Mauvaises prestations, insécurité, retard et absence de commodités Le train de toutes les frustrations

Mauvaises prestations, insécurité, retard et absence de commodités Le train de toutes les frustrations

train algerie.JPGSensée rendre plus fluide le transport des citoyens, notamment les ouvriers qui souffrent le martyre pour joindre leur lieu de travail, la société nationale des transports ferroviaire SNTF fait preuve d’un grand manque de professionnalisme.

Malgré les sommes faramineuses aspirées par le secteur, l’effet domino escompté tarde à venir au grand dam des usagers du train. Sur le terrain, des gares restent sans les moindres commodités d’accompagnement pour les voyageurs.

Il n’y a ni panneaux directionnels, ni d’insignes montrant la destination et les heures du départ des lignes qui desservent les différentes destinations ferroviaires nationales. Souvent, le voyageur est livré à lui-même.

L’absence de structures élémentaires tels que les toilettes, cafés et restaurants, met les usagers dans une véritable gêne. Sur les quais de la SNTF, la nonchalance ravit la vedette aux discours triomphalistes des responsables ayant promis d’assurer un transport de qualité répondant aux normes universelles.

RETARD ET IMPATIENCE

Alors que la réalisation des travaux de l’autoroute est ouest continue de susciter les débats parmi les observateurs, qui ne ratent, désormais, aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur les maîtres d’œuvres de certains tronçons ; bien d’autres réalisations, censées améliorer le quotidien du citoyen, ne donnent pas l’effet escompté. Et pour cause : la mauvaise gestion. Dans les gares ferroviaires, l’on remarque à l’œil nu les négligences et le laisser aller flagrant.

Ce constat a été relevé par de nombreux citoyens pris en otage par le secteur du transport et qui sont victimes du bourreau de l’absentéisme de l’administration et de l’anarchie qui sévit en maître, au niveau des gares ferroviaires, chaque jour que Dieu fait. Hormis les interminables embouteillages et l’insécurité routière qui rendent presque impossible le déplacement des travailleurs et des malades notamment, en cette rentrée jumelée, les transports ferroviaires, réputés pour leur ponctualité, sombrent dans  la nonchalance au grand dam des usagers.

En effet, avec l’introduction de la locomotion électrique, en Algérie, les usagers de la SNTF ont cru à l’espoir des bonnes retrouvailles, l’exactitude des heures d’arrivée et de départ des trains, comme ce fut le cas, durant les premières années de l’indépendance.

Cependant, quelques années après la mise en place de cette nouvelle technologie, le temps a bien fini par désabuser les plus enthousiastes. Leur rêve est réduit en poussière. Le transport ferroviaire est devenue telle une pendule en panne du fait des irrégularités de ses horaires.

Les voyageurs, notamment ceux des banlieues algéroises déplorent les retards répétitifs de la SNTF. Ils en ont ras le bol, disent-il, du niveau de la régression atteint dans ce secteur en dépit des investissements consentis par l’Etat pour faire renaître le train de son hibernation. Des retards d’une demi-heure sont très courants, comme l’affirme un citoyen dépité, rencontré à la gare de l’Hussein-Dey. « Ils peuvent atteindre parfois une heure.

Ça m’est déjà arrivé d’attendre, ici, à l’intérieur de cette enceinte,  prêt d’une heure » déplore-t-il, non sans amertume. Et pour un autre de lui emboîter le pas en disant : « il est presque impossible d’honorer un rendez-vous, à Alger. Le citoyen trouve toutes les peines du monde pour être à l’heure » dira-t-il avant  qu’il ne s’interroge sur un air sarcastique : « faudrait-on louer une chambre d’hôtel, ou se lever à 5 heures du matin pour assurer un engage-           ment ? »

Le même constat a été relevé du côté de la gare ferroviaire de Caroubier, où des citoyens ont accordé leurs violons pour dire non à l’anarchie et aux irrégularités des heures d’arrivée des trains. Le commentaire le plus accrochant était celui d’un quidam, quinquagénaire de son état, qui a soulevé les difficultés des travailleurs qui sont stressés avant de commencer leur travail : « Sincèrement, je préfère plus le transport routier, car il me donne une longueur d’avance.

Tout le monde sait qu’on ne peut presque pas être à l’heure en empruntant un bus, cependant on peut remédier en se levant un peu plus tôt que d’attendre un train qui pourrait trop tarder.

Le train est devenu plus un moyen de tourisme qu’un moyen de transport des ouvriers, ce qui pousse un grand nombre de ces derniers à le bouder carrément » tonnera-t-il.

SERVICE ARCHAÏQUE

L’autre point noir de la SNTF est la médiocrité du service offert aux voyageurs. Que ce soit, en matière d’accueil ou aux guichets, les agents de cette société publique transgressent les citoyens par leurs comportements hideux qui s’inscrivent en porte-à-faux avec les opérations de modernisation dont a bénéficié le secteur.

La plupart des agents de guichets font preuve de comportements indignes et méprisent carrément les voyageurs. Hommes ou femmes, le genre n’a pas d’importance, ils sont en manque flagrant de civisme et leurs comportements sont frappés du sceau de l’incurie. Ce constat a été relevé par de nombreux citoyens qui prennent leur mal en patience à chaque fois qu’il empruntent le train.

Par ailleurs, une tournée dans les différentes gares d’Alger, renseigne, si besoin est, sur la décadence de ce secteur, où l’Algérie détient le plus grand réseau d’Afrique. La SNTF ne livre tous ses secrets qu’une fois avoir passé plus d’une journée dans ses différentes stations.

Les dizaines de milliers qui traversent ces infrastructures font face au manque de commodités les plus élémentaires. Dans la majorité des stations éparpillées sur le territoire, on ne trouve ni toilettes, ni cafétérias, ni encore moins des restaurants ou des fast-food.

Enfin, plus aucun service d’accompagnement des voyageurs n’est consenti par cette entreprise nationale dans l’amélioration du cadre de vie de ses gares ferroviaires. Comme l’ont affirmé certains voyageurs, on ne peut se rendre compte du dilemme que vivent les transitaires que lorsqu’on est pris d’un besoin naturel pressant. A ce moment là, on pourra voir clairement les impertinences dans le service proposé.

INTERMINABLE TUNNEL NOIR

Elles sont très nombreuses les doléances des citoyens. Pourquoi ne pas créer plus de commodités pour les voya-geurs ? »

A l’ombre d’un chômage qui touche des milliers de jeunes, la SNTF pourrait faire travailler des milliers de chômeurs à travers des opérations de sous-traitance des espaces dont elle dispose pour créer, entre autres, des toilettes des cafés et des restaurants.

C’est avant tout un manque à gagner pour l’entreprise elle-même, avant qu’il ne devienne d’un quelconque bénéfice pour résorber le chomage » estime-t-on. Affirmant, carrément, que le rapport entre les investissements consentis par les pouvoirs publics, pour faire renaître de ces cendres le transport ferroviaire, et qualité du service proposé, est lamentable.

Il est temps de penser à réformer les mentalités, à sortir des archaïsmes qui gangrènent le fonctionnement de nos grandes entreprises, pour asseoir une dynamique de croissance tous azimut. Car, le problème de ce chao, selon lui, ne réside pas dans l’aspect quantitatif des investissements, mais dans la formation des ressources humaines à charge d’accompagner le projet.

Kamal lembrouk