Après les déclarations de Saidani sur le DRS, Les Algériens désapprouvent la méthode

Après les déclarations de Saidani sur le DRS, Les Algériens désapprouvent la méthode

2012_saidani_528514976.jpgLe secrétaire général du FLN

Le pays aurait pu faire l’économie de cette polémique à deux mois de l’élection présidentielle.

C’est avec stupéfaction que les Algériens ont découvert dans la presse nationale, hier, les propos tenus par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, à l’endroit du patron des services de renseignements. Voir une institution aussi sensible attaquée par le premier responsable de la première formation politique du pays ne laisse pas indifférent. Les accusations portées par Saâdani contre le général Toufik, ont fait les choux gras, non seulement de la presse nationale mais de plusieurs médias du monde.

Reprise par les agences de presse et sur la Toile, «l’information» a été écimée à travers la planète, pour internationaliser une question qui devait être discutée et réglée intra-muros. La manière avec laquelle Amar Saâdani a personnalisé le problème a décontenancé les Algériens qui y voient en ces propos une sortie de route. Même Hocine Aït Ahmed, l’homme politique algérien le plus antimilitariste, n’a pas été aussi loin, aussi virulent dans ses critiques envers l’armée.

Les propos du secrétaire général du FLN ne nuisent pas seulement à la personne du général Toufik, mais c’est tout l’Etat algérien qui se trouve décrédibilisé. C’est un axiome jamais remis en cause: dans le monde entier, tout pays tire sa véritable puissance de ses services de renseignements. A lire les déclarations du secrétaire général du FLN, on est tenté de comprendre que le fameux DRS (Département du renseignement et de la sécurité) est une véritable passoire. Mais M.Saâdani détient-il le monopole de la vérité? Bien sûr que non! Les observateurs jugent que ces accusations sont infondées. Quand bien même elles comprendraient une part de vérité, il y a des affaires qui concernent strictement l’Etat, que nul n’est censé étaler sur la place publique.

De l’avis de nombreux experts, y compris ceux de la CIA et de la Dgse, les services de renseignements algériens ont une expérience et un savoir-faire dans la lutte contre le terrorisme.

Que le secrétaire général du FLN ait un différend avec le patron des services de renseignements, c’est dans la nature des choses. Mais transférer le sujet sur la place publique n’est pas très responsable. Il y a des institutions de recours au niveau de l’Etat pour régler ce genre de problèmes, comme le Haut Conseil de sécurité. Car après tout, le général Toufik ne travaille pas pour son compte, il ne gère pas une entreprise privée, mais il représente une institution de l’Etat qui se trouve être le fameux DRS.

De ce fait, toute attaque qui le cible, touchera inévitablement cette institution. On a l’impression que chacun délimite son territoire et chacun joue au sniper.

A deux mois du déroulement de l’élection présidentielle, l’Algérie aurait pu éviter cette psychose de plus. Elle n’a que faire d’une pareille polémique en ces moments où les frontières Est, Ouest et Sud sont minées. Aux frontières tunisienne, libyenne et malienne, le pays est guetté par une menace terroriste des plus graves. A l’Ouest, l’Algérie fait face à une attaque narcoterroriste en règle. Des milliers de quintaux de drogue sont saisis par les services de sécurité. Sans compter les problèmes internes.

La liste est longue pour se permettre le luxe de perdre du temps dans des combats donquichottesques. Des incidents graves à Ghardaïa qui n’arrivent pas à être solutionnés, au chômage qui pousse des centaines de milliers de jeunes au désespoir, à la crise du logement en passant par les pénuries récurrentes, comme celle du lait qui, à tout moment, peuvent déraper