Ali Tounsi, un DGSN ultra-médiatique aux résultats contestés sur le terrain

Ali Tounsi, un DGSN ultra-médiatique aux résultats contestés sur le terrain
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C’est une exception algérienne. Le Directeur général de la sûreté nationale (DGSN) est un homme ultra-médiatique. En juillet, ses passages à la télévision ont dépassé ceux de tous les hauts responsables de l’État, le président Bouteflika compris. Entre inaugurations et cérémonies de sorties de promotions, Ali Tounsi ne rate aucune occasion de s’afficher devant les caméras de l’ENTV et de se faire photographier par les photographes de la presse écrite. Et à chaque sortie, le même discours : un taux de couverture en progression, une police « proche du peuple », professionnalisme, lutte contre le terrorisme…

Dernière sortie en date : celle effectuée, jeudi, à l’école de police de Aïn Benian (Alger) où il a présidé la traditionnelle cérémonie de sortie de promotion d’agents de l’ordre public femmes (AOP). Sur place, M. Tounsi a menacé de représailles les journalistes qui oseront dans l’avenir évoquer son différend avec Yazid Zerhouni. Des propos qui témoignent de l’agacement de l’homme : depuis quelques mois, le ministre de l’Intérieur évite soigneusement de s’afficher aux cotés de son DGSN dont le départ devrait intervenir prochainement, une fois son remplaçant trouvé.

La médiatisation excessive du DGSN pose plusieurs problèmes. Le premier concerne son statut. Ali Tounsi n’est ni un élu ni un ministre. A ce titre, il n’est pas responsable directement ou indirectement -via l’assemblée nationale- devant le peuple algérien. Le DGSN est un haut fonctionnaire de l’Etat qui rend compte à son ministre de tutelle, Yazid Zerhouni. C’est ce dernier qui est responsable devant les députés et donc devant le peuple.

Ali Tounsi a-t-il le droit de s’exprimer aussi librement sur la lutte antiterroriste, par exemple, ou d’évoquer les futures orientations et missions de la police? Habituellement, dans les pays démocratiques, les hauts fonctionnaires sont tenus à un devoir de réserve. Ils ne s’expriment publiquement que s’ils ont l’autorisation de leur ministre de tutelle ou quand ils sont exceptionnellement auditionné par des élus. En France, par exemple, le premier responsable de la police est un personnage inconnu du grand public.

LG Algérie

Le deuxième problème que pose la médiatisation excessive de M. Tounsi est lié à la sécurité des hauts cadres et responsables de la police nationale. Dans un contexte sécuritaire difficile marqué par un retour en force des groupes armés, est-il prudent de montrer régulièrement des images de policiers à la télévision? « Si Al-Qaïda veut faire des assassinats ciblés de policiers, il lui suffirait de visionner les sorties de M. Tounsi », souligne un ancien responsable de la lutte antiterroriste. Au sommet de l’Etat, cette imprudence du DGSN commence à agacer.

Enfin, cette médiatisation est en contradiction avec les résultats sur le terrain. La police « proche du peuple » peine à lutter efficacement contre la délinquance et la criminalité. Nos villes sont parmi les moins sûres, malgré une impressionnante présence policière sur le terrain.

Par  sonia lyes