Entre 2007 et 2008, Algérie Télécom a dépensé 100 millions de dollars (7 milliards de dinars) en campagnes de publicité pour vanter ses produits et services dans le fixe et l’Internet. Des sommes qui n’ont pas été réglées à l’ANEP, la régie publicitaire publique. L’opérateur historique est en effet confronté à une situation financière difficile et le paiement des créances liées à la publicité sont loin de constituer une priorité pour son management surtout que ces dépenses ont été engagées par ses prédécesseurs.
Certes, dans un univers concurrentiel comme les télécommunications, il est tout à fait normal qu’une entreprise communique pour faire connaître ses produits. Les opérateurs mobiles Mobilis, Nedjma et Djezzy le font, avec des budgets importants. Personne n’osera contester ces dépenses : la publicité et la qualité de service constituent des dépenses sur lesquelles les opérateurs mobiles peuvent difficilement faire des économies au risque de perdre des parts de marché.
Mais dans le cas d’Algérie, ces dépenses publicitaires sont tout simplement injustifiées, voire scandaleuses.
Pourquoi? Algérie Télécom est l’unique opérateur de téléphonie fixe en Algérie, surtout après la dissolution de Lacom. Il possède un monopole totale dans ce secteur. Et les Algériens le savent : en plus de la mauvaise qualité de service dans le fixe et l’Internet – absence d’une continuité de service-, avoir une ligne téléphonique ou ADSL n’est pas une chose facile. Ces deux « produits » sont difficile à trouver. Il est inutile de parler de l’absence totale de la téléphonie fixe dans les zones rurales.
Pourquoi alors dépenser 100 millions de dollars pour faire connaître des produits pour lesquels il existe une très forte demande à laquelle l’opérateur peine déjà à répondre correctement? Les anciens managers d’Algérie Télécom ont sans doute la réponse à cette question. Mais cette affaire illustre la dilapidation des biens publics par des « managers » sans scrupules aux compétences douteuses.