Des jeunes travaillant dans le cadre du préemploi et du filet social sont montés, pour la énième fois, au créneau hier en observant un sit-in devant le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Un mouvement de protestation qui, notons-le, intervient au lendemain des déclarations faites par le ministre des Finances, Karim Djoudi, concernant les 140 000 postes budgétaires non pourvus depuis 2011.
Les contestataires qui, pourtant, revendiquaient pacifiquement leur droit à un poste de travail décent ont été malmenés et tabassés par les policiers qui n’ont pas trouvé mieux que de faire recours à la force pour disperser ces derniers, dont le nombre ne dépassait pas la trentaine.
« Nous ne sommes pas des voyous ! Nous sommes des licenciés et des diplômés qui revendiquent de manière pacifique leurs droits», clame Mohamed Boulssina, le président de la Coordination nationale de pré-emploi et de filet social.
Avant de lancer encore : «Notre présence ici (devant l’APN, ndlr) ne répond à aucune considération politique comme certains veulent le faire croire. Nous aimons tous notre pays et nous ne lui voulons que de bien !».
Visiblement désespérés et irrités, deux jeunes, Rabah S et Ahmed H, le premier licencié en sociologie et le deuxième magister en droit, menaçaient de mettre fin à leurs jours en se jetant du haut du parapet surplombant le carrefour du millénaire (non loin du port, ndlr).
La tension est donc montée d’un cran surtout lorsque des éléments de la sécurité essayaient de dissuader les deux protestataires. «Où sont les droits de l’homme, la démocratie et la liberté d’expression, dont vous ne cessez de parler ? Honte à vous !», lâche pour sa part une autre protestataire. «À quand cette hogra et cette marginalisation ?», s’interrogeait- elle avant d’être violemment «écartée» de la foule par les forces de l’ordre.
Toujours dans le même ordre d’idées, Mohamed Boulssina précise que pas moins de 700 000 jeunes travaillent dans le cadre de pré-emploi et du filet social au niveau national. «L’Algérie est riche lorsqu’il s’agit d’accorder des prêts au FMI ou aux pays voisins. Mais, lorsqu’il s’agit de trouver des solutions aux jeunes chômeurs on nous parle de contraintes financières», ajoute encore le même orateur, non sans colère.
Même s’ils étaient tous, ou presque, embarqués par la police, notre interlocuteur a souligné que ses «camarades» vont revenir à la charge et qu’ils ne vont pas se taire jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. «Nous n’allons pas être séduits par les fausses promesses.
On en a marre !», a-t-il fulminé. Les contestataires brandissaient plusieurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «non à la hogra !», «non à l’emploi précaire !», «mouvement pacifique» et «l’intégration est un droit !».
Ces derniers ont également dénoncé le fait que les députés, censés être une interface entre eux et le gouvernement, excepté quelques uns, n’ont pas jugé utile de sortir de l’hémicycle pour écouter leurs doléances. «Ils ont tellement du travail qu’ils n’ont pas de temps pour nous prêter attention », ironise l’un d’eux. La tension était, il faut le dire, telle que de nombreux policiers sont restés sur les lieux pour éviter toute «mauvaise surprise».
Pour rappel, le Premier argentier du pays, Karim Djoudi, avait déclaré, jeudi dernier, en marge d’une séance plénière consacrée aux débats autour du projet de loi portant règlement budgétaire de l’année 2011 à l’APN, que pas moins de 140 000 postes budgétaires restent vacants depuis cette année, dont 42 500 dans l’éducation, 18 400 dans la santé et 20 700 dans l’enseignement supérieur. Cette situation s’explique, selon ses dires, par le fait que ces postes n’«ont pas trouvé de candidats à ce jour».
Soufiane Dadi