Au cœur du plan de la sécurité routière de la capitale Gestion de la circulation : la difficile tâche des policiers

Au cœur du plan de la sécurité routière de la capitale Gestion de la circulation : la difficile tâche des policiers

arton28440-f478f.jpgLes usagers de la route se plaignent des bouchons et des embouteillages causés par les points de contrôle des services de sécurité. Beaucoup d’automobilistes n’hésitent pas à demander la levée de ces barrages routiers.

Pourtant, ces derniers s’inscrivent dans un plan d’organisation de la circulation dans la capitale. Pour le représentant de la police à Alger, les barrages sont « un rempart de sécurité ».

Grâce à la présence des points de contrôle, des attentats terroristes ont été déjoués et Alger a été hautement sécurisée. Il est à signaler qu’aucun acte terroriste n’a été enregistré à Alger depuis l’année 2007. L’officier a tenu à préciser que le déploiement des barrages routiers est soumis à une étude. « Ces barrages sont mis en place pour faciliter la circulation mais aussi pour assurer la sécurité des biens et des personnes », a-t-il précisé, en faisant allusion aux personnes qui se plaignent de la forte présence de barrages routiers. « On n’est pas là pour déranger les citoyens.

On ne procède pas au retrait de permis par plaisir. On est là sur la route sous un soleil de plomb pour assurer la sécurité des gens », renchérit un agent de la circulation sur l’autoroute. Une sortie sur le terrain avec les éléments de la sécurité routière (SWSP) de la wilaya d’Alger, organisée par la cellule de communication de la sûreté de wilaya d’Alger, a permis de voir les infractions courantes. Le comportement des policiers n’est pas toujours à l’origine du mécontentement des automobilistes. 9h 30 : premier incident.

Un accident a eu lieu sur l’autoroute menant à Alger au niveau de Dar El Beida, ce qui a provoqué un bouchon monstre en cette matinée du dimanche. La citerne d’un camion transportant du goudron s’est renversée sur l’autoroute déversant son contenu. Et pour compliquer la situation, toutes les voies sont occupées par des véhicules, y compris la bande d’arrêt d’urgence. Aucune issue possible pour les ambulances. Fort heureusement, l’accident n’a pas fait de victimes. Et pour cause, les véhicules circulaient à à faible allure en raison de la présence d’un radar.

L’outil est visible dans ce lieu à proximité de la sortie du centre commercial Ardis. « Trois autres sont disposés à la sortie du port d’Alger, à l’entrée de la Safex et au niveau du parking de Tafourah », souligne le chargé de communication de le SWSP, le lieutenant Ghoulem Kaâneb. « Il s’agit d’une mesure préventive. La sûreté de wilaya d’Alger est dotée de quatre radars mobiles installés dans des points noirs sur la base d’une cartographie d’accidents.

Ces radars sophistiqués sont capables de flasher un millier de véhicules avec photo du conducteur et du matricule », précisera un brigadier chargé du radar. Ils sont installés tôt le matin entre 6 et 7h aux entrées d’Alger et entre 10 et 15h en ville et l’après-midi sur les sorties de la ville, surtout en cas de fort brouillard. Le policier précisera que le radar est placé au niveau des routes où la circulation est fluide. « Les conducteurs profitent de cette situation pour faire de la vitesse. Notre présence a pour objectif de les en dissuader », explique-t-il. Pour cet été, un nouveau plan de circulation a été mis en œuvre récemment par la sûreté de wilaya d’Alger.

Il s’agit d’un nouveau dispositif qui consiste en la mise en place de sections de sécurité publique. Des patrouilles pédestres et mobiles sont déployées au niveau de plusieurs points. « La présence des policiers chargés de la sécurité routière a été renforcée sur les routes dans le cadre du plan Azur spécial pour la sécurité de la saison estivale. Ils sont chargés de l’organisation de la circulation mais aussi de l’orientation des usagers de la route dont des émigrés et des touristes », nous dira le brigadier.

