La pâtisserie occupe une place de choix dans la nouvelle tendance
La course à l’endroit dit «in» est devenue le sport numéro un des Algériens en quête de loisirs… mais surtout à la recherche du temps perdu.
La société algérienne a connu une incroyable mutation ces dernières années, laquelle s’est répercutée principalement sur les habitudes des Algériens. A nouveau siècle, nouvelle tendance.» «Depuis que j’ai découvert la nourriture précuite, Je n’éprouve plus de stress en réfléchissant au plat que je vais mijoter le soir à la maison», avoue Lamia, la trentaine, employée dans une banque à Alger.
«Avant je n’osais pas acheter ce genre de produits. Ma mère nous a ancrés dans la tête qu’une femme qui achète ce genre de nourriture n’est pas bien vue. De plus, j’ai toujours eu comme préjugé l’idée que ce genre de produits est infect!», relate-t-elle. «Mais un jour, par pure curiosité, j’ai voulu essayer pour voir quel goût cela avait. Et là, grande fut ma surprise en constatant que c’était succulent, même mon mari a adoré.
Depuis, je suis devenue accro de ces plats précuits», ajoute-t-elle. Cependant, même si Lamia a adopté cette solution qui lui facilite la vie, cela ne l’empêche pas de préparer un bon festin le week-end pour son mari.
«Le week-end j’ai le temps, je suis plus à mon aise, donc je prépare à mon époux le plat qu’il désire». Par contre, pour Amina, mariée, la quarantaine, employée chez un opérateur privé de téléphonie mobile, la solution-miracle est incontestablement «les traiteurs». Ces derniers se sont mis depuis quelque temps à la vente directe de différents repas en différentes occasions, aux particuliers. Pour Amina: «Efficaces et pas chers, moi je préfère les traiteurs», ironise-t-elle en faisant référence à la célèbre pub de l’assureur français, la Maf. «Si j’ai des invités, plus besoin de passer la journée devant les fourneaux, je vais chez mon traiteur, il me prépare tout ce que je veux.
C’est abordable, en plus j’ai la garantie que c’est bon; pour dire vrai, je ne suis pas un cordon bleu», confie-t-elle. «On peut désormais inviter plus souvent des amis à dîner à la maison, même ma belle-mère sans avoir peur d’être critiquée!», affirme-t-elle avec assurance. D’ailleurs, au sujet de sa belle-mère, Amina, tient absolument à nous raconter une anecdote.
«Tout le monde sait que je ne suis pas très douée en cuisine. Un jour, j’invite mes beaux-parents à manger. Ma belle-mère était toute surprise par le délice que je lui ai servi», relate-t-elle. La belle-mère n’a pas cru quand elle a appris que c’était un traiteur qui a préparé ces mets. F. B., propriétaire du Marhaba, à Rouïba, du groupe de restaurateurs Ferhaoui Brahim et fils, confirme que la tendance aujourd’hui est aux traiteurs. Exerçant le métier de restauration depuis 1967, M.Ferhaoui en fait une affaire familiale, c’est-à-dire un nom à défendre.
La restauration classique ayant stagné ces dernières années, Brahim Ferhaoui décide alors d’innover. «Pourquoi ne pas faire traiteur comme cela se fait à l’étranger?», s’est-il dit. «On a commencé à travailler essentiellement avec les entreprises, pour les particuliers; c’était seulement les grandes commandes comme les mariages. Mais on a remarqué que la demande des particuliers était très forte. Ils nous sollicitent tout le temps pour des petits plats, ce qui nous a un peu gênés dans notre travail», rapporte-t-il. «Alors, mes fils ont eu l’idée géniale d’aménager un local pour la vente directe. Ce qui permet de vendre au détail. Le client peut voir et choisir les produits», précise-t-il. Ce magasin de vente directe a été ouvert seulement depuis le début du mois de mai, mais le succès est au rendez-vous. «On ne s’attendait pas à travailler autant, je pensais que ce serait le chômage après le Ramadhan. Hamdoulilah, on a beaucoup de clients, faut-il le préciser, des deux sexes et de diverses catégories sociales», se satisfait-il. Les déclarations de M.Ferhaoui prouvent que la fièvre des traiteurs a bel et bien gagné l’Algérie.
