A la salle Belkacem Nait Belcacem et après s’être fait passer un burnous sur les épaules, Ali Benflis entame son discours en disant que cette wilaya avait cette particularité d’avoir donné beaucoup de ses enfants pour la libération du pays. Sans trop s’attarder sur le sujet, il a préféré s’adresser aux jeunes qui composaient la majorité des présents à la maison de la culture.
« Où la solution sera l’œuvre des jeunes ou c’est la perpétuation de la crise dont seront responsables les jeunes », lance Ali Benflis. Il n’en fallait pas plus pour que l’assistance réponde par « Nous voulons le changement ! ». Le candidat aux prochaines présidentielles précisera qu’il avait mis dix ans pour préparer le programme qu’il présente aujourd’hui au peuple algérien, non sans avoir au préalable sillonné le pays pour s’enquérir de la situation de chaque wilaya et demander conseil à ceux qui ont plus d’expérience que lui.
Commentant le plein qu’il fait à chacun de ses meetings, l’ex-chef du gouvernement dira : « Je récolte aujourd’hui ce que j’ai semé hier », convaincu de sa victoire le 17 avril prochain. « Les jeunes d’aujourd’hui sont ceux de facbook, twiter et internet. Ils refusent le discours officiel parce qu’il est vide, stérile et archaïque. Dès lors il n’y a pas d’autre issue que de remettre le flambeau aux jeunes intellectuels et hommes de savoir, sinon ce sera l’absence de perspectives, la drogue, la hargua et la fitna ». Or, les Algériens veulent le changement qui ne peut venir que par l’urne, a-t-il indiqué.
Le candidat refuse de se résigner au fait que les élections sont fermées. « Qui les a fermées, qui détient la clé pour les ouvrir ou les fermer ?, s’est-il interrogé avant d’apporter la réponse : « C’est à nous tous de les ouvrir ! ».
Ali Benflis fustigera les tenants du discours selon lequel l’Algérie va bien et qu’il ne faut rien changer sous peine de compromettre sa stabilité. Tout en précisant que l’Algérie est partagée entre boycotteurs et participants. Et de renchérir qu’elle ne s’en sortira que par la démocratie. « Une démocratie qui a des règles universelles, nous n’aurons rien inventé. L’administration, avec toutes ses composantes, doit être neutre. Car elle représente la continuité de l’Etat et la pérennité des institutions », a affirmé le candidat.
Ali Benflis reviendra sur les engagements contenus dans son programme électoral, notamment en ce qui concerne la réhabilitation de la Cour des comptes et l’élargissement de ses prérogatives au contrôle de la gestion de la présidence de la République. Car, a-t-il expliqué, même le président de la République doit être révocable ». Toutefois, il ne précisera pas les mécanismes qu’il compte mettre en œuvre pour ce faire.
Enfin, le candidat fera dans la pédagogie en expliquant à l’assistance comment il faut protéger ses voix et contrôler les bureaux de vote. Comment s’assurer que le nom du candidat qui figure sur le bulletin de vote soit montré aux contrôleurs, signer les procès-verbaux et en prendre une copie lors de l’opération de dépouillement. « Ainsi, l’on connaîtra les résultats en temps réel », précise le postulant pour la deuxième fois à la magistrature suprême. Et M. Benflis d’avertir : « Si fraude il y a, elle sera le fait de ceux qui l’ont instituée. Car la fraude s’apparente d’une violation de domicile». Invitant ses partisans à être vigilants, il lancera : « le vent des libertés va bientôt souffler».
La veille, le candidat avait animé, très tard dans la soirée, son troisième meeting à Djanet, dans la wilaya d’Illizi. Devant une foule qui l’attendait depuis plusieurs heures, Ali Benflis a promis à la population un découpage administratif qui prenne en considération le vaste territoire qu’est Illizi. Mais aussi de rouvrir l’ensemble des agences de voyages qui ont été fermées.
A ce sujet, il ne manquera pas de critiquer les pouvoirs publics lesquels, a-t-il dit, sous prétexte de raisons de sécurité ont étouffé le tourisme dans la région en encadrant les étrangers, en leur mettant des bâtons dans les roues pour l’obtention des visas. Sur le plan commercial, Ali Benflis critiquera l’interdiction des autorités des échanges entre la wilaya et les pays frontaliers et dont le troc constituait la principale ressource.
De notre envoyée spéciale à Tiaret et Tissemsilt Faouzia Ababsa