Interrogations et enjeux de la présidentielle d’Avril 2014, Avec qui?

Interrogations et enjeux de la présidentielle d’Avril 2014, Avec qui?

ph_2_Vote_606467608.jpgVotez pour qui, tel est la question?

Jusqu’à présent, les candidats ne se bousculent pas au portillon.

2014 Nous y sommes depuis quelques jours. C’est l’année de l’élection présidentielles qui a suscité les plus grandes interrogations et les commentaires les plus intenses avec, sur la table, quelques choix qu’on pourrait qualifier de trop maigres en nombre, voire de trop réduits.

La question des choix est importante car plus le peuple a de choix, plus il a la possibilité de tomber sur des candidats qui répondent à ses attentes. Ceci bien sûr lorsque les élections se déroulent normalement et lorsque les gens ne sont mus que par l’intérêt du pays. Partons donc de ces deux hypothèses et déclinons les choix qui se présentent pour l’instant aux Algériens.

D’abord, il y a Bouteflika

Avec ses 15 ans à la tête de l’Etat, il a déjà battu tous les records de longévité de président de la République algérienne. Pour rappel, Ben Bella avait occupé le poste près de trois ans, Boumediene avait gouverné durant 12 ans, Bendjedid lui avait succédé pour une durée de 13 ans, Boudiaf n’avait tenu que quelques mois et Zeroual avait dû jeter le tablier avant moins de 5 ans. Aujourd’hui, à entendre les voix qui s’élèvent pour un quatrième mandat, comme celles de Saâdani, Ghoul, Benyounès, Sidi Saïd, Bensalah et on en passe, à entendre toutes ces voix, on comprend que Bouteflika pourrait postuler pour une quatrième présidence. Certes, jusqu’à présent, Bouteflika n’a pas encore exprimé sa volonté, mais les appels qui ne cessent de fuser donnent l’impression que, quelque part, on voudrait influencer sa décision et le pousser à se présenter.

Certains opposent à ce choix trois éléments: l’état de santé, le nombre de mandats et l’âge de l’actuel locataire d’El Mouradia. À la première critique, les «appeleurs» au quatrième mandat ont vite fait de rétorquer que Roosevelt dirigeait les Etats-Unis depuis un fauteuil roulant et que Mitterrand dirigeait la France alors qu’il traînait un cancer.Pour le second volet, celui relatif au nombre de mandats, ils avancent que rien dans la Constitution ne l’en empêche et que, ajouteront les plus zélés qui, visiblement, ne font même pas la différence entre une monarchie et une république, «la reine d’Angleterre dirige son pays depuis 62 ans». Quant au troisième aspect de la chose, c’est-à-dire l’âge de l’actuel Président, ils ne répondront même pas considérant certainement qu’il ne s’agit pas là d’un élément sérieux. Par ailleurs, les défenseurs du quatrième mandat mettent en avant le bilan de la période durant laquelle Bouteflika a eu à gérer le pays. La paix retrouvée, le remboursement de la dette de l’Algérie, les multiples programmes de développement économique, les constructions de logements, d’universités, d’hôpitaux, d’écoles, etc.

Les «anti» quatrième mandat n’entendent pas les choses de la même oreille. Ils consentent qu’il y a certes une paix retrouvée et un remboursement de la dette du pays mais, affirment-ils, on ne peut pas cependant parler de développement économique et la fronde sociale n’a jamais été aussi grande que durant ces dernières années: logements, salaires, chômage et mal-vie sont les premières causes du mécontentement du peuple. Le développement n’est pas une affaire de chiffres mais une affaire de qualité. Pour toutes ces raisons, et certainement pour d’autres raisons aussi, certaines voix se sont élevées, à l’instar de Benbitour et Djilali Sofiane (pour ne citer que ceux-là) pour signifier leur refus d’un quatrième mandat. Lorsqu’on se rappelle qu’il y a quelque temps à peine, il était impossible de prendre de telles positions ouvertement, on peut dire que c’est un bon signe pour la démo cratie.

Ensuite, il y a Benflis

L’autre choix que l’on propose au peuple, c’est l’ancien secrétaire général du FLN, le candidat malheureux de l’élection de 2004, celui qui a su garder le silence depuis lors sans jamais perdre l’espoir de réaliser un jour le rêve de présider aux destinées du pays. Ali Benflis, porté par une certaine presse, n’a pas encore décliné ses intentions. Certes, quelques «proches», nous disait la presse, ont affirmé qu’ «il le fera avant la fin de l’année» mais l’année est écoulée et nous sommes en 2014 et toujours rien. La même presse nousapprend encore ce début de janvier 2014 qu’il «annoncera sa candidature dans quelques jours».

Il y a lieu de comprendre que Benflis est en train d’attendre de voir plus clair dans une situation, dont le flou n’est pas la moindre caractéristique. Il désire attendre de mieux voir les contours de cette élection qui ne pourront commencer à se dessiner qu’avec l’annonce de l’actuel Président, de ses intentions quant à une nouvelle candidature ou un renoncement à la participation à la course.

De ce côté aussi, des voix parviennent pour nous dire que Benflis est un candidat au potentiel intéressant. Que ses chances de gagner la course sont grandes vu que, entre 2000 et 2003, il a eu à diriger trois gouvernements successifs après avoir occupé, entre 1988 et 1991, le poste de ministre de la Justice à trois reprises successives sous les gouvernements de Merbah, Hamrouche et Ghozali.