La nostalgie des anciens restaurants
Toutefois, nombreuses sont les personnes qui préfèrent s’attabler dans les restaurants. «Rien ne vaut le bon vieux resto», estime pour sa part Mehdi, médecin de son état. «J’essaie d’aller au restaurant au moins une fois par semaine, tout dépend de mes moyens. Maintenant, les restaurants sont nombreux, ils proposent diverses recettes de cuisine, donc chaque semaine, je voyage à travers la gastronomie», dit-il d’un air rêveur.
Nabil, l’un des associés du très célèbre et non moins «céleste» Aroma-Café, affirme que la restauration est très prisée en Algérie. «C’est le seul moyen pour les Algériens de décompresser et sortir un peu de la routine». Toujours d’après Nabil, l’Algérie a un manque flagrant d’endroits de ce genre qui permettent aux gens de se retrouver en toute convivialité. Cette situation, qu’il estime désastreuse pour les jeunes, a poussé Nabil et ses trois associés à ouvrir l’Aroma-Café, dont le nom, faut-il le signaler, a été choisi par rapport aux arômes du monde qu’il propose. «Voyant ce manque, et le terrain propice à ce genre d’endroits, on a décidé de moderniser les cafés et de les rendre mixtes et tendance. On a alors ouvert un premier Aroma à Dély Ibrahim qui propose différentes sortes de café, mais également de la restauration rapide», rappelle-t-il. Après le succès et la notoriété acquise par ce lieu commercial qui est devenu, en même temps, après un an, la référence pour tous les jeunes Algérois, un deuxième Aroma Café a été ouvert au Bab Ezzouar Center. «Au centre commercial de Bab Ezzouar, le succès était également au rendez-vous. Café, repas, tout est bon à consommer», affirme-t-il.
Dès lors, «les trois mousquetaires» ont compris qu’il fallait absolument surfer sur la vague de la restauration en ouvrant le Havana Steak House, toujours au Centre commercial de Bab Ezzouar. Le premier restaurant Lounge d’Algérie est devenu, en 5 mois, le rendez-vous incontournable des amateurs de bonnes chairs et ambiance cubaine.
«L’Algérien de 2011, raffole de ce genre d’endroits «in «, ils lui permettent de voyager et de s’évader à travers le monde sans se déplacer. Mais surtout de décompresser…», avance Nabil. Initialement prévus pour les jeunes, les établissements de Nabil et ses amis sont fréquentés par toutes les tranches d’âge, tous les milieux sociaux. Il y a même des gens qui viennent en famille.
«C’est un mélange cosmopolite de personnes actives, jeunes étudiants… Certains clients nous avouent qu’ils ont trouvé, avec ce genre d’endroits, la tranquillité recherchée», juge-t-il.
Soins de beauté, un moyen pour s’évader
D’autres personnes, par contre, préfèrent pour décompresser, la culture du corps. «Les gens commencent, de plus en plus, à prendre soin d’eux-mêmes. Désormais, femmes et hommes fréquentent souvent les instituts de beauté», dit en connaissance de cause Yacine, gérant du SPA et parc de loisirs Tamaghra de Tizi Ouzou. Des personnes de tous les âges viennent en famille profiter des délices du Tamaghra Club. «On a la particularité de tout regrouper dans un seul endroit: hammam, salle de sport, piscine couverte, SPA, soins de beauté…
Ce qui pousse les familles à venir ensemble et que chacun profite de l’activité qui l’enchante», signale Yacine. Les hommes sont aussi nombreux que les femmes, ce qui a incité la direction à leur aménager des horaires spéciaux, 18-22 h. Les raisons qui ont poussé le père de Yacine à construire cet endroit paradisiaque est le manque d’activités ludiques constaté en Algérie en général et à Tizi Ouzou en particulier. À la question de savoir s’il a remarqué un changement dans les habitudes des Algériens, Yacine répond par l’affirmative, «Evidemment, sinon on n’aurait jamais investi dans ce créneau.
Je pense que si on avait ouvert Tamaghra, dans les années 90, cela n’aurait jamais marché.» Fini la tragédie nationale, les Algériens croquent désormais la vie à pleines dents. Ils veulent tous s’évader, au moins pour quelques heures, du train-train et du stress de la vie quotidienne. Les endroits chics et glamours, qui ont essaimé à travers le pays, en sont la meilleure preuve…