Après plus de dix ans d’une hibernation uniquement interrompue par quelques émissions obligataires, l’ouverture du capital d’Alliance Assurance donne peut-être enfin le signal du réveil et d’un nouveau départ pour la Bourse d’Alger.
La Bourse d’Alger.
Pour Hassan Khelifati, son PDG, l’entrée à la Bourse d’Alger d’Alliance Assurance est tout simplement « un évènement historique, une première pour le marché ». Le deuxième assureur privé algérien a lancé le 2 novembre dernier une souscription pour lever auprès du public 1,4 milliard de dinars (14 millions d’euros). Cet appel public à l’épargne permettra à l’entreprise de tripler ses fonds propres et de remplir ainsi les conditions de capital minimum fixées par le régulateur algérien à l’échéance de fin 2010.
« Nous, les entreprises privées, et particulièrement les groupes importants, avons la responsabilité historique d’aller de l’avant et de créer cette dynamique. »
Au terme de cette opération, qui sera cloturée au bout de trois semaines, l’assureur rejoindra les deux seuls titres déjà cotés à la Bourse d’Alger : l’hôtel Aurassi et le groupe pharmaceutique Saidal, dont le capital reste, dans les deux cas, majoritairement contrôlé par l’Etat algérien. Cette première entrée en bourse d’une entreprise privée algérienne suscite un vif intérêt des médias, aussi bien que de nombreux opérateurs économiques impatients d’en connaître l’issue.
Une opération bien menée
Les dirigeants d’Alliance Assurance n’ont rien négligé pour assurer leur succès. Depuis le début du mois d’octobre, Hassan Khelifati et son staff sillonnent le pays. Un road show qui les a conduits dans plus de quinze villes à la rencontre des chefs d’entreprise, des banquiers et du grand public, qui ont souvent répondu présent si on en juge par les comptes-rendus des médias.
Le message délivré par le PDG d’Alliance s’est voulu très consensuel : « Ces rencontres nous ont permis d’expliquer l’opération et de faire preuve de pédagogie. Au-delà de l’ouverture du capital d’Alliance, beaucoup de chefs d’entreprise étaient intéressés par l’opération en bourse elle-même. Ils ont compris l’importance de cette démarche pour sortir de la relation banque-entreprise et chercher d’autres sources de financement, d’autres possibilités de renforcer leurs fonds propres et de sortir de l’engrenage de l’endettement. »
La notice, visée par la Cosob et disponible dans l’ensemble du réseau bancaire, détaille le plan de développement de l’entreprise, qui s’appuiera d’abord sur le renforcement de la maison mère, Alliance Dommages, dont le chiffre d’affaires a atteint près de 3 milliards de dinars en 2009. Il prévoit en outre la création d’une joint-venture dans les assurances de personnes avec un partenaire européen, ainsi que dans une société de capital-risque dont l’objectif sera de soutenir des projets dans le secteur de la santé, également en association avec un partenaire international.
De larges soutiens
Les soutiens n’ont pas manqué à l’assureur privé. D’abord celui du secteur financier algérien. Un large pool bancaire a été constitué regroupant établissements publics et privés, avec à sa tête le CPA. Hassan Khelifati ne cache pas sa satisfaction : « Les banquiers, les directeurs régionaux et les chefs d’agence ont mobilisé toute leur clientèle potentielle. Nous avons l’impression que le marché s’est approprié l’opération. »
Soutien également des pouvoirs publics, qui ont pris la décision dans la loi de Finances complémentaire 2009 d’exonérer les dividendes et les plus-values en bourse pendant cinq ans, et qui annoncent une prochaine refonte des textes pour permettre plus d’ouverture en direction de la petite et moyenne entreprise.
Les autres candidats dans l’expectative
Pendant ce temps, les candidats qui se sont plus ou moins déclarés pour une entrée en bourse ces dernières années suivent l’opération avec un intérêt évident. Parmi ces derniers, les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux du groupe NCA, spécialisé dans les boissons gazeuses, de l’établissement financier Maghreb Leasing Algérie (MLA), de l’opérateur téléphonique Nedjma, filiale de Watania Télécoms, ou encore du groupe Cevital, première entreprise privée du pays, qui envisage l’introduction en bourse de sa filiale CBS spécialisée en communication.
Ils auront tous contracté une dette à l’égard du patron d’Alliance Assurance qui joue crânement son rôle de pionnier et se déclare optimiste : « Pas seulement pour notre entreprise, je suis également optimiste sur le fait que cette opération va démystifier la bourse et envoyer un signal positif à de nombreux opérateurs. Nous, les entreprises privées, et particulièrement les groupes importants, avons la responsabilité historique d’aller de l’avant et de créer cette dynamique. »
HASSAN HADDOUCHE