Yazid Alilat

Selon le président du Conseil d’affaires algéro-américain Smail Chikhoune, les Américains investissent de moins en moins dans le secteur des hydrocarbures en Algérie, car «ils produisent eux-mêmes leur pétrole et leur gaz, et les exportent». Il a expliqué, hier mardi, à la Radio nationale que «le volume des échanges avec les Etats-Unis se fait dans les hydrocarbures, et compte tenu que les Américains produisent leurs propres pétrole et gaz, ils importent donc moins, ce qui a fait réduire ce volume.»
«Il faut travailler en dehors du pétrole et du gaz et aller vers d’autres secteurs économiques», estime-t-il.
Pour autant, le partenariat dans le secteur énergétique entre l’Algérie et les Etats-Unis se poursuit, car «un contrat a été signé (lundi, Ndlr) avec une entreprise américaine, Air Product Chemical, pour la production de l’hélium. «C’est une vision de diversification de la production adoptée par Sonatrach, a-t-il souligné, et cinq contrats ont été signés lundi par ce groupe pétrolier, dans le cadre de la vision 2030.» Pour Smail Chikhoune, «c’est un message très fort adressé à l’international par Sonatrach, qui confirme que l’on peut faire du business en Algérie, et c’est une visibilité que recherchent les investisseurs.» Sur la baisse des investissements américains, en Algérie, M. Chikhoune affirme en outre que «les Américains ne s’intéressent pas seulement aux hydrocarbures, en Algérie. Il y a des investisseurs de l’Utah présents, à Alger, ces jours-ci pour des projets en Algérie, dont la mise en place de fermes de vaches laitières», explique-t-il, avant d’annoncer un programme d’échange d’investisseurs américains et algériens, en novembre prochain.
Le président du Conseil d’affaires algéro-américain a, par ailleurs, affirmé que le projet d’une grande ferme de production de lait, de céréales et de pomme de terre à El Bayadh n’est pas abandonné. Il a expliqué, face à la polémique faisant état d’un projet mort-né, sinon d’une arnaque, que le coût de ce projet n’est pas de 800 millions de dollars mais de 100 à 300 millions de dollars. Ce projet s’étale sur 6 phases pour terminer à 300 millions de dollars, selon M. Chikhoune, qui a indiqué, face au retard pris par ce projet, qu’ «il y a eu des difficultés bureaucratiques.» Selon lui, «des discussions sont en cours sur certaines clauses qu’il fallait revoir. La partie algérienne a demandé une exclusivité aux Américains de ne travailler qu’avec eux et pas avec d’autres», avant d’annoncer que «le projet a été débloqué. Ils ont trouvé un terrain d’entente et le travail reprend.» Il ajoute que «c’était le premier projet du genre pour des investissements américains dans le secteur de l’Agriculture, et les Etats-Unis sont le seul pays, qui veut travailler, en partenariat, dans ce secteur en Algérie.» En outre, M. Chikhoune a annoncé que d’ici à la fin de l’année, «il y aura trois contrats qui seront signés en Algérie par des investisseurs américains.» Selon des explications de spécialistes algériens, qui doutent de sa faisabilité, le projet achoppe en fait sur le montant des crédits demandés par la partie américaine aux banques algériennes. Le projet d’El Bayadh porte sur une superficie totale de 20.000 ha, avec un coût au départ de 200 millions de dollars. Il s’agit de produire progressivement sur 20.000 ha du blé dur, des fourrages, de l’orge, l’ensilage de mais et de la pomme de terre, en plus de 5.000 ha pour l’élevage bovin. Les productions attendues à terme, c’est-à-dire dans sept ans, mais dorénavant un peu plus avec le retard du projet annoncé en 2015, portent selon la fiche technique, sur 200 millions de litres de lait par an, 297.000 tonnes de pomme de terre au bout de la sixième année, 50.000 tonnes de mais en grains, 54.000 tonnes de blé dur et également 4.000 tonnes d’amandes.
Sur le volet des hydrocarbures, Sonatrach, a révélé M. Chikhoune, est «toujours en discussions avec Exxon mobil pour un partenariat stratégique. Ils vont venir ici, faire dans l’offshore, le non conventionnel, on saura bientôt le niveau des investissements d’Exxon mobil, en Algérie». Sur ce volet, des investissements étrangers dans le secteur des Hydrocarbures en Algérie, il a estimé que «la révision de la loi sur les hydrocarbures est attendue par tous, pour venir investir en Algérie.» Enfin, dans le domaine de la construction automobile, il a indiqué que les «discussions sont bien avancées avec le constructeur américain Ford.» «C’est bien plus qu’on aura avec ces compagnies américaines, en Algérie pour diversifier et créer plus d’emplois, les Américains étant des leaders dans la production de produits de bonne qualité», ajoute le président du Conseil d’affaires algéro-américain.