Les nouvelles «extravagances » du président Marzouki, Il se venge sur son ambassadeur à Alger

Les nouvelles «extravagances » du président Marzouki, Il se venge sur son ambassadeur à Alger

P140305-15.jpgA Alger, ce diplomate chevronné est comme un poisson dans l’eau.

La nouvelle a vite fait le tour des chancelleries d’abord, puis des ministères et des médias, ensuite: le rappel à Tunis de M.Nedjib Hachana après deux ans seulement à Alger n’a pas fini de surprendre les observateurs de la scène politique. «Si Nadjib» s’est fait beaucoup d’amis à Alger.

Rien qu’aux réceptions données à sa résidence à l’occasion de la Fête nationale, on comptait pas moins d’une quinzaine de ministres algériens dont le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui-même venu rehausser ce rendez-vous annuel. Les ambassadeurs accrédités dans la capitale algérienne ont même fini, avec une pointe de jalousie, par s’interroger sur les raisons du succès de cet ambassadeur «pas comme les autres».

Un ministre algérien, très proche de Bouteflika, fait cette confidence:

«M.Hachana est un grand diplomate. Il a su convaincre tous les dirigeants algériens de se mobiliser pour venir au secours de la Tunisie durant cette période de transition. On ne lui refuse rien. De plus, pour nous, c’est un interlocuteur crédible. Il a abattu un travail titanesque. Le rapprochement entre Alger et Tunis après la révolution, c’est lui. Il a su lever tous les doutes qui ont failli, un certain temps, miner les relations entre nos deux pays, surtout après les malheureuses et nombreuses maladresses commises par le président Marzouki et son Premier ministre, Nahdhaoui Hamadi Djebaïli, à l’encontre de l’Algérie et de ses dirigeants.»

L’artisan du renforcement de la coopération sécuritaire, c’est encore lui. Il a fait la «tournée des grands ducs» algériens pour les convaincre de bouger et de répondre aux demandes pressantes des dirigeants tunisiens de mobiliser des troupes de l’ANP tout le long de la frontière et d’instaurer un échange permanent H24 en matière de coopération sécuritaire et de renseignement pour renforcer de part et d’autre la lutte antiterroriste, notamment après l’agression contre Tiguentourine. A Alger, ce diplomate chevronné est comme un poisson dans l’eau. Cet atout dont rêverait n’importe quel diplomate en poste permettra à notre pays de resserrer les relations avec les dirigeants d’Ennahdha, de Nidaa Tounes lors de la visite de Rached Ghannouchi et de Béji Caïd Essebssi. Le président Bouteflika leur aura réservé le meilleur accueil et a répondu à toutes leurs sollicitations. «Si Nadjib», comme on aime à l’appeler dans le microcosme algérois, a fait bouger toutes les lignes pour pouvoir donner aux Tunisiens la chance extraordinaire de compter sur l’aide et l’appui des Algériens en ces moments difficiles.

L’engagement total d’Alger aux côtés de Tunis, c’est bien lui. C’est son oeuvre et personne n’osera lui contester ce magnifique challenge. Il avait l’oreille des ministres, des généraux et des patrons de médias qui comptent vraiment dans ce pays. Pour preuve? Il a pris sur lui, l’initiative de lancer une grande campagne pour sensibiliser les Algériens à choisir Hammamet et à venir en masse remplir ses hôtels cinq étoiles désertés par les habituels clients des tour-opérateurs. Plus de 800 000 de nos compatriotes ont franchi la frontière avec femmes et enfants pour passer un «agréable séjour» dans un pays que tout le monde fuyait à cause de l’insécurité. La Banque centrale de Tunisie a trouvé, à travers sa personne, le meilleur avocat pour plaider la cause d’une économie en déclin pour renflouer ses caisses. Les résultats de la Grande commission mixte algéro-tunisienne, qui s’est réunie en février dernier, c’est encore et toujours lui.

Dans les milieux politiques et diplomatiques algérois, le rappel de Nadjib Hachana est perçu comme un signe de représailles du président Marzouki contre ce diplomate pour avoir permis à l’Algérie de se tailler une place et un rôle incontournables dans la normalisation de la situation en Tunisie et d’avoir, du coup, après les visites des leaders d’Ennahdha et de Nidaa Tounes, réduit l’influence du palais de Carthage à une vraie peau de chagrin.

Cette thèse s’explique aussi pour les penchants de Marzouki à Rabat envers qui il n’a jamais caché sa «marocanité» et son empressement à lui accorder le beau rôle pour toutes ces années de jeunesse passées dans le royaume de Sa Majesté.

Les Tunisiens viennent de subir les contrecoups d’une opération de règlement de comptes qui n’honore pas celui ou ceux qui ont pris, en cette étape difficile de leur Histoire, la décision de remplacer leur ambassadeur à Alger.

Prions pour que le prochain ambassadeur de Tunisie soit à la hauteur de la mission difficile pour laquelle son prédécesseur Nadjib Hachana s’est admirablement acquitté. Merci, M.le président Marzouki de nous avoir rappelés à vos bons souvenirs!