L’Algérien exécuté en Irak le 9 octobre dernier fait-il partie de la vague des départs de centaines de jeunes algériens pour le « Djihad » en Irak sous l’approbation d’Abdelaziz Bouteflika? L’ambassadeur d’Irak a été convoqué jeudi au ministère des A.E sur la question des ressortissants algériens détenus dans ce pays après la chute du régime de Saddam Hussein.
Aux temps où Bouteflika était ministre des Affaires étrangères.
Suite à l’exécution mardi 9 octobre d’un ressortissant algérien, avec dix autres détenus condamnés à mort pour terrorisme en Irak, l’ambassadeur d’Irak à Alger a été convoqué jeudi au ministère des Affaires étrangères. Selon l’APS, son attention a été « fermement appelée » sur le « manque de coopération » des autorités irakiennes concernées sur la question des ressortissants algériens détenus en Irak, a indiqué vendredi, le porte-parole du MAE, Amar Belani dans une déclaration à l’APS.
« Il lui a été également rappelé ses précédentes rencontres avec le directeur de la protection des nationaux à l’étranger au MAE, ainsi que les différentes demandes officielles de visite consulaire à nos ressortissants détenus, introduites par la partie algérienne conformément aux conventions internationales et qui sont restées malheureusement sans suite », a-t-il précisé.
Alger a condamné cette exécution du ressortissant algérien à l’exclusion des dix autres exécutés pour les mêmes faits. Ces exécutions portent à 113 le nombre de mises à mort en Irak depuis le début de l’année. L’an dernier, l’Irak avait procédé à 68 exécutions. Les appels de la communauté internationale se sont multipliés ces derniers mois pour exhorter Bagdad à envisager un moratoire sur la peine capitale. En janvier, le haut‑commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, avait ainsi appelé l’Irak à l’adoption d’un moratoire en raison d’inquiétudes quant à la transparence des procédures judiciaires.
Cet Algérien exécuté fait-il partie des centaines de volontaires algériens partis « au Djihad » contre les forces coalisées américano-britanniques en 2003 au moment où l’Algérie refusait de s’impliquer dans la traque de Sadam Hussein et ne s’était pas prononcée sur le génocide kurde de 1988 ayant entraîné le même bilan officiel que la décennie noire en Algérie : 200.000 morts. Cette vague de jeunes volontaires algériens en 2003 s’est faite sous la bénédiction d’Abdelaziz Bouteflika qui voyait dans cette ferveur « arabe » une occasion inouïe pour sa deuxième campagne électorale. C’était, en effet, sous la complaisance, voire l’approbation des autorités algériennes, que l’ambassade d’Irak à Alger délivrait des visas à tout-va. Faits prisonniers, nombre d’entre eux ont été livrés pieds et poings liés aux Américains en contrepartie de récompenses offertes sur un barème préalablement établi : 2 500 dollars pour la capture d’un volontaire algérien, 1 500 dollars pour un Syrien et 1 000 dollars pour les autres nationalités (Jordaniens, Libanais, Yéménites, Soudanais, Libyens, Tunisiens). Ce barème aurait été établi en fonction de la dangerosité que représentent les uns et les autres pour les troupes américaines.
Suite à ces arrestations, Alger a gardé le silence et aucune réaction officielle n’a été enregistrée. Ces engagements volontaires applaudis par les autorités algériennes ont soutenus par des manifestations mitigées à Alger et autorisées partout ailleurs dans le pays à l’appel des partis islamistes.
A cette occasion, Andelaziz Bouteflika avait choisi une conférence du Haut conseil islamique (HCI) pour déclarer que « La guerre contre l’Irak défie la légalité institutionnelle » en prenant soin de ne pas citer l’Amérique de Bush. Situé dans ce contexte précis, l’exécution de l’Algérien et de dix autres prisonniers pour terrorisme, au-delà du caractère « opaque » de ces exécutions, relève de la responsabilité d’Abdelaziz Bouteflika dont la politique de concorde civile qui a redonné du poil de la bête aux « appels au Djihad » a sacrifié des centaines de jeunes algériens poussés à ce même « Djihad » pour soi-disant sauver le tyran Sadam Hussein.
Dans la même année, un « émir » d’Al Qaïda, d’origine libanaise, Chehada Djaouhar, alias Abou Omar, un responsable d’Al Qaïda chargé des entraînements des combattants arabes en Irak, a, dans un entretien exclusif avec la chaîne satellitaire Al Arabyia, révélé qu’il a entraîné beaucoup d’algériens à Houditha, en Irak, dans des lieux boisés soigneusement choisis parl’oragisation terroriste d’Oussama Ben Laden afin de ne pas être repérés par les avions d’espionnage américains et que beaucoup de combattants algériens ont reçu des entraînements sur l’utilisation des armes de guerre, telles que les lance-roquettes de type Law, les armes de type Douchka 500 etc. Chehada Djaouhar, alias Abou Omar, faut-il le rappeler a été condamné à mort des dizaines de fois par le tribunal libanais pour appartenance à Al Qaïda, port d’arme de guerre et assassinats.
Cette réaction d’Alger qui s’élève contre l’exécution d’un de ses ressortissant coïncide avec les appels lancés par les associations des droits de l’homme et des familles de disparus durant décennie noire à rouvir le dossier sur les disparitions forcées ou volontaires et à mettre toute la lumière sur les camps de tortures au sud algérien dans lesquels auraient été exécutés sans procès des Algériens…
R.N