Ce choix a des défenseurs, il a un directeur de campagne et même des comités de soutien à la candidature de Benflis ont été érigés, un peu partout sur le territoire, nous dit-on. Des meetings auraient même été tenus, dont le dernier en date est celui organisé à Sour El Ghozlane samedi dernier.

Peu de voix, en fait, s’élèvent contre Benflis. Celles qui le font, le font au vu de l’âge du concerné, qui aura 70 ans le jour de l’élection, de son éloignement des rouages de la politique depuis dix longues années ou bien alors au vu de l’improbable rupture qu’il aura à prôner, étant donné qu’il avait longuement fait partie du système en place. Mais des griefs sérieux contre l’enfant de Batna, on n’en connaît pas jusqu’à présent.

Pour Benflis, on a des éléments sur les intentions, il ne reste que l’annonce officielle et la collecte des signatures légales pour que sa candidature sorte du virtuel et devienne réelle.

Ensuite, il y a Benbitour

Le candidat Benbitour représente l’autre choix pour le peuple algérien. Certainement parti de l’idée bien connue en stratégie que le premier arrivé se taille une bonne part du marché, il a été le premier à annoncer officiellement sa candidature. Depuis 2012, les Algériens savent que l’ex-chef de gouvernement de Bouteflika est candidat à la présidentielle de 2014. Ils savent que c’est lui qui a eu, un jour, le courage certes, mais aussi l’honnêteté de déposer avec grand bruit sa démission, dès qu’il avait jugé impossible de continuer à travailler avec l’actuel locataire d’El Mouradia.

Mais Benbitour, c’est déjà autre chose. Docteur en économie, il prône la réforme de l’Etat en profondeur, disent ses défenseurs. Il veut moderniser le pays et revoir les tares du système, ajoutent les observateurs. Une feuille de route à la main, Benbitour ne cache pas son opposition à Bouteflika qu’il considère incapable de postuler à un quatrième mandat. Ayant enfilé son burnous de candidat depuis 2012, pour prêcher sa parole, Benbitour a eu tout le temps de sillonner le pays en long et en large à la recherche de supports et de supporters, notamment qu’il a, lui aussi, la lourde tâche de rassembler les signatures imposées par la loi électorale à tout candidat indépendant.

Contre Benbitour, non plus, il n’y a pas de griefs réels. En tant qu’Algérien adulte et responsable, il a le droit de jouir de tous ses droits civiques y compris celui de se faire élire président des Algériens en 2014. Mais dans un système qui a fait de la destruction de la connaissance et du savoir son premier objectif, il y a lieu de douter que Benbitour parvienne à passer l’étape de la collecte des signatures et si, entre-temps, il aurait mis en place des structures à cette fin, disons qu’il serait difficile de le voir gagner cette élection non pas qu’il soit mauvais ou incapable, mais seulement parce que des docteurs, on n’en veut pas là-haut, c’est tout!

En attendant, l’enfant de Metlili affirme qu’il serait capable de rassembler bien plus que les signatures de 600 élus locaux ou nationaux et qu’il sera en mesure de se faire parrainer par plus que les 60.000 Algériens exigés par la loi électorale.

Dans les matchs de coupe de football, on est habitué à voir des «cendrillons», comme on les appelle, sortir de grands clubs de la compétition. En généralisant, on peut dire que dans toute compétition, il y a toujours des chances pour qu’un nouvel arrivé sorte des anciens ou qu’un prétendu «faible» se défasse d’adversaires donnés plus forts par les parieurs ou plus solidement ancrés à leurs yeux.

Après, il y a Djilali Sofiane

A cet égard, on peut par exemple rappeler qu’Apple, nouveau venu dans le monde de la téléphonie, avait terrassé le géant Nokia et que la petite entreprise Nintendo, en lançant la Wii, avait paralysé les grands producteurs de jeu vidéo qu’étaient Microsoft avec la Xbox et Sony avec la Play Station. De même, rien n’empêche Djilali Sofiane de tenter de s’imposer comme choix sérieux aux Algériens lors de l’élection présidentielle de 2014. Il a la jeunesse et la verve qui va avec. Il n’a rien à voir avec le système en place, il a un parti qui le soutient, il représente l’espoir d’une rupture et c’est même le message qu’il veut transmettre aux Algériens. Algérien comme tous les Algériens qui veulent apporter quelque chose au pays, il offre ses services aux Algériens au nom d’un changement qui tarde à venir et pour un avenir à la hauteur des ambitions du pays.

Djilali Sofiane ne cache pas son opposition à Bouteflika. Il en fait même un atout qu’il voudrait faire valoir auprès des électeurs chaque fois qu’il passe à la télévision.

Et les autres

Jusqu’à présent, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Les seuls à avoir soulevé le voile sur leurs intentions en plus de Benbitour et Sofiane, il y a Abdelaziz Belaïd du Front El-Moustakbel et ex-chef de l’Unja, il y a Mehdi Abbas Allalou président du Parti des centristes algériens (PCA), il y a aussi Yasmina Khadra. Il y aura probablement aussi une femme, Naïma Salhi et, bien sûr les «étrangers», ces Algériens d’ailleurs ou vivant ailleurs et qui, bien que sans rien à voir avec le pays ou presque, n’ont pas hésité à faire connaître leur intention «présidentielle». Mais là, on n’est déjà plus dans le sérieux!