« Mis à part le gain technologique qui permet d’améliorer aussi bien la qualité du débit et le confort d’utilisation en termes de consommation de contenus, l’usager lambda aura du mal à faire la différence pour suffi samment le motiver à mettre la main à la poche et payer la différence pour migrer vers la 4G », a affi rmé Ali Kahlane, président de l’Association des opérateurs de télécoms alternatifs (AOTA). « A moins que les opérateurs trouvent une formule gagnant-gagnant où les prix de la 4G rivaliseront confortablement avec celui la 3G », ajoute-t-il.
Reporters : Samedi a été lancée la 4G à partir de Ouargla. Existet-il au jour d’aujourd’hui un bilan sur la 3G en termes de rentabilité et d’innovation pour les opérateurs, pour l’usager ou l’abonné, pour le corporate et pour l’économie nationale ?
Ali Kahlane : Je n’ai pas eu connaissance d’un quelconque bilan tel que vous le défi nissez, du moins offi ciellement venant de la part des institutions en charge du secteur que ce soit l’Autorité de régulation de la poste et té- lécommunications (ARPT) ou du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication.
Simplement, la rentabilité de la 3G devrait être largement au rendez-vous car les opérateurs ont investi dans des équipements en prévision du lancement de la 4G. Cela leur a permis d’avoir moins de coût à s’équiper avec une 3G capable de monter en puissance vers la 4G, relativement, rapidement et facilement. Une chose est sûre au vu du nombre d’abonnés annoncé pour la 3G et le niveau de consommation de « mégas », c’est le jackpot pour les trois opérateurs, chacun à sa maniè- re, depuis le lancement de la 3G. Quant à l’innovation, elle a été dans l’anticipation de s’équiper avec la dernière technologie capable de prendre en charge aussi bien la 3G, au moment de son lancement, que la 4G, une fois lancée. La différence entre les trois opérateurs se verra sur le terrain en termes de rapidité de couverture, suivant le cahier des charges, la capacité des BTS (station de base), à couvrir convenablement une zone d’abonnés et leur délivrer, en temps et en heure, de la disponibilité et surtout le débit que l’usager a ou va payer.
L’ex-P-DG d’Algérie Télécom avait donné des chiffres sur l’usage de la 3G. La 4G, pourquoi faire concrètement ?
Le P-DG d’Algérie Télécom est concerné par la 4G fi xe, dont un peu plus de 600 000 unités ont été installées donnant autant d’abonnés et non pas la 4G mobile. Les modems d’AT sont très prisés pour donner rapidement une connexion de très bonne qualité. Ils sont utilisés aussi bien par les entreprises que par les particuliers qui n’ont pas pu avoir une connexion ADSL sur le téléphone fi xe. Cela n’est, malheureusement, possible que si la zone est convenablement couverte que la BTS n’est pas surchargée et qu’elle a une bonne connexion Internet.
Un ministère délégué à l’Economie numérique a été mis en place. Quelle est son utilité ?
D’après son intitulé, ce ministère semble avoir été créé pour assumer deux missions : celle du pilotage de la modernisation des systèmes fi nanciers et, d’après les récentes dé- clarations de son ministre délégué, cela concerne tout d’abord le paiement électronique, le e-paiement. Je crois au lancement de l’e-paiement, car je suis persuadé que les conditions sont réunies pour qu’enfi n la dynamique que nous attendions depuis si longtemps soit enfi n lancée. Cela permettra à ceux qui sont prêts et qui espéraient ce lancement depuis longtemps, d’y aller tout de suite. Ils sont normalement assurés que les conditions minimales de succès sont réunies ainsi que les garanties de l’Etat, tout est là pour les rassurer. Ceci d’une part. Cela permettra à tous les autres qui attendaient, sans trop y croire et à demi-convaincus, d’envisager sérieusement de s’y lancer. Cela devrait avoir l’effet d’entraînement qui créerait un cercle vertueux qu’ultimement tous les sceptiques voudraient rejoindre, d’autre part. Par contre, je suis très sceptique quant à la seconde mission dont a été chargé ce ministère délégué. Je ne crois pas qu’on puisse dé- créter qu’une économie soit numérique ou pas, et ça, du jour au lendemain. Elle le sera un jour, certes, mais en son temps et heure. Cela se fera doucement et progressivement au fur et à mesure que les institutions qui concourent à sa mise en place, se « numérisent » elles-mêmes.
