Prévention contre les accidents de la route, Les experts plaident pour le retour du permis à points

Prévention contre les accidents de la route, Les experts plaident pour le retour du permis à points

permis_points_119947510.jpgPour réduire les accidents de la circulation qui tuent en moyenne 12 personnes par jour, des experts et des responsables de différentes institutions ont plaidé hier à Alger pour la révision du code de la route et la remise en pratique du permis à points.

A l’occasion du lancement par la Radio nationale de la campagne de sensibilisation contre les accidents de la route, El Hachemi Boutalbi, directeur général du centre national de prévention et de sécurité routière a dressé un constat sur le nombre de morts dus aux accidents de la route durant les 4 premiers mois de l’année en cours.

«Nous avons enregistré 1317 morts sur 12 367 accidents au niveau national», a-t-il précisé lors de la conférence de presse consacrée à ce thème.

Boutalbi a fait remarquer une baisse de 2.5% du nombre de victimes par apport à l’année dernière durant la même période qui a atteint 10 966. «Il y a eu une légère baisse par apport à l’année précédente, mais cela reste insuffisant», a-t-il indiqué, appelant à plus d’effort et d’implication de la société civile et des institutions publiques pour sensibiliser les jeunes sur les dangers de la route.

Parmi les propositions de son département pour réduire les risques d’accident, Boutalbi a cité la révision du système législatif de la route et le retour du permis à points.

«La société change au fil des années et les textes de lois ont besoin d’être révisés en fonction de ce changement», a-t-il fait savoir, ajoutant que «le parc automobile ne cesse d’augmenter, atteignant huit millions cent soixante-trois mille voitures cette année».

Le même responsable a aussi plaidé pour le développement du transport en commun, notamment le tramway et le métro, qui sont, a-t-il affirmé, «les garants de la sécurité routière».

«Il faut fournir aux citoyens des conditions favorables à l’utilisation du transport collectif au lieu de leurs voitures», a-t-il insisté, citant comme exemple les pays qui ont réussi à limiter considérablement les accidents de la route en suivant cette stratégie.

Pour sa part, Naït El Hocine, commissaire à la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a lui aussi axé son intervention sur l’urgence de revoir les mesures de sanction du code de la route et la mise en place du système du permis de conduire à points.

«Ce dispositif est une option indispensable pour réduire le taux de mortalité sur les routes et il a porté ses fruits dans d’autres pays», a-t-il estimé. Le permis à points qui consiste à mettre un certain nombre de points sur le papier rose que l’on peut ôter à chaque infraction permettrait ainsi de servir d’avertissement.

Ce système déjà adopté dans plusieurs pays, notamment en Europe, aurait fait ses preuves. Certes, de nombreux permis sont encore régulièrement annulés, mais la prise de conscience semble être atteinte, puisque le nombre d’accidents dans ces pays a pu ainsi être réduit.

85% des accidents sont dus au facteur humain

Naït El Hocine a rappelé, par ailleurs, que «le système actuel de sanction des mauvais conducteurs est basé notamment sur le retrait immédiat du permis de conduire et le paiement d’amendes forfaitaires».

Le commissaire a estimé que «ce système comportait une injustice vis-à-vis des conducteurs qui commettent, par inadvertance, une infraction pour la première fois, car sanctionnés de la même manière que ceux qui adoptent des comportements déviants».

«Le retrait de permis ne doit pas être systématisé à toute infraction», a-t-il souligné, plaidant pour «l’automatisation du système de sanctions et le renforcement des moyens de contrôle des dépassements sur les routes».

Il a appelé, en outre, à la révision du contenu de la formation des conducteurs et au durcissement des conditions d’accès au permis de conduire, estimant qu’elles sont plus orientées vers la réussite de l’examen et l’obtention du permis que de l’apprentissage. Il en veut pour preuve que la plupart des jeunes qui réussissent l’examen final suivent des cours de perfectionnement pour pouvoir conduire.

«Le permis n’est pas un simple document administratif, il doit attester de la capacité d’une personne à conduire ou non», a-t-il insisté. Même son de cloche du côté de Azouz Latrèche, cadre à la Gendarmerie nationale, qui a mis l’accent sur la nécessité du retour du permis à points.

«85% des accidents sont dus au facteur humain. Les problèmes comportementaux des conducteurs, dont l’excès de vitesse, le manque de formation et le non-respect de la réglementation sont à l’origine des millions de morts sur la route», a-t-il déploré.

Latrèche a également relevé la nécessité de généraliser le chronotachygraphe, un système de régulation du trafic routier des transporteurs. «Cette technologie permet de contrôler la vitesse des conducteurs de poids lourds qui sont à l’origine de graves accidents», a-t-il précisé.

Feriel Arab