Aucun terroriste repenti n’a été indemnisé, selon le président de la Commission de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
« Aucun d’eux n’a reçu le moindre sou ou bénéficié de quelque privilège ni aide et encore moins d’une pension », a tenu à préciser Azzi Merouan lors d’une table ronde portant sur « le droit algérien face aux mutations économiques nationales et internationales », tenue au centre de presse d’El Moudjahid.
Interrogé, ce dernier a refusé de donner le nombre exact de terroristes repentis. Cependant, la société civile n’est pas près d’admettre de telles allégations.
« On voudrait bien le croire, mais force est de constater que ce qui prévaut sur le terrain contredis cette affirmation théorique », répliquera, de son côté Saïda Benhabilès ex-ministre et actuelle présidente de l’Association nationale des victimes du terrorisme.
« Personne n’ignore qu’un extôlier, que tout le monde connaît, possède depuis sa repentance, la moitié de la commune de Baraki, une localité périphérique de l’est d’Alger », ajoutera la représentante de la société civile, invitée à cette table ronde avant d’ajouter : « La personne en question, s’apprête même à ouvrir une usine ! »
A cette allure, « ces derniers pourraient bien réaliser leur objectif, c’est-à-dire prendre le pouvoir là où ils ont échoué par la violence des armes », conclut encore l’intervenante.
Toutefois, Mme Benhabylès explique cet état des lieux ambiant par un vide juridique en la matière.
La question « d’où tu as cette fortune ? » doit être réglée par la législation algérienne dans le cadre, justement de l’adaptation du droit national aux normes internationales.
« Qui dit droit international, dit économie mondiale », soulignera, de son côté M.Hocine Meghlaoui, ancien ambassadeur.
Dans ce sens, Benhabylès dira que la déclaration du patrimoine, comme préalable à toute création d’entreprise ou l’obligation de déclaration de l’origine des fonds sont d’une actualité pertinente si volonté il y a d’instaurer un Etat de droit.
C’est un mécanisme que le législateur algérien se doit d’intégrer dans le droit algérien pour lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption.
Il est de notoriété publique que l’argent provenant du racket, des attaques contre les bureaux de poste et agences bancaires, est blanchi dans l’immobilier et les fonds de commerce.
Par ailleurs, aussi bien à Boumerdès qu’à Jijel, Batna ou ailleurs, le citoyen lambda se pose des questions sur l’origine des fonds des ex-terroristes convertis dans l’affairisme.
Un ex-terroriste repenti s’est retrouvé propriétaire d’une fromagerie dans la région des Issers.
Un autre ayant pris le chemin du maquis après avoir subtilisé une importante somme d’argent de la poste alors qu’il était chef de service, est devenu, lui, entrepreneur. Les exemples ne manquent pas.
MOHAMED BOUFATAH