elle mobilisait des moyens pour être en mesure de les évacuer, y compris par voie de mer, au cours des prochaines heures et prochains jours. Ceci étant, et à l’image du président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, qui a condamné hier à Prague les violences “horribles” perpétrées par les forces libyennes contre les manifestants, tout en soulignant que ces crimes ne peuvent “pas rester sans conséquences”, la communauté internationale se contente de parler au lieu d’agir pour mettre fin au génocide perpétré contre le peuple libyen. On semble prendre tout son temps pour agir, comme l’indique cette annonce d’une réunion prévue des ambassadeurs des 27 pays de l’Union à Bruxelles, pour “discuter des actions qui peuvent et doivent être prises par l’UE” à l’encontre de la Libye et du régime libyen, en particulier des “mesures restrictives”. Le conseil de sécurité de l’ONU s’est limité à condamner, tandis que la Ligue arabe a gelé la qualité de membre de Tripoli sans plus. Même son de cloche du côté de Washington, qui a affirmé que le discours de Kadhafi faisait “très très peur”. Il faut croire que le colonel tient les pays les plus influents de la planète entre ses mains, car ces derniers redoutent de perdre leurs intérêts colossaux dans ce pays. Il ne fait aucun doute que les multinationales pétrolières, qui bénéficient de largesses incroyables en Libye, constituent des lobbies de pression très puissants sur les gouvernements occidentaux, lesquels voient leur marge de manœuvre restreinte. Sur le terrain, si le bilan officiel libyen indique que les violences qui ont accompagné la révolte contre le régime libyen ont fait 300 morts, le ministre italien des Affaires étrangères parle de plus de 1 000 morts, alors qu’un médecin français rentrant de Benghazi parle de “plus de 2 000 morts”, la semaine dernière, dans cette ville. Hier, un avion de chasse libyen s’est écrasé dans l’est de la Libye après que son pilote, refusant d’obéir à des ordres de bombarder la ville de Benghazi, se soit éjecté, a annoncé un journal libyen.



Selon l’agence AFP, les opposants à Kadhafi paraissent contrôler la côte orientale du pays, dont Benghazi et Tobrouk. Par ailleurs, plus une goutte de pétrole ne sort de Libye, car l’ensemble des terminaux pétroliers du pays étaient bloqués hier. Enfin, dans le but d’empêcher la couverture médiatique des évènements, le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a déclaré que les journalistes entrés illégalement en Libye étaient considérés “comme s’ils collaboraient avec Al-Qaïda” et “comme des hors-la-loi”.