L’ancien président du Haut- Comité d’Etat, Ali Kafi, a été inhumé, hier mercredi, au Carré des martyrs, au cimetière El Alia, à Alger. A 85 ans, il est le troisième ancien chef de l’Etat que l’Algérie a eu à perdre en une année, après Ahmed Ben Bella et Chadli Bendjedid.
Et comme ces deux derniers, le défunt Ali Kafi a eu droit à des funérailles officielles organisées par la présidence de la République auxquelles a assisté Abdelaziz Bouteflika. Tout ce que l’Algérie compte comme hauts responsables était bien sûr du rendez-vous, hier au cimetière El Alia. Outre les hauts responsables de l’ensemble des institutions, et tous les membres du gouvernement et de la haute hiérarchie militaire ainsi qu’une foule d’anonymes, étaient également présentes au cimetière, d’autres personnalités nationales ayant eu à côtoyer le défunt, à travailler avec lui ou à exercer des responsabilités sous son ère. Il y avait ainsi ses anciens compagnons du Haut-Comité d’Etat comme l’ancien ministre de la Défense, le général-major Khaled Nezzar, Ali Haroun, Rédha Malek, son ancien chef du gouvernement Bélaïd Abdeslem mais aussi quasiment tous les anciens chefs de l’exécutif. Premier arrivé sur les lieux, le plus récent des anciens justement : Ahmed Ouyahia. Le prédécesseur de Sellal dira à propos de Kafi : «Je salue en lui le grand moudjahid pendant la Révolution et son courage d’avoir accepté d’assumer la responsabilité dans les moments difficiles qu’a eu à vivre notre pays. Il était resté toujours constant dans ses positions. C’est une grande perte pour ses proches mais aussi pour l’Algérie, et la famille nationaliste. » Témoignage presque identique à celui qui était à ses côtés durant ces moments difficiles, Khaled Nezzar : «Il a été choisi à la tête du HCE pour sa personnalité qui lui permettait d’assurer la cohésion nationale. » Il faut dire en effet qu’en ce début juillet 1992, Ali Kafi succédait à Mohamed Boudiaf, lâchement assassiné le 29 juin à Annaba. Un assassinat qui avait failli plonger le pays dans le chaos. En tout cas, Ali Kafi avait continué à assurer le mandat du HCE pendant deux année, jusqu’en juillet 1994. Deux années d’une séquence historique de la période la plus sombre de l’histoire de l’Algérie indépendante. A la précarité politique d’alors s’ajoutait en effet une déferlante terroriste quotidienne et d’une férocité jamais égalée ailleurs ou à travers l’Histoire. Le pays était d’autant plus à genoux que les caisses de l’Etat étaient vides et, au plan diplomatique, un embargo international des plus asphyxiants lui était imposé par la communauté internationale qui avait pris parti pour les tueurs de l’ex-FIS et ses alliés du contrat de Rome. Ce chapitre de la vie du défunt et du pays était unanimement souligné par tous ceux qui étaient venus lui rendre un dernier hommage. L’on peut citer les anciens chefs de gouvernement comme Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, ou alors une multitude d’autres anciens hauts dirigeants comme le général Djouadi, Selim Saadi, Taleb Ibrahimi, Noureddine-Yazid Zerhouni, mais aussi des chefs de l’opposition y compris islamiste comme Djaballah. Inutile aussi de dire que tous les membres du FLN, toutes tendances confondues, étaient également de la partie. Ali Kafi, ancien chef de la Wilaya II historique pendant la Révolution, était le cinquième chef d’Etat de l’Algérie indépendante. Avec son décès, il ne reste plus en vie, parmi les anciens présidents, que son successeur immédiat à la tête du pays, Liamine Zeroual.
K. A.