Nombreux sont les observateurs qui estiment que l’initiative lancée récemment au sein de la mouvance islamiste n’a pas rempli toutes les conditions objectives pour sceller une véritable alliance.
En dépit des appels teintés de sentiments de certains prédicateurs et des professions de foi émanant d’autres activistes, la confection d’une liste unique lors des prochaines législatives est une entreprise difficile, qui requiert une authentique souplesse, non seulement organique, mais aussi subjective.
De plus, cette confection exige un minimum de consensus politique et une fine connaissance des procédures administratives, ainsi qu’une maîtrise de la technicité des opérations de vote.
Les islamistes, divisés en sept ou huit partis (et donc plusieurs programmes et autant d’ambitions politiques), ajoutés aux salafistes (dont la doctrine refuse tout électoralisme et toute implication dans les jeux politiciens) donnent l’impression d’être un conglomérat hétéroclite, mouvant et dont la mouvance rappelle un puzzle idéologique impossible à unifier.
Ce tableau est largement accentué par la démission politique des anciens cadres de l’ex-FIS, voire des repentis de l’AIS, à part quelques dirigeants politiques qui continuent de revendiquer le retour à l’action politique, notamment ceux qui vivent à l’étranger.
Des milieux politiques analysent cette situation sur la base d’une bonne connaissance de la mouvance islamiste et de ses dirigeants. Selon eux, la perspective d’une alliance est loin de recueillir l’adhésion de tout le monde, d’autant qu’elle souffre du manque de soutien de l’intelligentsia islamiste, écartée depuis le début par cette initiative lancée par des personnalités politiques et d’anciens militants.
De plus, cette alliance recherchée ressemble à s’y méprendre à l’action lancée par la défunte rabita durant les années 1990. Pour ces milieux, tous les ingrédients d’un échec sont là, précipitant la folle union vers l’issue fatale, d’autant que Djaballah n’a nullement l’intention d’y prendre part, voulant faire cavalier seul avec son nouveau parti.
Djaballah pense même que cette entreprise n’est qu’un simple coup médiatique. Il est vrai que les conflits de leadership sont une marque déposée chez les islamistes, un zaïmisme flagrant qui explique le pourquoi des crises à répétition au sein d’El-Islah, les dissensions au MSP, le maintien des mêmes têtes, des mêmes chefs depuis l’ouverture démocratique en 1989. Des défauts congénitaux qui risquent de malmener cette folle aventure d’une alliance électorale et pourraient la conduire vers un énième désastre politique.
On se rappelle la fameuse boutade d’Abassi Madani, questionné sur une éventuelle union avec Djaballah en 1991 : «Peut-on unifier la force d’un éléphant avec celle d’une fourmi ?» C’est sans doute l’état d’esprit qui caractérise tous les caïds islamistes qui, avant toute discussion ou négociation avec un autre islamiste, exigent la présence d’une «balance» électorale et politique pour confirmer le poids de chacun dans la société. C’est sans doute cela qui imprime au RND et même au FLN une certaine sérénité.
H. Rabah