Pour Ali Haroun, l’affaire n’engage pas le général Khaled Nezzar “intuitu personae”, mais en tant que responsable politique de l’époque, il revient donc à l’État algérien d’assurer la défense.
L’élan de solidarité avec Khaled Nezzar qui a commencé à être exprimé par certains responsables algériens, depuis la dernière décision de la justice suisse de rejeter son immunité le 28 juillet dernier, s’est poursuivie hier, par la sortie de l’avocat Ali Haroun, un des cinq membres du Haut-Comité d’État (HCE) dont faisait partie également l’ancien ministre de la Défense. Pour Me Ali Haroun, la désormais “affaire Khaled Nezzar”, est “une affaire qui engage l’État algérien et non pas l’ancien ministre personnellement”. “Pour moi, Khaled Nezzar n’a pas agi à titre personnel, mais il avait un poste très important de co-chef d’État. Maintenant, il s’agit de savoir si un État étranger a le droit de s’immixer et intervenir dans la politique interne de l’Algérie. Le problème, c’est qu’à mon avis, le prétexte de défense des droits de l’Homme, (avancé par les Suisses), est déjà en soi une immixtion dans la politique intérieure de l’Algérie. Donc, pour moi, c’est déjà quelque chose d’inadmissible parce que cela va du respect de la souveraineté des États”, a jugé Me Haroun que nous avons interrogé sur cette question précise, hier en marge d’une rencontre qu’il a animée au Forum El Moudjahid, à l’occasion de la célébration du 54e anniversaires des opérations Mourepiane menées dans la nuit du 24 au 25 juillet 1958, par les militants FLN émigrés en France. Néanmoins, le membre de l’ancien HCE a laissé entendre que cette affaire “ne fait que commencer et qu’elle reste encore confuse. La justice suisse estime que l’affaire est valable dans sa forme, mais c’est à l’État algérien d’étudier cette affaire, et de décider d’accepter ou de refuser la procédure. Je répète encore une fois que ce n’est pas une affaire personnelle de Khaled Nezzar, mais c’est bien l’affaire de l’État algérien”. Pour rappel, l’ancien ministre de la Défense avait été arrêté à Genève le 20 octobre 2011, alors qu’il était en voyage pour des soins. Il était question pour lui, avait-il révélé, de traiter son addiction au tabac.
Le général avait été appréhendé et placé en garde à vue pendant près de deux jours à la suite d’une dénonciation de l’association suisse de lutte contre l’impunité, Trial, et de plaintes déposées par deux Algériens installés en Suisse, avant qu’il ne soit élargi après avoir pris l’engagement de participer à la procédure. Mais cette première instruction allait vite être suspendue à la suite du recours de Khaled Nezzar qui la contestait au nom de “l’immunité liée à ses fonctions de haut responsable d’État et au nom de la non-ingérence dans les affaires algériennes”. L’affaire connaîtra toutefois un rebondissement le 28 juillet dernier, suite à la décision de la justice suisse de rejeter son “immunité”. Et ce n’est qu’à partir de cette date que les premières réactions ont commencé à apparaître en Algérie.
Les soutiens au général émaneront successivement du parti de Amara Benyounès, MPA, du FLN, puis des responsables de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), et de l’UGTA, en l’occurrence Farouk Ksentini et Abdelmadjid Sidi-Saïd.
F A