Le Président tunisien, M. Mohamed Moncef El Marzouki, a quitté hier Alger au terme d’une visite officielle de deux jours en Algérie à l’invitation du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika.
Le Président El Marzouki a été salué à son départ à l’aéroport international Houari-Boumediene par le Président Bouteflika. Les deux Chefs d’Etat avaient eu auparavant des entretiens en tête-à-tête, élargis par la suite aux membres des deux délégations. La visite du Président tunisien s’inscrivait dans le cadre du « renforcement du dialogue et de la concertation », et du « raffermissement des relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération » entre les deux pays. Elle a été l’occasion « d’examiner les moyens de renforcer ces relations dans les différents domaines conformément aux aspirations des deux peuples frères ».
Le Président El Marzouki : «Cette visite revêt une importance majeure»
«La Tunisie attend de s’honorer de la visite du Président Bouteflika à l’occasion du prochain sommet de l’UMA, une fois les conditions objectives à sa tenue réunies.»
Le Président tunisien, M. Mohamed Moncef El Marzouki, a achevé hier une visite officielle de deux jours en Algérie au cours de laquelle il a eu des entretiens avec les hauts responsables de l’Etat algérien sur les voies de renforcer la concertation et la coopération entre les deux pays. Hier matin, le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et le Président tunisien ont eu un deuxième entretien à la résidence d’Etat de Zéralda.
Cette réunion a été ensuite élargie aux membres des deux délégations. Dans une déclaration peu avant son départ, le Chef de l’Etat tunisien a exprimé sa satisfaction pour la convergence de vues « totale » entre les deux pays, notamment en ce qui concerne la « redynamisation » du projet de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Il a ajouté que la Tunisie « attend de s’honorer de la visite du Président Bouteflika à l’occasion du prochain sommet de l’UMA, une fois les conditions objectives à sa tenue réunies ». « Nous œuvrerons à ce que cela se concrétise dans les plus brefs délais et offrirons ainsi aux peuples maghrébins un projet d’Union du Maghreb arabe rénové », a-t-il dit. M. El Marzouki a, en outre, qualifié de « plus que réussie » sa visite en Algérie, soulignant que les relations algéro-tunisiennes « n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui ». Le Président tunisien avait déclaré dimanche que sa visite en Algérie revêtait une « importance majeure », notamment en matière de « relance » de l’UMA. Il avait indiqué que le prochain sommet de l’UMA sera « sérieux » et ses résultats « palpables » pour les peuples de la région, ajoutant que la réunion se tiendrait probablement en Tunisie. Sur la situation dans son pays, M. El Marzouki avait estimé que la révolution tunisienne était à l »‘épreuve » et à « la croisée des chemins », estimant que les intellectuels qui « exercent aujourd’hui le pouvoir ont le devoir de relever ce défi majeur et de donner la preuve qu’ils méritent la confiance du peuple tunisien pour concrétiser ses aspirations et attentes ». Il avait ajouté que les Tunisiens étaient « redevables » à la révolution algérienne qui leur a « enseigné la bravoure, le courage et la fierté ». Sur la question du Sahara occidental, le Président tunisien avait indiqué que c’était « une réalité qu’on ne peut ignorer, une question épineuse, difficile et douloureuse sur le plan humain ».
Lors de son séjour, l’hôte de l’Algérie s’est également entretenu avec le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelkader Ziari, et le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia. En marge de sa visite, une dizaine d’industriels tunisiens, qui accompagnaient M. El Marzouki, ont manifesté leur disponibilité à construire avec l’Algérie une intégration économique basée sur l’investissement mutuel. Ces hommes d’affaires, représentant notamment les branches du textile, les technologies de l’information et de la communication et l’agroalimentaire, et dont certains sont déjà installés en Algérie, ont tenu une séance de travail avec des membres de la Chambre algérienne de commerce et de l’industrie (CACI).
