Ali Yahia Abdenour : un siècle de luttes, de combats et de militantisme

Ali Yahia Abdenour : un siècle de luttes, de combats et de militantisme

L’infatigable militant des droits de l’homme maitre Ali Yahia Abdenour a rendu l’âme ce dimanche 25 avril 2021 à l’âge de 100 ans. Il avait, en effet, fêté son centenaire le mois de janvier dernier.

Malgré son âgé dépassant le siècle et son parcours de militant épuisant, le doyen des défenseurs de droits de l’homme est resté lucide jusqu’à son ultime souffle. « Nous l’avons vu lundi passé, il était conscient et il nous a reconnus. Il faut dire qu’il a été toujours préoccupé par l’Algérie », a témoigné aujourd’hui l’un de ses compagnons Arezki Lakabi.

Il était un guerrier, un combattant et il a passé toute sa vie à lutter et il a su puiser dans ses ressources les moyens nécessaires pour pouvoir rebondir, quelle que soit l’épreuve qu’il a dans sa vie. Un siècle de vie, un siècle de combat et un siècle au service de l’Algérie » témoigne encore Arezki Lakabi.

Né le 18 janvier 1921 à Michelet dans la commune d’Ait Yahia, Daïra de Aïn el Hammam, wilaya de Tizi Ouzou, Ali Yahia Abdenour a d’abord été instituteur. En 1945, il a adhéré au Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Puis a rejoint le Front de libération nationale (FLN) en 1955. Pour ses activités militantes, il fut arrêté en 1956 puis assigné à résidence de 1957 à 1960.

Après un riche parcourt militant durant la guerre de libération nationale, notamment au sein de l’UGTA, le défunt imposa donc la centrale syndicale comme partenaire unique des questions sociales.

Élu député de la wilaya de Tizi Ouzou en 1962

Après l’indépendance, il fut élu, le 20 septembre 1962, député de la wilaya de Tizi Ouzou. Trois ans plus tard, soit le 10 juillet 1965, il fut nommé par Boumediene au ministère des Travaux publics et des Transports, puis le 24 septembre 1966 au ministère de l’Agriculture et de la réforme agraire. Il quittera le gouvernement en mars 1968.

Et c’est à partir de là qu’il entreprend des études de droit et ouvre ensuite un cabinet d’avocat au centre d’Alger. Avec son statut d’avocat, il devient le leader de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, et se dressa en 1992 face au pouvoir des militaires après l’annulation du processus électoral.

Vivement critiqué pour cette position et notamment ses positions en faveur des droits des membres du Parti du FIS, il n’arrêtait pas d’affirmer qu’il, « défends l’homme et non pas le projet politique ou idéologique ».

Il sera, en 1995, l’un des principaux artisans de la Plateforme de San Egidio (Rome, janvier 1995) qu’il signe aux côtés des partis d’opposition, tel que le FFS, au nom de sa Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.

Fervent opposant du régime de Bouteflika

Toujours debout et aussi infatigable, malgré son âge avancé, en 2011 il avait pris part à l’appel de la Coordination nationale pour changement et la démocratie (CNCD) regroupant plusieurs organisations syndicales, dont LADDH, et partis politiques. Il s’est levé contre le pouvoir de l’époque tout en alertant sur les dangers de l’entêtement du pouvoir en place.

Quelques années plus tard, soit en octobre 2017, il a appelé, avec d’autres personnalités telles que Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles … à déclarer l’état d’incapacité du président Bouteflika qui était victime d’un AVC.

Le 18 mai 2019, dans le contexte des manifestations du mouvement populaire Hirak, il a appelé, conjointement avec Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles, à reporter l’élection présidentielle algérienne de 2019 et à lancer un dialogue entre l’armée et les représentants des manifestants pour mettre en place une transition politique.

Ali Yahia Abdenour est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Algérie : Raisons et dérision d’une guerre », « la crise berbère de 1949 : portrait de deux militants, Ouali Bennaï et Amar Ould-hamouda », « Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu’il a engendré », et « mon testament pour les libertés ».