En pleine crise économique et pendant que les caisses de l’état continuent à subir une saignée, le gouvernement veut mettre un trait sur pas moins de 7 000 milliards DA de dettes et d’impôts non recouvrés par le Trésor public.
Le ministre des Finances a, en effet, plaidé «pour la mise en place d’un mécanisme à même d’effacer ces dettes, impossibles de recouvrer, au lieu de les reporter à chaque fois dans les documents comptables». Hadji Baba Ammi, qui présentait, hier, le projet de loi de finances 2017 au Conseil de la nation, ne s’est pas trop donné la peine pour répondre aux interrogations des sénateurs, comme l’indique le rapport préliminaire de la commission des finances de la Chambre haute du Parlement.
«Concernant les dettes du trésor public estimées à 7 000 milliards DA dont 5 000 mds DA causés par la faillite de deux banques, 1 000 mds DA de chèques sans provisions de personnes incapables de rembourser et 1 000 mds DA d’impôt non recouvrés, il y a lieu de penser à la mise en place d’un mécanisme permettant de les éponger au lieu de les faire figurer dans les documents comptables», peut-on lire dans les réponses du ministre, selon le rapport. Les documents comptables, qui ne sont autres que les rapports de la Cour des comptes ou encore la loi portant règlement budgétaire de l’année, «ne doivent contenir que les dettes susceptibles d’être recouvrées», a suggéré le premier argentier du pays, révélant que certaines dettes remontent «au lendemain de l’Indépendance». Quoi qu’il en soit, il s’agit bien d’importantes sommes d’argent jetées par la fenêtre par le gouvernement en cette période d’austérité imposée au peuple avec des augmentations de taxes et des prix de plusieurs produits qui toucheront davantage le pouvoir d’achat des ménages dès le 1er janvier 2017. Une démarche, pour le moins incompréhensible et irréfléchie qui va à l’encontre des efforts qui devaient être fournis pour renflouer les caisses de l’état et récupérer toute somme d’argent à même d’alléger le poids de la crise.
Baba Ammi répond à Hanoune
Quelle mouche a piqué le gouvernement ? À quelle logique répond cette décision et qui sont les personnes concernées par ces dettes ? Des questions dont les réponses donneront sûrement une idée plus claire à l’opinion. Si l’on connaît les deux banques en faillite évoquées, dont les dettes sont estimées à 5 000 mds DA, à savoir la Bcia et El-Khalifa, le flou reste entier sur les personnes ayant déposé des chèques sans provisions et l’identité de ceux concernés par l’impôt non recouvré. Pire, contrairement aux chiffres officiels, certains partis, dont le PT, parlent de plus de 9 000 mds DA et non pas de 7000 en tout.
Sur un autre plan, le ministre des Finances a assuré, toujours selon le même rapport préliminaire, que «les 5 milliards de dollars prêtés par l’Algérie au FMI seront récupérés à l’horizon de 2020». En confirmant l’existence de ce prêt, sous forme de participation à l’emprunt, lancé par l’institution monétaire internationale, M. Baba Ammi semble adresser une réponse directe à la secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune, qui a dernièrement émis des doutes sur ce dossier. «Si les experts du FMI, qui avaient rendu visite au Parlement algérien, il y a peu de temps, nient avoir reçu un prêt de la part des autorités algériennes en 2012, qu’on nous explique alors où est passé cet argent ?», a déclaré la première dame du PT, recommandant «l’arrêt immédiat des tractations si la procédure n’avait pas encore abouti».
Aïssa Moussi