L’Algérie a une nouvelle religion : L’inégalité ! Rassurez-vous, ce n’est pas le jeûne qui pousse votre serviteur à cracher son encre de la sorte. Mais le coeur ne peut plus retenir la révolte et la colère. Finalement, ce Ramadhan nous a dévoilé deux Algérie. L’une s’oppose à l’autre. Et la première ne parle jamais à la deuxième. “Notre pays est divisé par un mur et tout dépend de quel côté tu te places”, m’avait lancé un jour un vieux mendiant. Lui, il savait de quoi il parlait. Mais moi, j’ignorais réellement la teneur de ses paroles.
Le Ramadhan a en fin de compte révélé les deux Algérie dont parlait si bien mon ami le mendiant. Le jour, accablés par la chaleur et les coupures de l’électicité, des Algériens sortent dans les rues pour subvenir à leurs besoins primaires. Et pour ce faire, ils doivent affronter une autre très torride mercuriale. Celle des spécualteurs que tout le monde dénonce, mais dont personne n’arrive à arrêter les magouilles mafieuses. Seules ces magouilles peuvent d’ailleurs nous expliquer comment le pays du 1,5 million de martyrs s’est transformé en un pays pour 1,5 million de familles nécessiteuses ! Mais qui se soucie de ces familles ? L’Etat bien sûr ! Lui, il est si généreux qu’il a offert une partie de ses réserves de changes à la superpuissance américaine ! N’est-ce pas là une générosité qui peut faire perdre la tête à un psychiatre ? Pas vraiment puisque la folie est devenue ordinaire dans notre pays. Si ordinaire que les plus sains en Algérie ont décidé de sortir uniquement la nuit ! Et ben oui, la nuit ces personnes saines, et donc pas nécessiteuses, prennent d’assaut les “réserves pour riches” aménagées par le Pouvoir pour exalter les plaisirs nocturnes.
A Alger, les kheimates et hôtels chics, protégés par des bataillons de policiers, les mêmes qui tabassent les femmes de la cité Bois des Pins et s’enfuient face aux gangs de Bab El-Oued, poussent leur imagination à s’émanciper des horizons de cette Algérie diurne brûlée par la misère et les privations.
La nuit, l’Algérie leur appartient. Eux, c’est cette Jet-SET qui s’est enrichie dans un pays qui ne produit rien. Cette classe dirigeante qui s’est remplie les poches avec je ne sais quelle croissance miraculeuse. Ces Algériens de la nuit sont si différents des Algériens du jour que même le célèbre Dj Français David Vendetta ne sait plus où donner de la tête. “Votre pays est bizarre !”, s’est-il exclamé avant de commencer à mixer pour préparer sa soirée jeudi prochain dans un hôtel à Sidi Fredj, une de ces zones pour riches.
“J’ai vu deux queues ce matin en visitant Alger ! L’une devant une mairie pour des couffins de Ramadhan et l’autre devant une banque pour des couffins d’Argent ?”, s’est-il encore interrogé. “Les premiers ne nous ressemblent pas et ne nous connaissent pas. Ils habitent de l’autre côté du mur”, lui répond sèchement une jeune fan sexy venue le rassurer et lui faire oublier ce tableau sombre dessiné par je ne sais quel diable…
Justement le diable, c’est ce que David Vendetta doit invoquer pour ensorceler ces fans friqués jeudi prochain. Le diable lui viendra aussi en aide pour lui expliquer le grand paradoxe Algérien. Un paradoxe qui démontre également que Moubarek et Ben Ali n’ont pas eu beaucoup de chance comparativement aux maîtres de l’Algerie. Pour ces derniers, il leur a suffi de quelques couffins de Ramadhan et d’un bon DJ pour continuer à maîtriser les platines de mixages du Pouvoir Politique…