Algérie , Une nouvelle feuille de route pour les exportations agroalimentaires

Algérie , Une nouvelle feuille de route pour les exportations agroalimentaires

« Les exportations, défis et perspectives de la filière agroalimentaire », c’est sous cet intitulé et, à l’initiative du groupe Benamor, que se sont réunis aujourd’hui les représentants des leaders algériens de la production agroalimentaire, en présence du ministre du Commerce, pour discuter des modalités de l’amélioration des exportations. Les débats ont été chauds et les avis partagés.

Les exportations de l’Algérie en produits agricoles et alimentaires n’ont pas dépassé les 300 millions de dollars en 2010, a indiqué aujourd’hui à Alger le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada.

Ce montant, pour le moins insignifiant, est en grande partie le résultat des efforts du groupe Cevital qui, à lui seul, a exporté du sucre blanc pour une valeur dépassant les 200 millions de dollars, a-t-il précisé. En revanche, les importations de l’Algérie en produits alimentaires ont atteint, l’année dernière, les 6 milliards de dollars, a ajouté le ministre, lors d’une journée d’études organisée à l’hôtel Hilton par le groupe Benamor sous l’intitulé : «Les exportations, défis et perspectives de la filière agroalimentaire».

Pour remédier à cette situation, Mustapha Benbada a annoncé l’élaboration d’un nouveau plan de travail visant la promotion des exportations hors hydrocarbures. «Le ministère du Commerce a préparé une nouvelle plate-forme de travail qui sera présentée aux operateurs concernés le mois de mai prochain», a-t-il déclaré. «La rencontre du mois de mai devra nous permettre de recueillir davantage de propositions afin de dégager de nouvelles solutions. Je me chargerai par la suite de soumettre la nouvelle plate-forme de travail au gouvernement pour adoption», a-t-il promis. Le ministre a également fait part de son intention de tenir des assises nationale sur le commerce extérieur. «S’il n’y a pas d’empêchements organisationnels, nous tiendrons en juin prochain des assises nationales sur le commerce extérieur où il sera question notamment du soutien aux exportations et de la régulation des importations qui menacent la production nationale», a-t-il conclu.

La qualité qui fait défaut

De leur côté, beaucoup parmi les intervenants à cette journée d’études ne se sont pas fait prier pour critiquer de manière acerbe la politique du gouvernement concernant le commerce extérieur. Le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Reda Hemiani, a cité en ce sens la décision de la Banque d’Algérie qui interdit les transferts de capitaux à l’étranger. Une décision, a-t-il tenu à signaler, qui empêche les exportateurs de financer leurs activités à l’étranger. «Un exportateur a besoin d’avoir une logistique dans les pays qui importent ses produits, si la Banque d’Algérie l’empêche de transférer des fonds à l’étranger, il ne pourra pas payer les commissions des ses relais locaux et financer ses activité», a-t-il indiqué.

Le président du FCE n’a pas manqué de revenir sur les lettres de crédit imposées par le gouvernement, depuis 2009, comme seul moyen de paiement dans les transactions relevant du commerce extérieur. Il a soutenu que la durée de quatre mois, fixée par la Banque d’Algérie comme délai maximal pour le rapatriement de l’argent généré par les produits exportés, est insuffisante.

«Dans les autres pays africains, l’exportateur ne peut pas écouler la marchandise en l’espace de quatre mois», a-t-il insisté. Il a par ailleurs qualifié les accords d’association signés avec l’Union européenne de «marché de dupes». Il a tenu à rappeler que les Européens ont remplacé les barrières douanières par des normes sévères sur les produits importés, des normes qui, en réalité, mettent les entreprises algériennes dans l’impossibilité d’exporter vers le Vieux continent. «Ils ont placé la barre très, très haut», a-t-il encore insisté.

Apportant un point de vue divergent à celui du président du FCE, Mohamed Benini, directeur général de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), a affirmé ne pas trouver d’inconvénient à ce qu’un pays ou une communauté économique instaure des normes de qualité pour protéger son marché. «La longévité d’une entreprise se mesure à sa capacité à être compétitive à l’étranger», a-t-il souligné. «Et puis», a ajouté Mohamed Benini, «les Algériens ont le droit au même niveau de qualité que celui appliqué à l’étranger».

Un même son de cloche s’est fait entendre du côté du représentant du groupe Cevital, M. Djaoudi, qui a regretté que les entreprises algériennes ne fassent pas assez d’efforts pour améliorer la qualité de leurs produits. «Mis à part l’exportation, nous devons fournir un produit de qualité ne serait-ce que par respect pour le consommateur algérien», a conclu le représentant de Cevital.