Le Madjlis Echoura du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui s’est réuni, le week-end dernier, en session ordinaire à Boumerdès, ne s’est pas prononcé, comme annoncé itérativement par Aboudjerra Soltani, sur le devenir du parti au sein de l’Alliance présidentielle. Autrement compris, le parti va se maintenir dans la coalition à trois.
Fallait-il, donc, prendre au sérieux le Mouvement de la société pour la paix (MSP), prendre à la lettre son assertion lorsqu’il menace, sur un ton des plus résolus, de plier bagage et prendre congé de l’Alliance présidentielle ? Assurément pas, au vu de ce dont a finalement accouché le Madjlis Echoura, réuni en session ordinaire à Boumerdès.
L’actualité vient, en effet, de confirmer que le parti n’est qu’un adepte invétéré de la surenchère politicienne. La résolution finale du Madjlis Echoura, riche de 11 recommandations et publiée sur le site du parti, est tout ce qu’il y a de plat. Aucune référence à la problématique centrale censée être débattue lors de ce conclave de l’instance délibérante du parti. Sauf, dit en caractères sibyllins, une prophétie de ce que le devenir de l’Alliance présidentielle dépend de la nature et de la réussite des réformes politiques en cours. Il n’est pas aisé d’en deviner le rapport. Mais ce qui importe, c’est que le parti n’a pas décidé de se retirer de l’Alliance, contrairement aux nombreuses assertions de son président qui, à chaque fois qu’il lui est donné de s’exprimer publiquement, affiche le désir de faire retrouver son autonomie au parti. Pas étonnant, feront remarquer les plus avertis d’entre les observateurs de la scène politique nationale. Ce genre d’attitudes pusillanimes est dans les mœurs du parti. Depuis la présidence de feu Mahfoudh Nahnah, à la différence, il faut le mentionner, que ce dernier savait manier la surenchère avec dextérité. Moins habile que son prédécesseur à la tête du parti, Aboudjerra Soltani apparaît rustre dans sa surenchère. La raison est qu’il appréhende très mal une vie partisane sans se greffer au pouvoir. D’autant qu’il fait face à une adversité coriace, entretenue par le groupe à Menasra autrement plus frondeur et moins frileux lorsque les circonstances politiques exigent de hausser le ton. D’ailleurs, Soltani n’a-t-il pas renoncé, la mort dans l’âme, au portefeuille ministériel, suite au forcing de ses adversaires ? Devant également contenter la base militante du parti, Soltani s’oblige à apparaître dans la peau d’un leader politique qui ne craint pas de taper sur la table, qui ose évoquer les dossiers cruciaux, à l’instar de l’épineux dossier de la corruption. Il fut un temps où il menaçait de rendre public un rapport sur la corruption. Mais de là à passer à l’action, c’est un pas que Soltani n’a pas osé franchir. Mais d’aucuns se sont dit que, peut-être, pour une fois, il fera preuve d’audace et ira jusqu’au bout de sa… menace. La veille même du Madjlis Echoura, il reconnaissait devant la presse que le MSP faisait office de «coopérant technique » au sein de l’Alliance et dans sa proximité avec le pouvoir en général et qu’il était temps, a-t-il encore soutenu, de revenir aux fondamentaux de l’islamisme.
Ainsi dit, il apparaissait quasi-évident que le parti allait revoir ses fréquentations politiques, qu’il irait chercher des alliances ou des partenariats conformes à son obédience. Le Madjlis Echoura était le rendez-vous organique propice pour l’amorce d’une conversion annoncée. D’autant que, depuis des mois, le MSP avait annoncé que la question de son maintien ou retrait de l’Alliance présidentielle sera décidée lors de cette session. Surtout après que le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, eut à faire des déclarations rapetissant le MSP à un rôle secondaire d’appoint.
On pensait la messe dite et que, dès juillet, l’Alliance présidentielle souffrira le retrait de son aile ouvertement islamiste et se muera conséquemment en simple binôme. A l’évidence, le MSP a été incapable d’une telle audace. En tout cas, son Madjlis Echoura n’a rien décidé à ce propos. D’ailleurs, on ne sait même plus si la question a été véritablement à l’ordre du jour de la session tenue samedi à Boumerdès. La lune de miel se prolonge donc entre le MSP et ses deux alliés, le FLN et le RND. Ce dernier, plus que le parti de Belkhadem, s’oppose à la contractualisation d’un partenariat politique réclamé en vain par le parti d’Aboudjerra Soltani. Le MSP devra encore faire bon cœur contre mauvaise fortune. C’est sa vocation, visiblement.
S. A. I.