La délégation tunisienne s’est entretenue aussi avec le Forum des chefs d’entreprise (FCE) et a été reçue par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohamed Benmeradi. Le président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), M. Tarak Chérif, a affirmé qu’il était « possible de créer une véritable dynamique économique entre les deux pays ». La visite du Président tunisien a été l’occasion de renforcer le dialogue et la concertation entre les deux pays et de raffermir les relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération, et d’examiner les moyens de les renforcer dans les différents domaines conformément aux aspirations des deux peuples, algérien et tunisien. Elle a été également une opportunité pour se concerter sur le processus de construction de l’UMA et les différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une importante dynamique, notamment depuis l’entrée en vigueur de l’accord commercial préférentiel, signé lors de la 17e session de la Haute commission mixte en 2008. Le volume des exportations algériennes vers la Tunisie a atteint 530 millions de dollars en 2011 alors que les importations algériennes en provenance de ce pays se sont élevées à 428 millions de dollars. Dans le secteur de l’énergie, l’Algérie couvre les besoins de la Tunisie en produits énergétiques à hauteur de 100%, en attendant que la ligne de raccordement électrique (haute tension) couvre les besoins de la Tunisie en électricité à partir d’El-Hadjar (Annaba). S’agissant des projets de partenariat bilatéral, 37 sociétés algériennes activent en Tunisie dans des domaines tels que les transports, l’industrie, les travaux publics, les infrastructures de base et les produits pharmaceutiques. La Tunisie compte, de son côté, 47 projets en Algérie, sous forme de partenariat ou d’investissements indirects.
Le Président Bouteflika offre un déjeuner en l’honneur du Président El Marzouki
Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a offert hier à la résidence d’Etat de Zéralda à Alger un déjeuner en l’honneur du Président tunisien, M. Mohamed Moncef El Marzouki. Les hauts responsables de l’Etat et des membres du gouvernement ont pris part à ce déjeuner. Auparavant, les Présidents Bouteflika et El Marzouki avaient eu des entretiens en tête-à-tête, élargis par la suite aux membres des deux délégations. Le Président tunisien était arrivé dimanche à Alger à la tête d’une importante délégation ministérielle dans le cadre d’une visite officielle de deux jours, à l’invitation du Président Bouteflika. Cette visite « s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue et de la concertation », et du « raffermissement des relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération » entre les deux pays. Elle constitue également une opportunité pour se concerter sur le processus de construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et les différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun.
Le Président El Marzouki reçoit M. Ziari…
Le Président tunisien, M. Mohamed Moncef El Marzouki, a reçu hier à Alger le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelaziz Ziari, venu lui rendre une visite de courtoisie.
… et M. Ouyahia
Le président tunisien, M. Mohamed Moncef El Marzouki, a reçu hier matin à Alger au siège de sa résidence le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, qui lui a rendu une visite de courtoisie. Le président tunisien était arrivé dimanche à Alger à la tête d’une importante délégation ministérielle dans le cadre d’une visite officielle de deux jours, à l’invitation du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Cette visite « s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue et de la concertation », et du « raffermissement des relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération » entre les deux pays.
AU COURS D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE
Le Président tunisien souhaite la tenue d’un sommet maghrébin en 2012
«L’aide de l’Algérie permettra à la Tunisie de revenir sur le devant de la scène.»
Les pays du Maghreb arabe sont appelés à «œuvrer graduellement pour jeter de nouveaux jalons sur la voie de la construction maghrébine.» M. El Marzouki promet non seulement un «procès équitable» à l’ex-président tunisien, mais aussi «une revendication légitime de la Tunisie à récupérer l’argent et les biens détournés par Ben Ali.»
«L’Algérie et la Tunisie doivent élever leur niveau de coopération, jusque-là sécuritaire, dans son ensemble.» C’est, en substance, ce qu’a déclaré, dimanche soir, le Président tunisien Moncef El Marzouki, lors d’une conférence de presse tenue à la résidence El Mithak. « On attend beaucoup de l’Algérie et, ensemble, les deux pays doivent œuvrer à des positions communes », fait-il savoir devant un parterre de journalistes.
