« Ali Boumendjel: une affaire française, une histoire algérienne » tranche avec le récit officiel » sur la Révolution

« Ali Boumendjel: une affaire française, une histoire algérienne » tranche avec le récit officiel » sur la Révolution

La biographie du martyr Ali Boumendjel, élaborée par l’historienne Malika Rahal, révèle l’itinéraire d’un nationaliste qui tranche avec le récit « idyllique » officiel sur la Révolution algérienne, a estimé samedi à Alger l’historien algérien, Dahou Djerbal.

Pour Dahou Djerbal, professeur d’histoire à l’Université de Bouzaréah qui animait une rencontre avec Malika Rahal autour de son dernier livre « Ali Boumendjel: Une affaire française. Une histoire algérienne » éditée par Barzakh, ce récit biographique « offre des éléments de réflexion, parfois provocateurs, qui tranchent avec le récit idyllique qui lie la martyrologie officielle à la seule trajectoire de l’Etoile Nord-africaine (ENA), du Parti du peuple algérien (PPA) et de l’Organisation spéciale (OS) ».

C’est dans ce sens que l’historien situe le travail de Malika Rahal, professeur d’histoire à l’Université de Nottingham au Royaume-Uni, sur l’ancien militant de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbés, Ali Boumendjel, mort sous la torture infligée par les parachutistes du général Massu.

Ainsi, l’animateur de cette rencontre en compagnie de l’auteur du livre sur Ali Boumendjel, a souligné que les premiers martyrs de la Révolution à Alger au début de l’année 1955, n’appartenaient pas tous à la lignée de l’ENA, du PPA et de l’OS, du fait, a-t-il expliqué, qu’il y avait des martyrs issus du Parti communiste algérien (PCA), de l’UDMA, voire même de l’aile messaliste du mouvement national.

Il a souligné, en outre, que l’assassinat de Boumendjel, le 26 mars 1957, relaté dans l’œuvre de Malika Rahal, « n’est pas le produit du hasard », dans la mesure, a-t-il estimé, que la France colonialiste « voulait décapité l’Algérie en la privant de son élite politique ». C’est dans ce cadre que Djerbal a cité les cas de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi par les parachutistes d’Aussares et de Abane Ramdhane et d’autres intellectuels et politiques algériens, durant la guerre de libération nationale.

L’auteur du livre a reconnu, pour sa part, son « incapacité » à restituer dans les détails la rencontre de Abane Ramdhane et Ali Boumendjel dès le début 1955. Elle se limitera à dire, pour restituer cette période charnière de la guerre de libération nationale, que cette rencontre a eu lieu au moment où Abane Ramdhane cherchait à « donner un contenu politique à l’insurrection algérienne ».

Ali Boumendjel fut le premier avocat engagé dans le combat pour l’indépendance à être assassiné par l’armée français. Il fut arrêté à Belouizdad (ancien Belcourt), le 8 février 1957, sur son lieu de travail par les parachutistes. Sauvagement torturé pendant les 43 jours de sa détention, il a été achevé le 23 mars 1957 par le commandant Aussares, sur ordre de Massu.

Frère du célèbre avocat du FLN, Ahmed Boumendjel, ce militant de l’UDMA, a eu une activité politique intense. Il a collaboré au journal L’Egalité, fait partie des Amis d’Alger Républicain et a été militant du Conseil mondial de la paix.