«Le régime politique algérien est inclassable, sans équivalent parmi les régimes constitutionnels connus dans le monde.»
L’allocution prononcée par le président de Talaiou El Hourriyet, Ali Benflis, au rassemblement régional tenu hier à Chlef, a été consacrée au système politique et à l’impérieuse nécessité de sa refondation à travers une transition démocratique consensuelle, ordonnée et apaisée. Il a rappelé que «dans le cadre de la préparation de son Livre blanc, appelé le coup de force constitutionnel du 7 Février 2016, les juristes et en particulier les experts en droit constitutionnel, en droit public, en sciences politiques et en sociologie politique du parti ont conclu que «le régime politique algérien est inclassable, sans équivalent parmi les régimes constitutionnels connus dans le monde».
«Il n’est ni présidentiel, ni présidentialiste, ni semi-présidentiel, ni parlementaire ni d’assemblée», estime-t-on. En fin de compte, le régime politique algérien est qualifié «d’hyperprésidentialiste». Ce régime politique, singulier est bâti sur le culte de «l’homme providentiel».
De ce fait, note-t-il «le pays n’a jamais connu de tels excès et une telle dérive étrangère à nos valeurs et à notre conception du gouvernant». «Le pays n’a jamais vécu pareille situation, où un homme seul est placé au-dessus de l’Etat, de la nation, de la société, de la Constitution et des lois», est-il relevé. Ce culte de l’homme fort a abouti, selon lui à «la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’une seule personne qui n’est pas en mesure de les assumer dans leur intégralité». Les institutions de l’Etat, quant à elles, ne sont plus que «des excroissances ou des dépendances au service exclusif du Zaïm». Autour de lui «gravitent des clientèles politiques, économiques et sociales, donnant à celui-ci la fausse impression qu’il est efficacement relayé dans toute la société».
De ce fait, ajoute-t-il, «le pouvoir personnel n’accepte pas de contre-pouvoir, de contrôle et de rendre compte à qui que ce soit». Toutefois, «l’illégitimité et la non-représentativité» sont d’autres maux dont souffre le système politique algérien.
De même qu’il souffre de «l’absence d’un projet national mobilisateur et rassembleur». Dans ce système, «on n’y trouve ni séparation ni équilibre des pouvoirs, mais seulement une extrême concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme».
Or, «l’Algérie attend toujours sa modernisation politique car la dernière révision constitutionnelle n’a en aucune manière mis fin à ses archaïsmes». Le pays, poursuit-il «attend toujours la naissance de l’Etat de droit où la citoyenneté serait réhabilitée, où la souveraineté populaire serait respectée, où les libertés et les droits seraient protégés, où le gouvernant serait responsable et comptable de ses actes, où la Constitution et les lois seraient inviolables et où l’Etat serait garant de l’intérêt général et non celui d’intérêts particuliers».
Sur le plan économique, il est souligné que «la gouvernance actuelle a reproduit les mêmes erreurs et conduit aux mêmes échecs». Bien plus que cela: «Alors qu’elle avait à sa disposition une manne financière sans précédent, elle a privé le pays d’un décollage économique.» L’impasse politique et la faillite économique auxquelles le régime politique en place a conduit le pays «ne sont pas sans conséquences au plan social», a-t-il mis en garde. Dès lors, le redressement et le renouveau du pays ne s’accompliront pas sans «la transition démocratique». «Seule la transition démocratique verra la fin de l’immobilisme, de la stagnation et de la régression.» Il faut savoir, dit-il, que «la pérennité du régime politique en place est synonyme de l’échec répété et des reculs renouvelés».