La couverture des besoins alimentaires du cheptel nécessite l’amélioration de la disponibilité des aliments en favorisant leur production à l’échelle locale à travers la valorisation et l’incorporation des sous-produits locaux en vue de réduire leur importation, ont plaidé samedi les professionnels du secteur.
Les producteurs locaux ou étrangers d’aliments de bétail, rencontrés lors du salon international de l’élevage, de l’agroalimentaire et de l’agroéquipement, ont été nombreux à constater que de grandes quantités de ces produits sont importées, soulignant toutefois que la production nationale tente de gagner des parts de marché.
« De grandes quantités de maïs, de son et de soja sont importées pour l’alimentation de bétail car ces variétés demandent une grande consommation d’eau ce qui freine leur production en Algérie », a indiqué à l’APS un industriel du secteur privé. La production nationale, a-t-il poursuivi, est aussi appelée à prendre une part du marché « même s’il faut pour parvenir à cet objectif, contracter des partenariats avec des étrangers ».
Des partenariats sont d’ailleurs effectifs depuis le début des années 2000 avec certains pays occidentaux comme la France pour profiter de l’expérience de ses industriels et développer cette filière en Algérie.
Un second industriel spécialisé dans la production de l’aliment de bétail a souligné qu’avec la consommation grandissante des produits carnés, qu’il s’agisse de l’ovin, du bovin ou de la volaille, le recours aussi bien à l’importation qu’à la production nationale est nécessaire pour satisfaire la demande des éleveurs.
Selon ces professionnels, des études de marché ont été réalisées avant de se lancer dans ce business ce qui a permis de déterminer avec exactitude toutes les variantes des demandes des éleveurs. D’après leurs explications, la nourriture destinée aux ruminants producteurs de lait ou de viandes n’a pas la même composition. C’est sur ce terrain qu’intervient le rôle de l’importation des additifs.
« Il y a des compléments en minéraux qui sont mélangés au fourrage destiné aussi bien aux vaches laitières qu’à l’engraissement des veaux », a indiqué un importateur de ces produits qui les commande auprès de nombreux producteurs du continent européen.
Des solutions pour importer moins
Les industriels ne comptent pas uniquement sur l’importation pour nourrir bétail et volaille. « Il y a des variétés végétales qui entrent dans la composition de l’aliment avec les mêmes caractéristiques que le maïs et qui ne consomment pas beaucoup d’eau ce qui les rend aptes à être produites en Algérie », a fait savoir un industriel.
« En plus de l’acquisition de nouvelles capacités de production, on peut garantir la même qualité que celle que l’on retrouve en Europe », a-t-il assuré. Mais avant de parvenir à cette étape, les producteurs font appel à l’expertise étrangère afin de mettre à profit les connaissances accumulés par les laboratoires.
La formule des aliments est obtenue à partir des analyses effectuées dans des laboratoires étrangers qui étudient le comportement des échantillons de fourrage produit en Algérie. « C’est à partir de là qu’on obtient des informations sur la qualité des aliments et la qualité des additifs à ajouter ce qui ouvre la voie à la production nationale », a témoigné un professionnel.
S’adapter à la demande de l’éleveur
« Ainsi, il est possible d’adapter la production à la demande des éleveurs en Algérie », a avancé ce professionnel. Ce constat est également valable pour les producteurs d’œufs et de poulet de chair car là aussi, l’alimentation varie selon l’usage final fait par le consommateur.
Le cycle de croissance de la volaille, du démarrage à la finition en passant par la croissance, nécessite des apports différents. Dans la volaille, un autre produit nécessite ces précautions : c’est l’ancrage depuis quelques années de la consommation de la dinde, ce qui ne fait qu’enrichir la gamme des viandes proposées au consommateur.
Les importateurs vendent les reproducteurs sélectionnés à des accouveurs qui vont les multiplier. Les éleveurs produisent ensuite les animaux de viande pour approvisionner le marché. Mais avant il faut nourrir les poussins et les poulets.
« On peut dire que le parc de bâtiments et les critères alimentaires s’améliorent constamment » grâce à l’apport des composants spécifiques, a estimé un entrepreneur étranger qui fournit les poussins à de nombreux clients en Algérie. Certains éleveurs préfèrent produire une partie des aliments par leurs propres moyens mais « dans ce cas, il faut faire très attention aux formules qu’il faut respecter », conclut l’un d’entre eux.
La filière avicole en Algérie a représenté 2,5 milliards de dollars en 2012 et le pays est autosuffisant en viandes blanches avec l’intervention de 35.000 éleveurs et 330 fabricants d’aliment, selon le ministère de l’Agriculture.