L’annonce de la révision de la Constitution qui sera soumise à une commission constitutionnelle composée des courants politiques et d’experts en droit constitutionnel est une occasion pour les partis politiques qui adhèrent à ses réformes de faire entendre leurs voix sur ce qu’il faut amender dans le texte fondamental de la République. Sachant qu’il y a des formations politiques qui ont affiché leur mécontentement après l’annonce des réformes, on ne sait pas si elles participeront ou non dans le cadre de la commission sus citée.
En attendant la mise en place de cette commission, des formations politiques se sont déjà mises au travail même si le président Bouteflika n’a pas donné de date sur l’installation de cette instance.
Dans ce cadre, le Mouvement pour la société de la paix (MSP) est entré depuis hier en conclave pour deux jours, a-t-on appris des sources du parti. Le bureau exécutif du parti aura pour mission de formuler la vision du parti sur la révision de la Constitution avant de la soumettre au conseil consultatif du parti dont la réunion est prévue pour le mois de mai.
Ainsi, le MSP tient à être indépendant de ses alliés de l’Alliance présidentielle, en l’occurrence le FLN et le RND, en matière de propositions relatives à la révision de la Constitution.
Il est à rappeler que le président de la République a préféré, avant d’annoncer l’ensemble des réformes politiques, ne pas consulter les partis politiques ; Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem ont été consultés en qualité d’officiels bien qu’ils portent aussi la casquette de leaders de partis politiques (RND et FLN).
Bouguerra Soltani n’arrive pas à admet-tre qu’il n’ait pas été consulté, mais compte faire partie de la commission constitutionnelle qui aura à soumettre des propositions au chef de l’Etat sur la révision de la Constitution.
Si on revient sur les précédentes déclarations de Bouguerra Soltani, celui-ci s’est déjà exprimé sur les points qu’il faut apporter à la Constitution. Dans ce cadre, bien avant le discours adressé à la nation par le président Bouteflika, il avait parlé de la nécessité de revenir à la limitation des mandats présidentiels, une limitation qui a été supprimée lors de la révision du texte fondamental de la République intervenue en 2008.
En outre, Soltani avait déclaré qu’il était pour la clarification du système politique tout en optant pour un système parlementaire. Un avis qui n’est pas partagé par ses alliés, les SG du RND et du FLN. Le premier veut un système semi-présidentiel et le second est pour un système présidentiel à l’américaine. Donc, voilà déjà trois partis censés former une alliance qui ne sont pas d’accord sur le système politique à adopter. Alors comment espérer une attente avec l’opposition qui sera associée à la commission constitutionnelle ? Par ailleurs, il y a la question de la clarification de la relation entre les institutions, notamment le président, l’autorité législative et l’Exécutif. Enfin, il y a la question des libertés et l’ouverture des medias lourds. Sur ce dernier point, le MSP avait insisté sur l’ouverture de l’audiovisuel dans une initiative politique qu’il a proposée au lendemain des émeutes du 5 janvier dernier. Cependant, le président Bouteflika dans son discours semble avoir fait le choix d’une ouverture à travers uniquement des chaînes thématiques ouvertes à tous les partis, les associations et autres. Sur ce point, Abdelaziz Belkhadem s’est montré ambigu.
Il est à souligner que du côté du vieux parti, depuis 2008, un atelier a été installé pour l’élaboration des propositions pour une révision globale de la Constitution. Il avait même présenté une mouture au président Bouteflika à la veille de la dernière révision de ce texte. Cependant, avec la crise qui secoue le parti, la direction du FLN est tenue de tout proposer à ses structures, à commencer par le comité central.
En outre, le RND, dont le SG n’était pas motivé par des réformes politiques puisqu’il ne pense pas qu’il y a une crise politique en Algérie, s’est dit partenaire des réformes engagées.
D’autre part, il reste à l’opposition de décider de participer ou pas à ces réformes, une fois convoquée à adhérer à la commission constitutionnelle relative à la révision de la Constitution.
Nacera Chenafi