Pourquoi ?
Pour la simple raison que cela est d’une complexité extrême et, une fois amorcée, elle serait de très longue haleine. L’économie tout court d’un pays est montée et mise en place par toutes les institutions d’un pays. Est-ce le fait de lui rajouter le mot « numérique » fait d’elle une économie numérique, en un claquement de doigt ? Sans stratégie, sans vision à long terme, cette économie numérique dé- crétée restera, une notion abstraite, un vœu pieux, année après année. L’interconnexion et l’interopérabilité des institutions, la mise en place de « data centers » avec des bases de données mutualisées sont les principaux pré requis tout simplement incontournables. Tout un ministère, celui de la Poste et des TIC a eu tout le mal du monde à asseoir une stratégie des TIC dans laquelle l’économie numérique avait une place de choix, puisque pas moins de 60% des actions prévues dans les 12 axes y étaient consacrées. Il n’y a manifestement pas réussi, du moins tant que le bilan de e-Algérie n’est pas publié. Nous savons par contre que cette stratégie a dernièrement été réduite à une feuille de route pré- sentée au Premier ministre et dans laquelle le secteur privé est le grand absent. Le MPTIC va très certainement mettre les bouchées doubles pour l’appliquer et du mieux qu’il peut. Mais qui des autres ministères qui sont supposés aussi l’appliquer pour être au diapason avec les politiques gouvernementales et aller en un mouvement d’ensemble vers l’«économie numérique», car il se trouve que son leadership appartient à un autre ministère et, celui-ci est lui-même délégué à un autre ?
Quelle rentabilité pour la 4G ?
Au temps du lancement du processus de la 4G, j’avais exprimé des doutes quant à l’opportunité de l’avoir fait aussi tôt après une 3G lancée aussi tard. Je le pense toujours. Sachant qu’il va falloir le bon appareil capable de fonctionner en 4G, mis à part le gain technologique qui permet d’améliorer aussi bien la qualité du débit et le confort d’utilisation en termes de consommation de contenus, l’apport pour l’usager lambda aura du mal à faire la différence pour suffi samment le motiver à payer la différence pour monter vers la 4G. La 3G permet déjà des débits confortables aussi bien pour le streaming que les téléchargements lourds. Les débits théoriques annoncés pour la 3G++, pouvant aller à plus de 40 Mbps alors la moyenne dépasse rarement les 10 Mbps dans des conditions idéales (BTS bien située et non surchargée avec une bonne connexion Internet). Les opérateurs annoncent, pour la 4G, des débits pouvant aller jusqu’à 1 Gbps, ceci pour la 4G+ que les opérateurs ne lanceront normalement pas tout de suite. Mais vu l’expérience médiatique que nous avons vécue lors du lancement de la 3G, sans nul doute les « mentions plus » vont fuser de toute part. Ils nous avertissent quand même que cela serait plutôt du 100-140 Mbps pour la 4G. Nous parions, qu’en utilisation normale, cela va plafonner autour de 20-30 Mbps. Autant dire que cela correspond au niveau des débits qui nous avaient été annoncés pour la 3G et sur lesquels nombre d’Algériens se sont rués pour le résultat qu’on connaît. En ce qui me concerne, je testerais certainement la 4G chez les trois opérateurs, en commençant par celle de Mobilis dès qu’elle serait disponible dans ma région. Je reviendrais alors à ma 3G, à moins que les opérateurs trouvent une formule gagnant-gagnant où les prix de la 4G rivaliseront confortablement avec ceux la 3G. A ce moment-là comme tous les Algériens, je « glisserai » vers la 4G sans trop réfléchir.
Existent-ils des opérateurs alternatifs ou des ISP ?
Il n’existe pas d’opérateurs alternatifs à la 4G mobile. Il existe par contre des ISP opérant dans l’accès Internet en utilisant les technologies VSAT et WiMax.