Après six années de détention, le général-major à la retraite et ancien candidat à la présidentielle, Ali Ghediri, a quitté ce jeudi 12 juin 2025 la prison de Koléa. Un départ discret qui met un terme à une des affaires politico-judiciaires les plus sensibles de l’ère post-Bouteflika.
Ali Ghediri avait été incarcéré en juin 2019 dans le sillage du Hirak, ce soulèvement populaire pacifique qui a conduit à la démission du président Abdelaziz Bouteflika.
Il avait alors accordé une interview au journal francophone El Watan, dans laquelle il appelait l’institution militaire à assumer ses responsabilités pour garantir une transition constitutionnelle sans prolongation du mandat présidentiel.
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Ces propos, jugés par les autorités comme un appel à l’ingérence militaire dans la politique, lui ont valu une accusation lourde : « contribution en temps de paix à affaiblir le moral de l’armée dans le but de nuire à la défense nationale ».
Une affaire judiciaire à rebondissements
Le procès d’Ali Ghediri a connu plusieurs étapes. En janvier 2022, la Cour d’appel d’Alger le condamne à quatre ans de prison ferme.
Mais la Cour suprême annule ce jugement en octobre de la même année, pointant des irrégularités de procédure, notamment une incompatibilité de grade entre le juge et l’accusé, ancien officier supérieur.
En mai 2023, une nouvelle sentence tombe : six ans de prison ferme, confiscation de biens et privation de ses droits civils et politiques pendant dix ans.
Malgré un ultime recours introduit devant la Cour suprême, le verdict est confirmé en mars 2025, rendant définitive sa condamnation.
Pour Me. Nabila Slaïmi, membre de son collectif de défense, « Ali Ghediri a affronté ces années d’emprisonnement avec dignité, courage et une foi inébranlable en ses convictions ».
Un militaire devenu symbole politique
Officier de carrière, Ali Ghediri a marqué l’histoire contemporaine de l’Algérie en étant l’un des rares militaires de haut rang à s’être engagé en politique, se portant candidat à la présidentielle avortée d’avril 2019.
Son initiative, inédite dans un pays où l’armée joue un rôle central, a suscité autant d’enthousiasme que de méfiance. Son discours, souvent tranchant, appelait à la refondation de l’État sur des bases démocratiques.
Son incarcération a été perçue par une partie de l’opinion comme un signal d’intimidation envers toute tentative de remettre en question les équilibres traditionnels entre pouvoir civil et militaire.
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Une nouvelle page à écrire ?
À sa sortie de prison, aucune déclaration officielle n’a été faite par Ali Ghediri, laissant place à toutes les spéculations.
Certains observateurs s’interrogent sur ses intentions : reviendra-t-il sur la scène politique, fort d’un capital symbolique renforcé par son parcours carcéral, ou choisira-t-il le retrait définitif après cette épreuve personnelle et politique ?