Ali Bey Nasri, président de l’association des exportateurs algériens “Aucun accord commercial ne profite à notre pays”

Ali Bey Nasri, président de l’association des exportateurs algériens “Aucun accord commercial ne profite à notre pays”

Liberté : Quelle évaluation faites-vous, aujourd’hui, des exportations algériennes hors hydrocarbures ?

Ali Bey Nasri : Malgré tout ce qui se dit chez nous, je considère que jusqu’à présent les exportations hors hydrocarbures ne constituent pas une priorité pour les pouvoirs publics. La preuve est que même le conseil national consultatif de promotion des exportations, présidé par le Premier ministre et qui existe depuis 2004, n’a à ce jour pas été installé.

Sur le terrain, nous avons constaté que les exportations ont été multipliées par trois depuis 2000, elles sont passées de 9 milliards de dollars à 55 milliards, alors que les importations ont été multipliées par six pour passer de 22 milliards à 65 milliards pour la même période.

Donc les importations ont augmenté deux fois plus que les exportations. Aucune mesure n’a été prise par conséquent par les pouvoirs publics. Jusqu’à quand on sera dans l’inaction ?

Qu’en est-il de l’apport des accords commerciaux signés par notre pays ?

Aucun accord ne profite à notre pays, au contraire c’est souvent une source de perte fiscale. Désormais, il est temps d’agir afin que notre pays mette en place une vision d’intégration globale dans l’économie mondiale ; il faut définir sur quel secteur l’Algérie doit s’appuyer pour développer une politique tournée vers l’importation cela peut concerner l’agriculture, le tourisme, les services, etc. Il est urgent de se concerter pour définir une stratégie. Il faudrait que l’Algérie s’attache à fair respecter aux pays partenaires tous les articles contenus dans les accords et de défendre ses exportateurs quand ils sont exposés à des obstacles non tarifaires.

Pour autant il est impératif d’étoffer les services en charge du commerce extérieur et de former de véritables spécialistes capables de défendre les intérêts nationaux dans le cadre des accords signés. Compte tenu de la complexité du commerce international, le nombre des exportateurs est en déperdition, il est passé de 600 à 491 exportateurs, dont 10 représentent 10% des exportations, alors que la Tunisie compte quelque 5000 exportateurs. Cette déperdition s’explique par les difficultés que rencontrent souvent les exportateurs algériens. Je cite entre autres l’absence de logistique du fret, l’archaïsme de la réglementation des changes, un environnement pénalisant, outre que l’activité d’exportation reste sous la menace de sanction pénale.

F. A.