Alors que 70 jours nous séparent du mois sacré,Le ramadhan fait déjà peur aux ministres

Alors que 70 jours nous séparent du mois sacré,Le ramadhan fait déjà peur aux ministres

Nos ministres parlent, d’ores et déjà, du ramadhan. Le mois de jeûne semble les inquiéter et est en passe de devenir un rendez-vous des grands enjeux. Pour certains d’entre eux, c’est leur avenir au sein du gouvernement qui en dépend.

Ainsi, durant ces derniers jours, au moins trois ministres ont évoqué ce mois sacré. Chacun y va de sa propre version et met en avant, bien qu’indirectement, ses appréhensions. Avant-hier, c’était le ministre de la Poste et des TIC qui a tenu à rassurer que la crise de liquidités dans les bureaux de poste sera réglée avant le mois de ramadhan. Bien que plus de 70 jours nous séparent de ce mois sacré, le ministre en fait un point de fixation et donne l’impression que l’essentiel est que le problème de disponibilité d’argent soit réglé à cette date. Quant aux autres jours de l’année, les citoyens en sont plutôt habitués ! L’autre ministre ayant abordé le mois de jeûne était Rachid Benaïssa. C’était lors d’une conférence de presse, tenue en marge d’une réunion des cadres du département de l’Agriculture. Benaïssa a affirmé que l’Etat, à travers les dispositifs mis en place, a entamé l’opération de stockage de viande rouge et blanche. L’objectif est d’assurer la disponibilité et de proposer ce produit alimentaire à un prix raisonnable. De son côté, le ministre de la Solidarité,

Saïd Barkat a déclaré, avant-hier, que la valeur du couffin du ramadhan qui sera distribué aux familles nécessiteuses, variera entre 3 000 et 5 000 DA. Le ministre s’exprimait lors de l’installation de la commission nationale chargée de la préparation de l’opération de solidarité pour le mois de ramadhan 2011. Il a aussi annoncé que l’opération de distribution du couffin au lieu des chèques sera reportée à l’année prochaine, faute de bonne préparation. Toutefois, le ministre n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction de la baisse du nombre de personnes enregistrées sur la liste des bénéficiaires de l’allocation forfaitaire de solidarité et l’augmentation du nombre de bienfaiteurs. Autrement, les nécessiteux seront bien pris en charge durant le prochain ramadhan. Des déclarations qui restent toutefois à concrétiser. Puisque chaque année, le gouvernement n’hésite pas à promettre monts et merveilles, alors que la réalité est tout autre. La hausse des prix, la spéculation sur les produits de première nécessité, le détournement du couffin, le dérèglement du marché sont autant de problèmes qui font leur apparition et mettent à nu la gestion des départements ministériels. Des erreurs auxquelles, ces responsables n’ont plus droit, et ce, compte tenu de la conjoncture actuelle. Il y a deux années, le président Bouteflika avait ordonné à El Hachemi Djaaboub, alors ministre du Commerce, de régler les failles récurrentes que connaît le marché. Ayant failli à sa mission, Djaaboub a été, quelques mois plus tard, remplacé par Mustapha Benbada, mais sans que le problème ne soit réglé. Et pour preuve, les incidents de janvier dernier dus à la hausse des prix de l’huile et du sucre. Compte tenu de l’ébullition du front social et de l’érosion qui affecte le pouvoir d’achat du simple citoyen, le gouvernement est, cette fois-ci, devant un vrai test de vérité, qui est le mois de ramadhan.

Aomar Fekrache