Khaled … « patron des carrefours »

Si les usagers de la route trouvent que les barrages de police ralentissent la circulation, que reprochent les services de sécurité aux automobilistes ? Réponse du brigadier Khaled chargé de l’organisation au carrefour de Tafourah, un des plus importants de la capitale : « Dépassements dangereux, empiètement sur les autres voies, arrêts intempestifs, non-respect du code de la route. » A cela s’ajoute l’indiscipline des piétons. « Ils respectent rarement le passage pour piétons.

On a beau essayer de les sensibiliser, en vain », lâche le brigadier. Ce dernier est considéré comme « le patron des carrefours » avec ses 16 ans de carrière seulement dans ce service. « Ce n’est pas facile parce qu’il faut gérer les mentalités avant tout. Sur le terrain, nous sommes confrontés à des comportements incivils et parfois bizarres. Les piétions sont à l’origine d’embouteillages quand ils traversent la route en faisant fi des feux tricolores », souligne le brigadier qui repère deux jeunes filles en train de traverser la route alors que le feu pour les piétons était au rouge.

« Mesdemoiselles, vous risquez votre vie, un peu de patience … », mais avant de terminer son commentaire, l’une des deux filles lui lance : « On est libre non ? Ouf ! » De son côté, un responsable de la sécurité routière relève les infractions commises par des conducteurs sur la route, notamment cacher le portable sous le foulard pour pouvoir téléphoner sans être repérées. « Quand elles sont interpellées, elles jurent n’avoir commis aucune faute. C’est devenu à la mode. Ce type d’infraction est courant en l’absence d’un texte juridique », ajoute l’officier de police. Autre infraction : les automobilistes utilisent rarement le rétroviseur. « Ils sont rares à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur en cas de dépassement. » Un automobiliste qui suivait les véhicules de la police pour fuir le bouchon a estimé qu’« il voit beaucoup mieux avec ses propres yeux, création d’Allah, qu’avec un miroir ».

D’autres n’utilisent pas leurs clignotants. Comme ce conducteur qui a justifié cette infraction par le fait que « même des véhicules de la police et de la gendarmerie, censées donner l’exemple, ne l’utilisent pas ». Il existe même de hauts cadres de l’Etat qui ne respectent pas le code de la route, nous dit-on.

Métro d’Alger … aucun incident depuis son lancement

Chaque jour, plus de 120.000 voyageurs empruntent le métro d’Alger. Les policiers qui sillonnent le réseau nuit et jour n’ont relevé aucun incident ni agression depuis sa mise en service en 2011. La principale préoccupation du DGSN est la sécurité des souterrains. Pour ce faire, une unité de police des transports (UPT) a été créée. Chaque jour, des centaines de policiers, formés dans la sécurité du métro et le tramway, patrouillent sur les lignes pour traquer les délinquants. Leur mission consiste en la prévention et l’anticipation. « Les policiers sont vigilants, omniprésents et guettent le moindre comportement suspect », s’est félicité le chef d’unité du métro, le commissaire de police Abdelhakim. Près de 180 voyageurs sont interpellées par jour. « Il s’agit de personnes suspectes qui sont soumises à indentification », précise-t-il. Cette mesure a permis l’arrestation de dealers, parmi eux des filles, des délinquants armés et des personnes recherchées par la justice. En effet, le renforcement du contrôle routier a « forcé » des délinquants à emprunter le métro pour éviter les barrages. Le chef d’unité a expliqué également que son service s’est doté du système NRH, un logiciel de base de données des personnes recherchées. A cela s’ajoutent des descentes inopinées menées à l’intérieur des rames. Néanmoins, les policiers du métro sont confrontés à quantité d’infractions : port d’arme, trafic de drogue dure et insoumission. Des personnes condamnées pour le non- versement de la pension ont été arrêtées par les policiers du métro. En outre, 244 caméras opérationnelles 24h sur 24 et 7jours sur 7 ont été installées au niveau de 10 stations. Elles permettent de transmettre toutes les images au commandement général. N’empêche, le fléau le plus répandu sont les vols, selon le chef d’unité du tramway, le commissaire de police Nabil Bouchelghoum. « Trois bandes criminelles ont été démantelées par mes éléments durant le mois de Ramadhan », précise-t-il. Toutefois, il souligne que ses hommes constatent plus de « malentendus » entre voyageurs que d’actes délictueux.

N. B.