Allemagne : le tireur avait annoncé son geste sur internet

Allemagne : le tireur avait annoncé son geste sur internet

La veille du drame, Tim Kretschmer avait écrit sur un forum de discussion : «Tout le monde se moque de moi mais j’ai des armes… demain matin j’irai à mon ancienne école».

Tim Kretschmer, l’auteur de la fusillade de Winnenden qui a coûté mercredi la vie à 15 personnes et choqué toute l’Allemagne, avait annoncé son geste mais personne ne l’a pris au sérieux. Les enquêteurs ont révélé que l’adolescent de 17 ans avait dévoilé ses intentions meurtrières sur un forum de discussion sur Internet. «J’en ai marre, j’en ai assez de cette vie qui n’a pas de sens. Tous se moquent de moi et personne ne reconnait mon potentiel mais j’ai des armes ici, demain matin j’irai à mon ancienne école», écrivait le futur tueur, la nuit précédant le drame,. «Restez à l’écoute, vous entendrez parler de moi demain. Retenez bien le lieu: Winnenden» concluait-il. L’interlocuteur de Tim a pris ses propos pour des fanfaronnades, et lui a répondu par «LOL». C’est en entendant les médias reporter une fusillade que cette connaissance du tireur a alerté le père de Tim.

Fidèle à ses menaces, Tim a en effet commencé son équipée sanglante par son ancien lycée d’Albertville, abattant neuf jeunes et trois enseignantes avant de prendre la fuite. Lors de sa cavale, Tim Kretschmer tue une infirmière de l’hôpital psychiatrique attenant à l’école. Le jeune homme blessera mortellement encore deux passants avant d’être blessé par la police et de retourner son arme contre lui. Le jeune homme connaissait bien l’établissement psychiatrique où il a fait sa treizième victime. Il y avait été traité pour dépression en 2008. Il avait cessé d’assister à ses séances de thérapie en septembre dernier.

«Je suis désespérément malheureux, je ne peux plus continuer»

Tout indique que Tim Kretschmer traversait une phase profonde de dépression. L’adolescent, décrit par les enquêteurs comme un «élève moyen n’excellant en rien si ce n’est au ping-pong», avait il y a peu écrit une lettre à ses parents. Il y expliquait «être désespérément malheureux et ne plus pouvoir continuer comme cela». Pourtant, le garçon avait grandi dans une famille heureuse. Il avait une soeur cadette avec laquelle il s’entendait bien.

Certains médias suggèrent que ce fils d’une famille aisée, qui avait décroché son bac de justesse et avait été réorienté dans une filière professionnelle de commercial, aurait pu passer à l’acte à la suite d’une déception amoureuse. Tim, surnommé le «looser» par ses camarades, aurait été très récemment plaqué par sa petite amie. Les médias relèvent que la plupart des lycéens tués étaient des jeunes filles mais la police refuse pour le moment de faire le lien, signalant que les jeunes les plus proches de la porte étaient des lycéennes.

Les policiers sont en tout cas sûrs d’une chose, Tim avait facilement accès à des armes. Le jeune homme réservé accompagnait son père, un entrepreneur respecté, à son club de tir. Adepte du jeu de tirs sur internet «Counter Strike», l’adolescent, qui passait beaucoup de temps sur son ordinateur, avait entreposé dans le grenier de la maison familiale des silhouettes humaines en carton sur lesquelles il s’était entraîné. «Il leur avait tiré en pleine tête», rapporte un camarade au journal britannique le Times. Les murs de sa chambre étaient décorés avec des armes à feu.

La police envisagerait d’inculper le père du tireur

D’après les journaux allemands, les enquêteurs réfléchissent à un éventuel dépôt de plainte contre le père de Tim. Ce dernier a une autorisation de possession d’armes mais aurait pu faire preuve de négligence dans le stockage de sa collection. Si 14 armes étaient rangées dans un coffre qui ne s’ouvrait qu’avec un code secret, le beretta, volé par Tim et qui a servi à l’attaque, se trouvait dans la chambre à coucher parentale.

Les premiers détails de l’enquête montrent que le bilan de la fusillade aurait pu être encore plus lourd au lycée Albertville. Un message du proviseur, diffusé par haut-parleur, a prévenu les professeurs qu’une fusillade était en cours. Les enseignants se sont aussitôt barricadés avec leurs élèves dans les salles de cours. Depuis la tuerie dans un lycée d’Erfurt en 2002, les responsables éducatifs en Allemagne ont élaboré un message codé d’alerte. Mercredi celui d’Albertville avait lancé «Dame Koma arrive»… Koma est l’anagramme d’ «Amok», qui signifie en allemand «folie furieuse».