Invités par le gouvernement à donner leurs propositions et avis sur les consultations nationales sur les réformes politiques annoncées par le président de la République, lors de son discours télévisé du 15 avril dernier, des partis politiques ainsi que des personnalités nationales seront, à partir d’aujourd’hui, les interlocuteurs privilégiés du triumvirat Abdelkader Bensalah, Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi.
Ces rencontres devront servir de matériau pour élaborer une feuille de route « à même de sortir le pays de la crise qui l’affecte depuis des années et qui connaît présentement des prolongements massifs et multiformes à la faveur des soulèvements populaires », selon l’intitulé officiel du projet. Sur le plan du timing, les réformes politiques et leur mise en oeuvre sur le plan législatif doivent intervenir avant la fin de l’année en cours alors que la révision de la Constitution est repoussée pour la période post-élections législatives de 2012. A la tête de ces consultations, le président du Sénat et les deux conseillers à la présidence, le général major à la retraite Mohamed Touati et l’ancien ministre délégué, Mohamed Ali Boughazi, dont les désignations par le chef de l’Etat n’ont pas été sans soulever quelques interrogations de la classe politique et des réserves formulées par l’opposition. « La désignation de Bensalah traduit la volonté du pouvoir de maintenir le statu quo », avait alors estimé Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS. El Islah a, pour sa part, voué la commission Bensalah à l’échec « puisqu’elle est confiée aux mêmes partis qui ont manipulé la Constitution ».
Pour sa part, Moussa Touati, le président du FNA, qui plaide pour la dissolution de la première chambre, a accusé Bouteflika de défendre et de protéger le système alors que Bensalah représente l’Alliance présidentielle. Les consultations politiques que M. Bensalah animera, ajoute le communiqué de la présidence, seront l’occasion de recueillir les vues et propositions des partis politiques et des personnalités nationales sur l’ensemble des réformes annoncées, notamment sur la prochaine révision de la Constitution.
Dans une déclaration faite en Conseil des ministres, le 2 mai dernier, Bouteflika avait assuré que les lois qui seront révisées ainsi que le projet de révision de la Constitution « reflèteront les vues et les propositions qui auront été démocratiquement exprimées par la majorité ». Un communiqué de la présidence rendu public, dimanche dernier, définira, quant à lui, les conditions d’admission de ces propositions et avis qui devront être conformes aux constantes de la société algérienne et aux éléments constitutifs de l’identité nationale. Et c’est dans cet axe que seront programmées les rencontres qui débuteront aujourd’hui avec la participation des partis de la coalition ainsi que d’autres formations vassales qui ont donné leur accord.
Le FLN a mis en place cinq groupes de travail composés de cadres du parti, de professeurs et de spécialistes en jurisprudence constitutionnelle, pour élaborer ses propositions à ce sujet. Le RND estime que ces réformes devraient répondre « aux attentes de la majeure partie de la classe politique ». Le processus de réformes représente « un pas en avant », a déclaré pour sa part le MSP tandis que le PT indique, notamment, avoir enregistré « positivement » le fait que la révision de la Constitution ne sera pas soumise au Parlement actuel mais au prochain, issu des législatives prévues en 2012. Le Mouvement El-Islah a de son côté réaffirmé sa disponibilité à contribuer à la concrétisation de ces réformes. Six partis politiques, le PRA, le MJD, le RA, le mouvement « El Infitah », le MND et le PNSD ont pour leur part appelé à la concrétisation des réformes. Ces consultations auront également pour objectif de récolter le maximum d’avis sur la refonte des textes législatifs relatifs au régime électoral et aux partis politiques, de la place de la femme dans les assemblées élues, du mouvement associatif, du code de wilaya et de loi organique relative à l’information.
Concernant la révision constitutionnelle, le président de la République avait annoncé qu’une commission, désignée par ses soins, sera désignée plus tard pour prendre en charge ce dossier, dont la mouture finale sera soumise au Parlement. Il a toutefois souligné, à ce sujet, que dans le cas où « le projet de révision constitutionnelle se révèle profond, le peuple devra, après l’APN, en disposer en toute souveraineté, par voie d’un référendum transparent ».
Mais parmi les voix discordantes qui ont refusé de participer à ces consultations, le FFS qui les qualifie de « bricolage », en « attendant des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l’Etat » et le RCD qui les assimile à « un simulacre d’invitation au dialogue », qui ajoute que « le pouvoir n’a ni la crédibilité, ni la légitimité, ni même la capacité de s’orienter vers une sortie de crise ».