12E jour du procès, d’el khalifa bank, En attendant Djellab et Laksaci

12E jour du procès, d’el khalifa bank, En attendant Djellab et Laksaci

laksaci.jpgLes noms de l’ex-ministre des Finances et de l’actuel gouverneur de la Banque d’Algérie ont été annoncés pour leurs auditions, respectivement les dimanche et lundi prochains

Les taux d’intérêts ne sont lucratifs qu’à la seule condition de les percevoir. Or dans cette affaire, rares sont les entreprises à en avoir bénéficié.

A son 12ème jour, le procès d’El Khalifa Bank, démarre d’emblée par l’annonce faite par le juge Antar, concernant l’ouverture jeudi prochain de l’audition de 300 témoins. Pour cette ouverture, les noms de l’ex-ministre des Finances, Mohamed Djellab, et celui de l’actuel gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci ont été annoncés pour leurs auditions, respectivement les dimanche et lundi prochains.

Entre-temps, l’audition des accusés de poursuit à un rythme plus accéléré que les jours précédents. A ce stade des auditions, il est clair que l’accusation de corruption, de trafic d’influence et d’obtention d’avantages est commune à toute les auditions, au même titre que certains éléments de réponses des accusés.

A l’image de la fameuse carte de transport gratuit de Khalifa Airways, et la carte de soins du centre de thalassothérapie distribuée par El Khalifa Bank, il est utile de rappeler que devant les sommes astronomiques confiées par les différentes entreprises à El Khalifa Bank, la valeur de cette carte n’excède pas la valeur de 12.000DA. Alors que l’aspect récurrent de l’accusation, des réponses et des réactions semble lasser, il n’en demeure pas moins que la nature des détails de chaque audition mériterait qu’on s’y attarde.

Taux d’intérêts hautement intéressants

A l’image de celle de Arif Salah, directeur de l’agence CNR de Blida, qui assure avoir saisi sa tutelle pour obtenir l’accord de confier les fonds de l’entreprise de l’ordre de 11milliards de dinars à El Khalifa Bank, en raison des taux d’intérêts hautement intéressants. Il assure qu’aucune réponse ne lui avait été parvenue, et qu’au bout de trente jours, l’entreprise pouvait considérer le silence de la tutelle comme un accord. Sauf que le bureau d’ordre de la tutelle déclare ne retrouver aucune trace de cette correspondance.

D’un autre côté, l’accusé ne niera pas l’utilisation de la carte de transport gratuit, assure n’avoir aucun lien avec l’obtention de la formation de pilote en Angleterre pour son fils, dont le niveau d’instruction se limite à la 3ème année secondaire. En outre, sur les 11 milliards confiés, la somme de 75 millions semble s’être évaporée dans la nature, puisqu’aucune trace comptable ne détermine son existence sur le compte de l’entreprise.

Pour sa part, le directeur de l’Opgi de Blida, Bousbine Rabah, indique n’avoir reçu aucune carte, mais avoue avoir bénéficié d’un crédit à titre personnel de la part de Khalifa Bank à hauteur 87 millions de dinars, et insiste sur le fait que lobtention de ce crédit n’aurait aucun lien avec le versement de 165 millions de dinars à la El Khalifa Bank en 2002, au taux d’intérêt de 11%, ceci en plus du fait que 118 millions de dinars demeurent toujours sous l’effet de la liquidation.

Comme tous les auditionnés, il expliquera que le conseil d’administration et la tutelle étaient souverains dans leurs décisions, et que celle-ci répondait au principe des taux les plus intéressants.

Sur la même lancée, le juge Antar accueille à la barre Choulakh Mohamed président de la mutuelle des PTT et secrétaire général de la fédération auprès de l’Ugta. Accusé d’avoir une responsabilité dans la décision de confier à El Khalifa Bank la somme de 8 milliards de centimes, il s’appuiera sur les mêmes arguments que ses prédécesseurs. Il fait endosser toute la responsabilité au conseil d’administration. Sauf que son audition fait l’effet d’un détail, pour le moins flou, à savoir que les fonds qui ont été retirés progressivement de la Cnep banque, ont fait l’objet d’un dépôt, et d’une convention auprès de El Khalifa Bank, pour une durée de 10 ans, à un taux de 12%. Ceci a suscité l’interrogation du procureur général. Et pour cause, généralement, les entreprises commerciales ne prennent pas un tel risque sur la durée. Avec son aspect associatif, la Mutuelle se permet de confier les cotisations de ses adhérents sur une durée de 10 ans à El Khalifa Bank. Il est clair qu’à l’issue d’une telle négociation,

El Khalifa Bank se retrouve bénéficiaire. En contrepartie, la Mutuelle avait reçu une voiture, une carte de transport gratuit pour quatre membres du conseil d’administration.

