Une société française de gestion de biens immobiliers en appelle au président Bouteflika. Elle accuse un fonctionnaire algérien de remettre en cause ses droits de propriété.
La Société civile mobilière et immobilière Altairac (SCMIA-ALTAIRAC) appelle à l’aide le président Abdelaziz Bouteflika dans une lettre ouverte au quotidien francophone El-Watan. Dirigée par Caroline Janssen, cette société est restée après l’indépendance de l’Algérie en 1962 propriétaire de biens fonciers en vertu d’actes dûment « notariés et authentiques » lit-on dans cet appel.
Mais selon Caroline Janssen, « le directeur des Domaines de la wilaya (préfecture) d’Alger se sert de son autorité pour accélérer diverses actions visant à nous spolier de nos biens au mépris des preuves irréfutables de nos droits fondamentaux ». Elle accuse ce fonctionnaire d’agir comme si tous les biens fonciers des Altairac, une grande famille française venue s’installer au XIXe siècle en Algérie, étaient nationalisés. En 1968, seuls les biens commerciaux des Altairac ont pourtant été nationalisés.
Une trentaine de dossiers similaires
Selon elle, ces « manœuvres inacceptables » visant notamment à influencer les verdicts de magistrats concernant une saisie des biens, sont liés à un litige privé entre le fonctionnaire visé et la SCMIA, dont il occupe un appartement. Le directeur-adjoint des Domaines, Souhill Ben Djamaa, a répondu qu’ »un droit de réponse sera publié dans le même journal » (El Watan), mais il n’a pas donné de date.
En juin dernier, Caroline Janssen et une autre Française, Chantal Lefèvre, à la tête notamment de Mauguin, la plus ancienne imprimerie d’Algérie, avaient lancé un appel dans la presse contre la spoliation de leur patrimoine immobilier. Elles dénonçaient l’amalgame entre les biens que leurs familles ont géré de façon continue depuis l’indépendance, et ceux laissés vacants par les Français partis après l’indépendance -et qui les ont de ce fait définitivement perdus- ou ceux que l’Etat algérien a nationalisés.
Une trentaine de dossiers similaires sont discutés depuis deux ans par une commission algéro-française, lancée après la visite en décembre 2012 de François Hollande en Algérie.