Dans sa brève communication introductive, M. El Marzouki affirme que l’aide de l’Algérie permettra, à coup sûr, à « la Tunisie post-révolution de revenir sur la scène.» Voulant joindre l’acte à la parole, l’hôte de l’Algérie a clamé la réhabilitation de l’Union maghrébine arabe (UMA). A cela, il tient à tenir un sommet maghrébin dans le courant de l’année 2012. Et de faire savoir que les cinq dirigeants de la région ont donné leur accord. Quant au lieu de la rencontre, M. El Marzouki jette son dévolu sur « la Tunisie », et ce « après examen des dossiers par les Etats. » L’objectif est de donner à ce sommet « une véritable valeur et pour ne pas accabler nos peuples en convoquant des réunions pour la forme. » Et d’ajouter : « Il est impératif de sortir avec des résultats concrets. »
Confiant, le Président tunisien, arrivé dimanche matin à Alger pour une visite officielle de deux jours à la tête d’une importante délégation ministérielle, affirme que le sommet sera « sérieux. »
Et pour aboutir à sa démarche, l’orateur juge nécessaire « une nouvelle démarche, nouvelle mentalité et une nouvelle vision axée, notamment, sur la libre circulation dont nous sommes partisans. »
Sahara occidental : « Une question douloureuse »
Le menu de la visite sera riche, le Président El Marzouki n’a pas de doute. La question du Sahara occidental est, entre autres, l’une des priorités. De prime abord, le Président tunisien reconnaît qu’il s’agit d’une question « qui, d’une part, existe et qu’on ne peut ignorer et, de l’autre, douloureuse sur le plan humain. » La question sahraouie, enchaîne-t-il, « est posée actuellement au niveau de l’Organisation des Nations unies. » Dans ce même ordre d’idées, il souligne que les pays du Maghreb arabe sont appelés à « œuvrer graduellement pour jeter de nouveaux jalons sur la voie de la construction maghrébine. » Plus loin, M. El Marzouki dira qu’« une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procèdera alors au lancement de projets communs, un impératif pour l’instauration d’un climat psychologique susceptible d’ouvrir les canaux de communication et de connaissance à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles favorisant la résolution de ce conflit (Sahara occidental) de manière à préserver l’honneur ainsi que les intérêts communs de tous. »
Un procès équitable pour Ben Ali
Dans un autre contexte, le Président El Marzouki a expliqué le renvoi de l’ambassadeur de Syrie à Tunis. Pour lui, le diplomate syrien appartient à un régime qui a « perdu toute légitimité après avoir usé de la violence contre son peuple. » Quant à l’extradition du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, le Président tunisien a déclaré que « nous sollicitons nos frères en Arabie saoudite pour nous remettre ce criminel. Toutefois, nous ne ferons pas de cette demande une condition pour la continuité des relations entre nos deux pays. »
Et de promettre dans la foulée, non seulement un « procès équitable » à l’ex-président tunisien mais aussi « une revendication légitime de la Tunisie à récupérer l’argent et les biens détournés par Ben Ali. » Qu’en est-il du cas de l’ancien Premier ministre libyen, Mahmoudi El-Baghdadi, qui se trouve en Tunisie ? A cette question, le Président El Marzouki a indiqué que son pays ne procèdera pas à son extradition tant que la Libye ne dispose pas d’un système stable et d’une justice indépendante. » Enchaînant, il fera savoir que « l’honneur de la Tunisie nous empêche d’extrader cette personnalité, mais il sera, toutefois, renvoyé dans son pays une fois toutes les conditions réunies. »
Syrie : une solution politique
Abordant la crise syrienne qui prend une dimension alarmante, M. Mohamed Moncef El Marzouki a appelé à une solution politique « à peu près comme celle qui a été trouvée au Yémen, c’est-à-dire le départ d’un dictateur dont personne ne veut et qu’il y aura une transition à ce régime qui resterait en place. » Rappelons que le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, avait finalement signé en novembre à Ryadh un accord sur le transfert du pouvoir, en vertu duquel il demeure président à titre honorifique jusqu’à la présidentielle du 21 février. Le régime syrien, a ajouté M. El Marzouki, « resterait en place mais se transformerait progressivement et donnera enfin aux Syriens le droit de s’exprimer à travers des élections qui ne seront pas les farces qui ont été organisées par M. Bachar El-Assad et qui lui ont donné la présidence à vie après l’avoir donnée à son père.
Fouad IRNATENE