Cité dans la même affaire, Zaâmoum Zineddine, président de la Commission de contrôle de la mutuelle des PTT, indique que son rôle consistait en le contrôle des sièges après le travail du commissaire aux comptes. Il précise qu’à aucun moment, il n’avait été mêlé à cette décision. Pour lui, l’utilisation de la carte de transport gratuit de Khalifa Airways, entrait dans le cadre des mesures d’accompagnement, et qu’en tant qu’association, rien ne pouvait les empêcher d’accepter ces mesures.

Il est à signaler que les auditions de l’après-midi, ont été marquées par une série d’incidents, que le procureur général n’a pas manqué de signaler au juge Antar. Il dénonce l’intervention des avocats de la défense à plusieurs reprises dans l’énoncé de ses questions aux accusés. Il précise que la défense n’a pas le droit d’interrompre le procureur général. Une situation qui est très vite rentrée dans l’ordre après l’intervention du juge.

L’arrivée à la barre de Bouamar Mahfoud, directeur financier de l’Entreprise nationale de navigation aérienne, était l’un des grands moments de ce procès. Accusé de corruption, de trafic d’influence et d’obtention d’avantages, il rétorquera qu’en sa qualité de directeur financier, il n’a eu aucun poids sur la décision de verser 50 millions de dinars à El Khalifa Bank. Il précisera que seul le P-DG avait ce pouvoir, et qu’il n’était cependant pas tenu d’en référer à la tutelle ou au conseil d’administration, du fait que le statut de l’entreprise lui conférait l’autonomie financière. Selon lui, le choix de El Khalifa Bank était motivé par les taux d’intérêts élevés pratiqués par cette banque pour les placements.

Questionné sur les avantages, notamment la carte de transport gratuit, il indiquera que cette mesure était adressée à l’ensemble du personnel de l’entreprise. De son côté, Bacha Saïd, directeur général de l’Opgi de Relizane, signalera que suite à une consultation avec son directeur financier, la décision de confier 80 millions de dinars à El Khalifa Bank, a été prise. Il indiquera qu’en plus des taux d’intérêts plus qu’intéressants, son entreprise se trouvait en difficulté, et ne produisait plus de bénéfices. C’est précisément ce qui l’avait encouragée à prendre cette décision. Bacha Saïd précisera qu’à ce titre, le décret exécutif 93/08 leur donnait toute latitude de procéder au prélèvement de cette provision des comptes de la BDL, pour les verser à El Khalifa Bank.

L’ingéniosité machiavélique des gestionnaires

Par ailleurs, la deuxième partie des auditions n’aura rien apporté de nouveau, si ce n’est le nombre et l’affiliation des accusés. Néanmoins, les auditions ont toutes convergé vers plusieurs points communs. Les accusés ont tous affirmé avoir saisi leurs tutelles respectives pour l’accord des placements effectués auprès d’El Khalifa Bank. Ceci en plus du fait que pratiquement tous les dépôts à terme effectués par les entreprises auprès d’El Khalifa Bank, n’ont jamais été récupérés. Et c’est là toute l’ingéniosité machiavélique des gestionnaires de cette banque, selon les observateurs. Ils expliquent que les taux d’intérêts ne sont lucratifs qu’à la seule condition de les percevoir. Or, dans cette affaire, rares sont les entreprises à en avoir bénéficié.

Dans la salle, l’attente de l’audition des témoins est plus grande. D’aucuns espèrent voir les représentants de ces tutelles apporter plus d’éclaircissements, notamment sur les différentes demandes d’accords de placement émanant presque de toutes les entreprises et les organismes qui avaient confié leurs fonds à El Khalifa. En clair, ce qu’espère voir l’assistance, c’est le passage à la barre des ministres impliqués.