Le tribunal de Chéraga a condamné une ressortissante et tiktokeuse marocaine nommée “B. Fatima”à deux ans de prison ferme, assortie d’une amende de 200 000 DA. La prévenue est accusée d’avoir utilisé son compte pour diffuser des “lives” portant atteinte à l’Algérie et aux Algériens, au profit du Makhzen.
Selon les services de la Gendarmerie nationale, c’est la brigade régionale des recherches de Chéraga qui a procédé à son arrestation et à son audition. La mise en cause, placée en détention provisoire à la prison de Koléa, est poursuivie pour avoir publié des contenus susceptibles de porter atteinte à l’intérêt national.
L’enquête a été déclenchée à la suite d’informations parvenues aux gendarmes concernant des “lives” diffusés par cette ressortissante marocaine, connue pour ses déplacements fréquents entre l’Algérie et le Maroc. Son activité en ligne a éveillé des soupçons sur un possible lien avec le Makhzen et sur la diffusion de contenus portant atteinte aux intérêts de l’Algérie, notamment après la diffusion d’un live l’impliquant avec une activiste algérienne accusée d’échanger avec un individu hostile à l’Algérie.
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Déroulement de l’enquête
Après des investigations approfondies, les enquêteurs ont localisé puis interpellé la prévenue alors qu’elle se trouvait en visite en Algérie. Ses déplacements dans plusieurs régions — Boumerdès (Bordj Menaïel), Ain Benian, Oran puis Alger — ainsi que ses rencontres avec divers activistes, dont certains algériens, avaient été relevés.
Lors de son audition à l’audience, la prévenue a affirmé avoir été mariée pendant trente ans à un Algérien, avoir vécu dix ans en Algérie et n’avoir jamais porté atteinte au pays ni à son peuple. Elle a précisé ne posséder qu’un seul compte TikTok, utilisé pour des lives visant, selon elle, à “rapprocher les peuples algérien et marocain”. Elle a nié fermement toutes les accusations.
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Défense et verdict
Le tribunal a également entendu le témoignage d’une citoyenne, “S. Nassira”, qui a confirmé entretenir des liens d’amitié avec l’accusée, en raison de sa connaissance antérieure du défunt mari de cette dernière, employé d’une société nationale. Elle a assuré n’avoir jamais constaté de propos offensants tenus par la prévenue et qu’elle ne l’aurait jamais reçue chez elle si tel avait été le cas.
Un second témoin, activiste sur TikTok, a indiqué avoir participé à plusieurs lives en sa compagnie, précisant que leurs échanges portaient uniquement sur des aspects culturels des relations algéro-marocaines, et jamais sur des questions politiques. Il a affirmé n’avoir observé aucun comportement suspect visant à nuire à l’Algérie.
La défense de la prévenue a soutenu que l’enquête judiciaire avait été déclenchée à la suite d’accusations circulant sur les réseaux sociaux, sans qu’aucune preuve tangible ne vienne étayer les soupçons. Les avocats ont rappelé que le rapport des services de sécurité faisait état d’une surveillance technique complète du compte, qui compte environ 4 500 abonnés, sans relever de débordement ou de propos contraires à la loi.
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Ils ont également mentionné l’existence d’un autre compte TikTok intitulé auquel la prévenue avait envoyé un message pour dénoncer l’usurpation du nom de son propre compte. Ils ont suggéré que ce second compte pourrait être à l’origine des contenus problématiques. La défense a donc plaidé l’application stricte de la loi et l’acquittement de sa cliente.
À noter que, lors de la précédente audience, le représentant du ministère public avait requis une peine de cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 DA, avant que le tribunal ne prononce finalement la peine de deux ans ferme.
