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Le candidat Ghediri, qui croyait convaincre les Algériens par sa simple carte de visite, a péché par ignorance de la chose politique et médiatique. Il a surtout commis l’erreur fatale de n’avoir pas potassé son sujet avant de s’adresser aux électeurs.
Un discours plutôt décousu, des réponses trop brèves, une inconsistance dans l’argumentaire et une absence totale de ce qui pourrait être un programme électoral. Pour sa première sortie publique, Ali Ghediri n’a pas brillé par une quelconque éloquence, et encore moins par un sens inné de la politique.
L’homme, qui attendait «patiemment» les questions des journalistes pour y répondre de manière quasi télégraphique, donnait la nette impression de n’avoir pas grand-chose de spécial à dire. Même les temps de silence qui séparaient les questions des réponses ne relevaient pas de la concentration qu’on est censé attendre d’une personnalité s’adressant à l’opinion nationale à travers ses intervieweurs.
Il s’agit plutôt d’instants d’hésitation, comme si les questions posées ne méritaient pas vraiment des réponses fouillées, une sorte d’entrée en matière, des propos légers et circonspects avant d’aborder des sujets de fond. Le problème dans l’entretien que le candidat à la candidature a accordé à la web-radio du Huffpost, tient dans le fait que toutes les questions ont reçu le même type de réponse. Comme si l’ex-général-major n’avait aucun message particulier à faire passer.
Des personnalités rompues à la politique auraient transformé toutes les questions des journalistes en autant d’occasions pour dérouler leurs messages aux Algériens. Le verbe et le sens qu’il peut avoir, étaient, il faut bien le dire, absents du discours du candidat à la candidature, dont le programme semble tenir en un seul slogan, celui d’une «rupture sans reniement». Ali Ghediri explique cela par une «révolution politique», dont on ne sait rien du tout. Et pour cause, dans ces réponses concises, l’ancien officier supérieur de l’ANP se contente d’énoncer des généralités, évitant de donner le moindre point de vue ou autre début d’un éventuel programme sur des questions qui relèvent des équilibres des institutions de la République. 2e République, régime parlementaire ou semi-présidentiel et autres aspects de l’exercice du pouvoir sont éludés. De même pour des questions de gouvernance liées à l’économie ou à l’administration. Pour Ali Ghediri tout se mettra en place, lorsqu’il aura pris ses fonctions à El Mouradia.
Passer plus de 40 minutes face à deux journalistes, pour ne rien dire, c’est ce qu’a réussi le candidat Ghediri. En définitif, on ne retient absolument rien de cette première prestation médiatique, à part que l’homme semble ne pas être assez bien conseillé. On retiendra qu’il est allé à la rencontre des Algériens, sans avoir préparé son rendez-vous. Son entourage ne l’a briefé sur aucun sujet de l’heure. Il n’a visiblement pas pris au sérieux, ou alors ses conseillers n’ont pas jugé utile de «l’armer», pour sa première confrontation avec les médias. Pis encore, l’entretien qui a été annoncé la veille de sa diffusion sur Internet ne semble pas avoir été visionné au préalable. Des conseillers politiques dignes de ce nom auraient découvert l’absence de toute consistance dans son discours. N’importe quel candidat aurait pu tenir les mêmes propos que ceux de Ali Ghediri. Son parcours professionnel l’a plus desservi qu’autre chose, en ce sens que les Algériens s’attendaient à plus de sérieux et de prestance d’un ancien officier, qui plus est, bardé de diplômes.
Le candidat Ghediri qui croyait convaincre les Algériens par sa simple carte de visite a péché par ignorance de la chose politique et médiatique. Il a surtout commis l’erreur fatale de tout novice, en estimant qu’il n’est pas besoin de potasser son sujet avant de s’adresser aux électeurs. Ces derniers attendaient un potentiel président, un homme qui parle leur langage qui les comprend, mais plus encore, qu’il apporte la preuve de sa proximité avec les petites gens. Mais la distance, plus que visible d’ailleurs, que Ali Ghediri a mis entre lui et l’électeur moyen, en expédiant des thèmes importants, ne travaille pas sa popularité et encore moins son image de présidentiable. Les dizaines de milliers de citoyens qui ont visionné la vidéo postée, hier, sur Internet auront certainement raison d’être déçus par une prestation très en dessous de ce qu’elle doit être pour pareille circonstance.