La place qu’occupe la sous-traitance locale dans l’industrie mécanique algérienne est tellement faible qu’elle ne dépasse pas les 10 %. «Dans les achats locaux, il y a une partie industrielle et une partie de consommables. Cela ne dépasse pas les
10 % en termes d’intégration et de sous-traitance industrielle pure. Mais si vous ajoutez les pneumatiques, les lubrifiants et les résines produits localement, ce chiffre serait plus important». Ce maigre bilan présenté hier par Mustapha Bekhaled, directeur exécutif de l’Union professionnelle de l’industrie automobile et mécanique (UPIAM), lors de son passage à la Radio nationale, témoigne on ne peut mieux, de la réalité dans laquelle se débat le tissu industriel algérien. En outre, cet état des lieux remet en cause les ambitions affichées par le ministère de l’Industrie qui souhaite que l’apport des PME atteigne les 50% d’intégration dans la future voiture algérienne qui sortira d’usine, d’après le premier responsable du secteur, Mohamed Benmeradi, en 2015.
Passant en revue les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises spécialisées dans la sous-traitance, Bekhaled s’est plaint en premier lieu de la fiscalité qu’il estime trop encombrante pour le développement et l’épanouissement de cette filière. Pour cette raison, l’invité de la Rédaction a plaidé pour des abattements fiscaux et des réductions des tarifs douaniers afin d’encourager la sous-traitance algérienne. L’autre problème de taille soulevé par Bekhaled est celui de la contrefaçon. Prenant comme exemple celui de la production des batteries pour automobiles, le représentant de l’ UPIAM a souligné qu’«il faut réviser tout le dispositif, déjà compliqué, pour permettre aux producteurs de voir plus clair et d’être protégés des importations douteuses. Cela peut être de la contrefaçon ou de la production qui ne répond pas aux normes automobiles. Il faut écouter les doléances des chefs d’entreprise et procéder aux vérifications et tests des composants aux frontières», a-t-il préconisé.
Afin de sortir de ce marasme, il faut agir au plus vite en enclenchant une nouvelle dynamique car le temps presse, a averti Bekhaled. A ce propos, il a exhorté les pouvoirs publics à accélérer le processus de mise à niveau des entreprises et à assainir le terrain pour favoriser des partenariats, notamment entre les secteurs public et privé. «Il est important de mettre en place les conditions d’émergence d’une industrie privée dans le secteur automobile. Il y a un potentiel mais qui est craintif en raison du manque de confiance qui dure depuis trente ans. Il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin que la mise à niveau des PME», a-t-il déclaré. Et d’ajouter que le rétablissement de la confiance autorisera la mise en application réelle de la Charte de partenariat public-privé de mars 2009. Considéré comme le deuxième plus grand importateur de véhicules en Afrique après celui de l’Afrique du sud, l’Algérie a vu débarquer au premier trimestre 2011, 88 000 véhicules. Quant aux besoins du marché national, ils sont estimés à quelque 300 000 véhicules/an.

Hafid Mesbah