Le chercheur et spécialiste des mouvements islamiques, Ali Abdelal, considère que de plus hauts responsables de l’armée égyptienne qui ont refusé le coup d’Etat contre Morsi et la tuerie qui fait plusieurs morts parmi les partisans de ce dernier, vont sortir de leur mutisme et afficher leur position si la situation persiste.
Le président par intérim, Adly Mansour, a insisté lors de son discours prononcé récemment sur la réconciliation. Y a-t-il des indices montrant que le pays va aller de l’avant dans la réconciliation?
Il n’y a pas d’indices sur la réconciliation dans le pays. Le président ,désigné par les opposants ayant mené le coup d’Etat, qui appelle à la réconciliation, a-t-il oublié qu’il était refusé par la majorité des Egyptiens. Mêmes les partis politiques appelés à la réconciliation ont dit ainsi et ils posent comme condition le retour de Morsi. Une fois il revient, on pourrait parler alors de la réconciliation.
Ne pensez-vous pas que la question était tranchée, et que les Frères musulmans n’ont qu’à accepter ce scénario?
Dire que les opposants de Morsi ont réalisé d’importantes avancées sur le terrain est faut. En vérité, l’armée égyptienne vit une situation angoissante sans précédent. Il y a de hauts gradés de l’institution militaire qui étaient contre ce qui se passe en Egypte, lesquels suivent de tout près les événements . En outre, les rassemblements et les manifestations que connaissent plusieurs gouvernorats du pays ont chamboulé les cartes des putschistes qui croyaient que les manifestations s’arrêtaient au bout d’une semaine.
Qu’est-ce que signifie, selon vous, cette situation d’inquiétude au sein de l’Armée?
Le ministre de la défense, Abdel Fattah Al-Sissi et la général-major, Sedki Sobhi, n’ont toujours pas rencontré les autres hauts responsables de l’armée depuis le coup de force du 30 juin dernier. Le 10e jour du Ramadhan, l’institution militaire a annoncé que Abdel Fattah Al-Sissi avait prononcé un discours devant l’armée, ce qui était faux. D’ailleurs, après avoir été découvert qu’il s’agissait d’une vidéo montée, l’armée s’est mise à s’excuser de cette gaffe.
Selon certaines informations qui circulaient, l’armée suivait de tous près la scène et si les troubles persistent, ces derniers ne devraient pas se taire. De plus, la détention de Cheikhs et oulémas égyptiens, comme ce fut le cas avec le mufti de la République, n’était guère du go$ut de plusieurs leaders de l’armée et autres éminentes personnalités égyptiennes qui ont pris part aux manifestations pro-Morsi. Pour sortir de l’ornière, les putschistes n’ont trouvé d’autres solutions que d’aller négocier avec Morsi qui refuse et reste patient…
Qu’est-ce que les Frères musulmans ont obtenu après le renversement de Morsi?
Il faut affirmer une chose là-dessus, c’est que la question ne concerne pas uniquement les Frères musulmans. D’ailleurs, ceux qui sont sortis dans la rue appartiennent aux différentes factions, dont ceux qui appartiennent aux partis d’Al-Wassat (centre), Al-Assala (authenticité), Al-Raya (emblème) ainsi que les partisans de Hazem Abu Ismail. Nous ne pouvons dire que les millions de manifestants qui manifestent dans la rue sont issus du mouvement des Frères musulmans, sinon il ne serait pas faux de dire que les Egyptiens sont à 100% des Frères musulmans.
Que représente pour les partisans Morsi le soutien que lui a apporté par Cheikh Youssef Al-Qaradaoui?
Les positions du Cheikh Al-Qaradaoui du régime de Morsi sont connues. Il a appelé à le soutenir en manifestant pacifiquement. Ce qui a motivé davantage les manifestants à faire face aux putschistes qui sont eux-mêmes tombés dans le piège qu’ils ont tendu à Morsi.
Quelle lecture faites-vous de la position des Etats du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis?
Les positions régionales et internationales semblent être favorables au coup d’Etat contre Morsi. D’ailleurs, les aides financières accordées par le Koweït, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Tous ces pays manifestent une grande haine aux Frères musulmans. Que signifie le soutien turco-qatari à Morsi par rapport à l’implication internationale dans le complot contre Morsi. Un complot que seuls le peuple est à même de le déjouer.