Alors que de nouvelles attaques surviennent dans le Sinaï ,L’Égypte se donne un Premier ministre et un vice-président

Alors que de nouvelles attaques surviennent dans le Sinaï ,L’Égypte se donne un Premier ministre et un vice-président

Le ministre des Finances de la première séquence post-Moubarak qui a vu l’armée assumer le pouvoir, Hazem Beblawi, a été chargé de diriger le gouvernement de transition en Égypte, six jours après la déposition par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi.

Le nouveau Premier ministre est un libéral, âgé de 76 ans. Hazem Beblawi, finalement un proche de l’armée, aura la lourde tâche de redresser une économie en proie à une chute du tourisme, un effondrement des investissements étrangers et une chute de ses réserves de devises notamment. Un temps pressenti pour devenir Premier ministre, le prix Nobel de la paix, Mohamed El-Baradeï, figure de l’opposition laïque, devra lui, en qualité de vice-président, expliquer l’Égypte post-islamiste aux puissances occidentales d’abord puis aux autres partenaires dont la Turquie qui a pris fait et cause avec les Frères musulmans qui ont inspiré leurs homologues d’Ankara, l’AKP et Erdogan. En outre, l’ancien SG de l’AIEA doit convaincre l’Union africaine que le renversement du président Mohamed Morsi n’était pas un “coup d’État” et lui demander de revenir sur sa décision de la suspendre. Ces nominations interviennent alors que deux personnes ont été tuées hier dans l’attaque, par des militants armés, d’un point de contrôle de sécurité au centre du Sinaï, peu après l’annonce d’une autre attaque contre une base de la police au nord de la péninsule égyptienne, a-t-on appris de source médicale. Selon des médecins et des responsables de la sécurité, l’une des victimes est un civil dont la voiture a été touchée par une grenade.

L’autre mort n’a pas été identifié. Le point de contrôle, au milieu de la péninsule, était géré par des militaires et des policiers, selon ces sources. L’autre attaque s’est produite près de la ville de Rafah, sur la frontière nord du Sinaï, où des militants armés ont bombardé une base de la police avec des obus de mortier et à l’arme lourde. Ces assaillants ont également attaqué un autre point de contrôle de la police dans la ville d’El-Arish, à environ 45 km à l’ouest de Rafah. Peu après les nominations du Premier ministre et du vice-président, l’armée a mis en garde contre toute perturbation dans le délicat et complexe processus de transition, dans une déclaration publique. Le choix de Beblawi est intervenu après plusieurs jours de discussions et le retrait du principal parti salafiste, Al-Nour, qui avait soutenu le coup militaire aux côtés de mouvements majoritairement laïques, en raison des violences ayant tué plus de cinquante pro-Morsi au Caire et à Alexandrie.

Dans une tentative de relance de la transition, le président par intérim, Adly Mansour, ex-président du Haut-Conseil constitutionnel, la seule institution qui avait échappé à la chasse aux sorcières de l’ex-président Morsi, a encore tendu la main aux Frères, les invitant à prendre part au moins au projet de réforme de la Constitution de 2012. Le texte amendé devra être validé par référendum avant la tenue d’élections législatives d’ici le début 2014. Mais les Frères musulmans ont rejeté cette déclaration. “Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes… ramène le pays à la case départ”, ont ainsi répondu les responsables de ce parti dont les appels au soulèvement montrent plutôt une tentation de suivre la trace de l’ex-FIS en Algérie.

D.