La réponse est sans concession, Ali Benflis, ancien candidat à la présidentielle, tire à boulets rouges sur le clan au pouvoir et qualifie la réforme de la constitution de simple manœuvre. Communiqué
Le message présidentiel rendu public à l’occasion de la célébration du 61e anniversaire de la glorieuse Révolution de Novembre n’a pas d’autre dessein inavoué que de donner un second souffle à cette manœuvre dilatoire et à cette entreprise de diversion qui durent depuis près de quatre ans.
Ma position sur le projet de révision constitutionnelle en question n’a pas changé d’un iota. Elle demeure telle que je l’ai signifiée aux promoteurs de cette initiative au moment même où ils m’ont invité à y apporter ma contribution en tant que personnalité nationale. En effet, aucun développement nouveau n’est intervenu pour m’amener à réviser mon opinion et à changer d’attitude à l’égard de ce projet.
Je le considère toujours comme destiné essentiellement à assurer la pérennité du régime politique en place, en dépit de tous ses échecs et de tous les torts qu’il a causés et cause encore au pays, et non à offrir des perspectives de règlement à la crise globale dont toute la Nation subit au quotidien les retombées dommageables du fait d’un système politique devenu synonyme de stagnation, d’immobilisation et de défaillance.
Les constantes de ma position n’ont pas varié et ne pourront varier aussi longtemps que le projet de révision constitutionnelle dont il s’agit n’aura pour autre but que de faire obstacle et de différer l’indispensable modernisation de notre système politique et la non moins indispensable rénovation économique et sociale de notre pays. Il est entendu pour moi que cette double ambition nationale restera hors d’atteinte aussi longtemps que perdurera la crise de régime actuelle.
Dans de telles conditions, je demeure intimement persuadé que la vacance du pouvoir et l’apparente occupation du centre de décision national par des forces extraconstitutionnelles n’offrent absolument pas les meilleures conditions pour une révision constitutionnelle quelle qu’elle soit. Je demeure, aussi, entièrement convaincu qu’un pouvoir illégitime que la fraude a transformé en pouvoir de fait ne fait qu’instrumentaliser la loi suprême de la République à des fins personnelles de pourvoir et de convenance pour des intérêts catégoriels étroits. J’estime, en outre, que le mal profond dont souffre le pays n’est pas dans sa Constitution mais bel et bien dans son régime politique.
En vérité avec la survivance d’un système politique tel que le nôtre, l’œuvre constitutionnelle la plus accomplie serait de nul effet et de nul impact sur le traitement et le règlement de la crise de régime actuelle qui met en péril la pérennité de l’Etat national et compromet les perspectives de développement économique et social du pays. Enfin, j’ai l’absolue certitude que la nouvelle Constitution dont le pays a besoin devra être l’œuvre d’institutions légitimes, représentatives et dûment mandatées par le peuple souverain de même qu’elle devra nécessairement s’inscrire dans le cadre du traitement et du règlement global de cette crise de régime et à travers l’ouverture d’un processus de transition démocratique qu’il est dans l’intérêt vital du pays de ne plus différer. Les ravalements de façade qu’annonce le projet de révision constitutionnelle ne vont pas dans ce sens et sont loin de représenter la panacée à cette crise de régime qui coûte tant au pays.
L’Algérie a certes besoin d’une démocratie apaisée et nul ne saurait en disconvenir ; mais elle a besoin, plus que tout, d’une démocratie non faussée. Et c’est dans la trajectoire d’une démocratie toujours faussée que s’inscrit ce projet de révision constitutionnelle.