Algérie Transports : Taxis clandestins, un phénomène qui prend de l’ampleur

Algérie Transports : Taxis clandestins, un phénomène qui prend de l’ampleur

Le transport par taxi clandestin, observé ces dernières années à Bordj Bou-Arréridj, est un phénomène en perpétuel développement.

L’activité est tout à fait banalisée. Elle ne choque plus personne. Les stations improvisées par les “fraudeurs” sont partout dans les différents quartiers de la ville.

Ces rabatteurs rôdent également auprès des stations de taxis “réguliers”. Ni les réclamations, encore moins les pétitions en direction des autorités compétentes pour chasser ces intrus du secteur des transports publics, n’ont visiblement abouti.

Ils seraient de plus en plus nombreux à se lancer dans cette activité illégale. “Une plaie”, pour les taxis bordjis, agacés par cette concurrence déloyale qui s’exerce ces derniers temps sans se cacher.

À la limite de la provocation, les clandestins “racolent” les clients au nez et à la barbe des chauffeurs de taxi, souvent pour le même prix (la course à 50 DA).

À l’approche des heures de pointe, le nombre de taxis clandestins quadruple à Bordj Bou-Arréridj.

Les clandestins ne sont plus ceux d’avant, avec leur vieille Renault 5 déglinguée, qui tentaient de nourrir leurs enfants, mais plutôt des chauffeurs à bord de véhicules flambant neuf, qui s’affichent au vu et au su de tout le monde.

Contrairement aux titulaires d’un agrément de taxi qui utilisent des voitures anciennes, les “fraudeurs” roulent à bord de toutes les marques : Peugeot, Renault, Toyota, Nissan, Volkswagen, Mercedes, etc Le phénomène constitue une réponse au dysfonctionnement du système de transport public en commun.

Plusieurs facteurs expliquent le développement du transport informel.

En premier lieu, l’insuffisance, voire l’absence de moyens de locomotion en commun dans certaines zones de la ville.

Les opérateurs privés de transport en commun, refusent de desservir certaines zones de la ville sous prétexte que ces lignes ne sont pas rentables.

Les usagers de certaines lignes souffrent le martyre à cause du comportement des taxis qui, selon leurs dires, “arrêtent le service à partir de 17h en les laissant en rade, désemparés.

Au contraire, les clandestins sont disponibles à toute heure de la journée ou de la nuit”, précise un usager.

Cette situation a amené de nombreux usagers de la ligne que nous avons interrogés à nous dire que les taxis fraudeurs se révèlent d’un grand secours et constituent véritablement une bouée de sauvetage pour eux, dans la mesure où ils comblent les défaillances du transport régulier.

Ensuite, l’absence de contrôle et de sanction à l’encontre des rabatteurs. Il faut dire que n’importe qui peut s’improviser chauffeur de taxi clandestin à Bordj Bou-Arréridj.

Il suffit juste d’avoir un véhicule et proposer ses services dans des zones qui ne sont pas desservies par les moyens de transport appropriés et même dans les zones où les taxis réguliers activent.

Les “fraudeurs” n’opèrent plus dans la clandestinité. Chaque station de taxis réglementaire a une clandestine : gare routière de Bordj Bou-Arréridj, hôpital Bouzidi- Lakhdar, hôpital Belhoucine-Rachid (maternité), les 500-Logements, le marché couvert, les souks quotidiens, devant chaque banque, à la sortie des quartiers et bâtiments, juste en face du commissariat du 3e arrondissement, devant les bureaux de postes, etc.

Ils opèrent en toute impunité. Certains chauffeurs de taxi parlent de complicité et de mafia organisée, très puissante et difficile à combattre.

L’activité est tout bénéfice. Ceux qui l’exercent n’ont ni charges ni assurances à payer. Il leur suffit juste d’avoir quelques chose qui roule par rapport “aux chauffeurs de taxi qui, eux, nous dit-on, payent leurs impôts, l’assurance, la location de licence, les charges quotidiennes…”.

Cette situation est plus qu’inquiétante. Elle contribue à la faillite des professionnels, d’où la nécessité d’assainir le secteur.

En outre, le taxi représente sa ville tant par le chauffeur que par le véhicule. Pour cette raison, le service doit être impeccable.

Mais, il semble que les autorités n’ont pas encore compris que les clandestins offrent une image plus que négative de la ville de Bordj Bou-Arréridj.

Pour le moment, les autorités locales semblent fermer les yeux sur ce phénomène. Aucun plan de lutte contre le transport clandestin n’est mis en oeuvre.

Plus que jamais, ce type de transport informel a pris une dimension importante, au point que toute remise à niveau du secteur exige une stratégie adaptée, capable d’enrayer les inégalités entre les différentes zones de la ville responsables de l’émergence de ce phénomène.

CHABANE BOUARISSA