Pour la première fois depuis une dizaine d’années, le chiffre du nombre des morts en Algérie pendant la décennie noire a été remis en cause. Alors que tout le monde s’est arrêté sur le nombre fétiche de 200 000 morts, Ali Haroun avance, lui, le nombre de 80 000 morts.
L’ancien ministre délégué aux Droits de l’Homme dans le gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali avance, dans une interview accordée ce matin au journal arabophone Echourouk, que «selon des calculs faits pendant la période de la tragédie nationale, il y a eu près de 80 000 morts ». «Ceux qui avancent 200000 font de la surenchère», a-t-il poursuivi. Selon Ali Haroun, qui était en 1992 membre du Haut comité d’Etat, «les historiens vont, un jour, prouver ce que je dis ». Il est vrai que le chiffre de 200 000 morts a été annoncé, de manière aléatoire, par l’actuel chef de l’Etat. Abdelaziz Bouteflika avait souvent répété ce chiffre dans ses différents discours lorsqu’il faisait campagne pour la Loi sur la Concorde Civile.
Sur un autre chapitre, Ali Haroun a raconté les détails de la venue du défunt président Mohamed Boudiaf en Algérie. Il rappelle que c’est lui, en personne, qui est allé le rencontrer au Maroc pour le convaincre de rentrer au pays. Ce que Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, avait accepté. Selon lui, si Boudiaf n’était pas revenu, il serait oublié des nouvelles générations. Au sujet du départ du président Chadli Bendjedid, Ali Haroun confirme une nouvelle fois que l’ancien chef de l’Etat avait « démissionné de son propre gré ». « Si les militaire voulaient se débarrasser de lui, ils n’avaient que deux choix : l’assassiner ou l’emprisonner », a-t-il estimé.
Essaïd Wakli