Le président de Talaie El Houriat, Ali Benflis, a dressé un tableau noir de la situation générale du pays. Dans une conférence de presse animée aujourd’hui, l’ancien chef de gouvernement et ex-candidat à la présidentielle, a affirmé que le pays est dans une impasse politique porteuse de dangers.
« Lorsque nous établissons ces constats, nous ne faisons que nous acquitter d’un devoir de vérité envers nos concitoyennes et nos concitoyens ; c’est là une responsabilité qui pèse sur nous et nous entendons l’assumer avec honnêteté, avec objectivité et avec la rigueur qui se doit » a-t-il souligné tout en précisant que la situation de notre pays n’est ni désespérée ni sans issue ou impossible à redresser. Ali Benflis dit ainsi tenir le langage de vérité et regrette que certains lui reprochent de verser « dans l’alarmisme et d’investir dans la peur ».
Le président de Talaie El Houriat insiste sur cette impasse politique qui existe et qui n’est nullement le fruit de l’imagination de son parti. « Qui d’entre nous ne voit pas que le pays n’est plus géré, qu’il n’y a plus de vision de son devenir, qu’il n’y a plus de projet national qui le rassemble et qu’il n’y a pas de perspectives qui lui sont ouvertes ? », a-t-il demandé devant un parterre de journalistes. Pour Ali Benflis, « le véritable défi politique du moment est là, il n’est pas ailleurs ».
Elections biaisées
Le président de Talaie El Houriat estime que le pouvoir, « à défaut de nous rassembler pour relever ce défi », nous propose la tenue d’élections qui « porteront comme d’habitude la marque infamante de la tricherie politique et de la fraude électorale ». « Cela est connu de tous et si nous avions encore quelques illusions, les deux lois organiques sur le régime électoral et sur l’instance de surveillance des élections sont venues les effacer définitivement de nos esprits.

En effet, ces deux lois n’ont rien fait d’autre que de venir aménager deux pépinières luxuriantes pour la poursuite de la tricherie politique et de la fraude électorale », a-t-il soutenu, en s’interrogeant : « Dans de telles conditions, quel bien pour le pays peut-on attendre d’un recours aux urnes d’où sortira non pas la volonté irrécusable du peuple mais seulement la volonté de la machine politico-administrative qui se sera substituée de manière arbitraire, de manière frauduleuse et en violation des règles les plus élémentaires de l’éthique politique ?
Dans notre système politique, les élections n’ont au fond qu’une raison d’être : celle d’actualiser périodiquement la distribution par l’appareil politico-administratif des quotas électoraux entre les forces politiques participantes en fonction de leur docilité ou de leur indocilité. Il ne faut attendre des élections telles qu’elles se déroulent dans notre pays rien de plus et rien de moins ». Pour Benflis, « le régime politique en place tiendra les élections qu’il veut, dans les conditions qu’il veut et selon les règles faussées qu’il a lui-même imposées unilatéralement et arbitrairement ».
Quel intérêt ?
Autrement dit, les prochaines élections ne seront pas transparentes. A bien comprendre les propos d’Ali Benflis, il serait vain de participer à ces élections qui ne vont pas refléter le choix du peuple. « Mais au lendemain de ces élections qu’y aura-t-il de bien nouveau et qu’y aura-t-il de bien profitable pour le pays ?
La désaffection de nos concitoyennes et de nos concitoyens à l’égard de la politique n’en sera que plus grande. Aux présentes institutions illégitimes et non représentatives succéderont d’autres institutions aussi illégitimes et non représentatives. A des institutions auxquelles nos concitoyennes et nos concitoyens n’accordent ni crédit, ni confiance succèderont d’autres institutions auxquelles ils n’accorderont toujours pas de crédit ou de confiance », a-t-il affirmé.
Ces élections, selon l’ex-candidat à la présidentielle, vont permettre au régime politique en place de gagner un répit et de différer l’heure du changement que le pays attend. Mais Ali Benflis assure que son parti n’a pas tranché encore sur la question de participation aux prochaines législatives. Il précise que la décision revient au comité central.
« Le programme du Président n’existe pas »
Le président de Talaïe El Houriat décrit, par ailleurs, une situation économique désastreuse, qui va de pire en pis. Il considère que le gouvernement n’a aucune stratégie pour gérer la crise et que le programme dit « présidentiel » n’existe pas. « L’on ne peut pas construire une stratégie de sortie de crise sur des contre-vérités.
Vous entendez souvent parler de soutien au programme du Président de la République. Ce programme n’existe tout simplement pas actuellement et s’il existe, il doit alors relever des secrets d’état les mieux gardés. J’ai un conseil amical à vous donner : à la prochaine occasion, lorsque l’un de vos interlocuteurs vous entretiendra de son soutien au programme du Président de la République, demandez-lui une copie de ce programme et vous constaterez qu’il sera bien embarrassé de ne pouvoir répondre à votre demande », a-t-il conclu.
M.M